Paris : Fontaine des Quatre Parties du Monde dite aussi fontaine de l'Observatoire - VIème



La fontaine des Quatre Parties du Monde dite aussi fontaine de l’Observatoire est l’une des plus célèbres et des plus belles de Paris. Cœur du jardin des Grands Explorateurs Marco Polo et Cavelier-de-la-Salle, le long de l’avenue de l’Observatoire, tout au bout du jardin du Luxembourg, elle frappe par sa beauté plastique évidente, son homogénéité, sa puissance symbolique et son dynamisme. L’énergie de l’eau ajoute aux effets suggérant le mouvement du groupe principal, quatre figures allégoriques qui semblent danser autour d’un d’une sphère tenue à bout de bras. Cet ensemble de Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) intitulé Les Quatre Parties du Monde soutenant le globe céleste a donné son nom à la fontaine. Oeuvre collective réunissant en son sein les talents outre de Carpeaux, d’Emmanuel Frémiet ou d’Eugène Legrain, elle est ornée de sculptures au style d’une grande modernité pour l’époque. Lors de son inauguration en 1874, la fontaine suscitera une forte contestation. Inscrite au titre des Monuments historiques, depuis 1926, la fontaine des Quatre Parties du Monde fait désormais l’unanimité. 









Dès 1867, l’architecte Gabriel Davioud, collaborateur de longue date du baron Haussmann qui réalisait déjà en 1860 la fontaine Saint Michel, est chargé de la conception d’une fontaine destinée à l’extrémité méridionale du jardin du Luxembourg. Il fixe le programme. Elle devra représenter les points cardinaux. Mais la guerre contre la Prusse repousse le projet. 

Le groupe principal, "Les Quatre Parties du Monde soutenant le globe céleste" est acheté par l’Etat en 1872 afin d’orner cette fontaine. A rebours du style néo-classique alors très en vogue, le plâtre présenté par Jean-Baptiste Carpeaux au Salon rencontre l’incompréhension. Boudé par le public, le sculpteur a déjà fait scandale avec La Danse au fronton du Palais Garnier. Il poursuit à travers cette nouvelle création une étude du mouvement, quête d’une vie.

Les quatre personnages représentent quatre continents. L’Afrique s’incarne sous les traits d’une femme noire, l’Amérique d’une Amérindienne, l’Asie d’une Chinoise, l’Europe d’une femme blanche. Afin de respecter l’équilibre général et la commande initiale qui portait plutôt sur les points cardinaux, le sculpteur choisit d’omettre l’Océanie. 










Les quatre allégories semblent danser autour du globe, chacune dans une posture différente, de face, de trois-quarts, de profil, de dos, qui accentue l’impression de mouvement. La figure représentant l’Afrique deviendra également un buste l’une des œuvres les plus célèbres de Carpeaux, Pourquoi naître esclave ?. Les motifs de la fontaine font également mention de l’abolition de l’esclavage. A la cheville de l’Afrique, se brise une chaîne sur laquelle l’Amérique pose le pied. La figure représentant l’Asie de Chinoise deviendra Chinois pour un buste édité en différent matériaux. Les femmes soutiennent une sphère armillaire qui modélise la sphère céleste, astrolabe imaginé par le sculpteur Eugène Legrain (1837-1915) et décoré de signes du zodiaque.  

Huit chevaux marins, huit tortues et quatre dauphins, œuvres d’Emmanuel Frémiet (1824-1910), complètent l’ensemble avec panache. Neveu de François Rude (1784-1855) qui fût aussi le maître de Carpeaux, auteur notamment de la fresque qui orne l’arc de triomphe de l’Etoile, Le départ des volontaires de 1792 ou La Marseillaise, Frémiet est plus connu pour ses sujets animaliers. Mais sa réalisation la plus célèbre est très certainement le Monument à Jeanne d'Arc à Paris. L’ornemaniste Louis Villeminot (1826-1914) compose les guirlandes florales autour du piédestal.









Le détail de la facture qui s’élève à 200 000 francs précise la répartition du budget avec un montant de 60 000 francs destinés à la fonderie d’art Matifat qui coule les bronzes en 1873 avant qu’ils soient placés sur la fontaine en 1874, 25 000 francs dévolus à Carpeaux et 24 000 francs à Frémiet. 

Fontaine des Quatre Parties du Monde 
Jardin des Grands Explorateurs Marco Polo et Cavelier-de-la-Salle 
Avenue de l’Observatoire - Paris 6



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Paris de fontaine en fontaine - Jacques Barozzi - Parigramme
Le guide du promeneur 6è arrondissement - Bertrand Dreyfuss - Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - Sous la direction de Jean-Marie Pérouse - Hachette

Sites référents