Expo Ailleurs : Sophie Hong, Des feuilles du mûrier le temps fait des robes de soie… - La Piscine de Roubaix - Jusqu'au 31 mai 2020 (à confirmer)



Dans un joli retour aux sources textiles de sa vocation, La Piscine de Roubaix présente le travail de la styliste taiwanaise Sophie Hong. A travers une exposition protéiforme au nom poétique, emprunté à un proverbe chinois, "Des feuilles du mûrier le temps fait des robes de soie…" la créatrice de mode se révèle dans toute la diversité de son talent, artiste, céramiste, sculptrice, peintre et éditrice. Sophie Hong a développé une philosophie du vêtement en prise directe avec l’émotion, celle du concepteur et celle de celui qui est amené à porter cet habit. Dans cette perception intime de l’habit, la matière revêt une importance toute particulière. Texture remarquable, les éléments couture s’adaptent au style de vie contemporain. Chez Sophie Hong, la fonction quotidienne du vêtement répond à la nécessité du confort sans renoncer ni à l’élégance ni au raffinement. Entre versatilité et subtilité, son style épuré puise aux origines de la tradition chinoise croisée avec la modernité la plus absolue. La styliste qui habille indifféremment hommes et femmes, a séduit de nombreux artistes, acteurs, musiciens, danseurs. Les créations de Sophie Hong sont exposées au Palais Galliera, dans les musées et les galeries du monde entier.











Sophie Hong, qui vit entre Taïwan et Paris, a acquis le statut d’ambassadrice culturelle. Chevalier de l’Ordre du Mérite, elle dirige à Taipei la librairie française Le Pigeonnier depuis le décès de sa fondatrice, Françoise Zylberberg. Dans son espace parisien du Palais Royal, la créatrice laisse s’exprimer ses convictions. Par le biais des processus de confection, elle affirme son attachement aux causes environnementales et questionne la responsabilité de l’industrie de la mode dans la protection de la nature. 

Dès sa prime jeunesse, Sophie Hong a développé une passion singulière pour les vêtements ainsi qu’un goût pour toutes les formes d’expression artistique. Cette vocation précoce l’a conduite à suivre des formations au sein des plus grandes institutions, Bunka Fashion College à Tokyo, Fashion Institute of Technology à New York, Chambre syndicale de la couture à Paris. Sophie Hong s’inspire du costume traditionnel chinois qu’elle fusionne avec la forme de modernité prise par l’habit occidental. Lignes pures, élégance androgyne, elle affirme son identité et célèbre ses racines par le biais de modèles intemporels. Rebelle au système, Sophie Hong a fait le choix de se détacher de la saisonnalité frénétique imposée par le monde de la mode. 











L’aspect inimitable de la soie selon Sophie Hong, célèbre le renouveau de la soie Xiangyun. Par sa pratique réinventée de ce textile, la créatrice participe à la renaissance d’un artisanat ancestral. Le tissu employé dans ses ateliers est le fruit d’un long travail de préparation. Les méthodes de tissage sur trame confèrent à cette soie un caractère unique. A ses débuts, Sophie Hong recherche une soie teinte idéale, inspirée par les costumes traditionnels. Elle prend connaissance d’une technique quasiment disparue de teinture naturelle végétale à base de pigments kuru, un héritage perdu qu’elle va réinventer. Par son travail d’expérimentation empirique, Sophie Hong retrouve les gestes de ce savoir-faire disparu et adapte aux exigences contemporaines. 

Les rouleaux de soie sont teints de manière naturelle. Chaque pièce est traitée de manière individuelle qui confère à l’artisanat d’art. Les panneaux de soie sont plongés dans une trentaine de bains successifs, décoctions végétales variables, avant d’être étendus sur les sols de glaise ferrugineuse afin de favoriser des formes d’oxydation particulière.  Ils sont ensuite séchés au soleil de trois à six mois. Le processus aléatoire invite le hasard des forces telluriques à l’oeuvre et de la lumière naturelle. Il confère à la matière une texture remarquable, une finesse rare.











Le procédé de création de la « Hong Silk » convoque les éléments de la nature. Toutes les étapes sont essentielles et donnent naissance à des textiles fascinants. Les soies laquées réversibles deviennent sous les doigts de Sophie Hong de sublimes vestes double-face. La soie acquiert des aspects à effet patiné, velouté, rêche tout en conservant la légèreté de la matière qui donne une allure unique à de longs manteaux, des robes aériennes et des tuniques flottantes. En quête d’équilibre, de nuance, la créatrice met en scène tout en discrétion un sens du détail exceptionnel, boutons précieux, ganses raffinées, broderies et motifs. La simplicité des lignes assume une modernité radicale. Au quotidien, les pièces portables s’affirment dans leur fonctionnalité. Les jeux de coupes et de volumes titillent l’œil, endroit/ envers, épaisseurs des superpositions, plis.

A la Piscine de Roubaix, l’exposition consacrée au travail de Sophie Hong fait dialoguer les différentes formes d’expression pratiquées par la créatrice. Installations, sculptures sur support multimédia, bijoux, céramiques et vêtements semblent procéder d’une même esthétique personnelle où matière, forme, design et couleur entrent en symbiose. Divin !

Sophie Hong : Des feuilles de mûrier le temps fait des robes de soie…
Jusqu’au 31 mai 2020

La Piscine - Musée d'art et d'industrie André Diligent de Roubaix
23 rue de l’Espérance - 59100 Roubaix
Tél : 03 20 69 23 60
Horaires : du mardi au jeudi de 11h à 18h, le vendredi de 11h à 20h, le samedi et le dimanche de 13h à 18h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.