Théâtre : Jean-Louis XIV, de Nicolas Lumbreras - Avec Constance Carrelet, Serge Da Silva, Emmanuelle Bougerol - Théâtre des Béliers Parisiens



En 1666, Louis XIV fait la connaissance à Versailles de la marquise de Montespan dont il s’éprend follement. Fureur de la royale épouse Marie Thérèse d’Autriche dont le caractère ombrageux s’exaspère des petites lâchetés et grandes infidélités du monarque. Le roi chaud lapin multiplie les conquêtes mais est terrifié par les colères de sa femme. Afin d’échapper à la surveillance de cette mégère, il prétexte une visite à la tante Régine mourante pour rejoindre la favorite, au Joyeux Breton une auberge chaudement recommandée par le frère du roi, Monsieur Philippe. La taverne se révèle rapidement rendez-vous interlope des homosexuels en quête de rencontres discrètes. A la cour, d’ambitieux courtisans désireux de se faire bien voir de la reine s’improvisent nid d’espions et l’avertissent. Ensemble, ils se lancent aux trousses du couple adultère.







Comédie musicale burlesque, satire historique déjantée, cette relecture iconoclaste du roman national déploie toute la force comique d’une pochade réjouissante. Auteur, metteur en scène, compositeur des chansons, pianiste et interprète de nombreux personnages, Nicolas Lumbreras détourne l’histoire de France au profit d’un rire sincère, d’une farce pas bégueule. Les péripéties volages du Roi Soleil, devenu sous sa plume un coureur de jupons grotesque, petit souverain veule, impie et obsédé prennent des allures de vaudeville énergique au potentiel hilarant détonant. 

Ce spectacle de troupe joliment porté par des interprètes qui dansent, chantent et jouent la comédie avec un égal talent, tient quelques chansons irrésistibles de cocasserie. Toute en musique, accompagnée au piano sur scène par Nicolas Lumbreras, la grande parodie repose sur l’inventivité du travail d’écriture. Le texte au cordeau mêle avec un même entrain les clins d’œil aux classiques et les gauloiseries déjantées, les jeux de mots savoureux et les anachronismes piquants. Au rythme échevelé d’une mécanique bien huilée, entre trouvailles de mise en scène et décors astucieux de Juliette Azzopardi, le récit galope sans un temps de repos.




Les comédiens servent avec panache une galerie de personnages loufoques, enveloppés dans les beaux costumes de Chloé Boutry et coiffés des perruques imaginées par Irina Dyakonova. Délicieux, Serge Da Silva prête ses traits à Louis XIV, petit roi trivial, très lâche et très obsédé, aussi capricieux qu’inconséquent. Emmanuelle Bougerol, Marie Thérèse d’Autriche, accent espagnol à couper au couteau, est irrésistible en épouse outragée. Constance Carrelet qui interprète Madame de Montespan est exquise. Benjamin Gauthier dans le rôle de l’aubergiste maniéré et Benoît Moret en bourreau bavarois emportent tous les suffrages. Nicolas Lumbreras quant à lui s’est réservé le rôle de Dieu, accent pied-noir et nuage pétaradant façon mobylette kitée, tout simplement hilarant.  

Comédie de boulevard à la vitalité folle, Jean-Louis XIV prend le public aux rets de cette cocasserie savoureuse, forme de burlesque jusqu’au-boutiste devant laquelle il serait dommage de jouer les effarouchés, de bouder son plaisir. Drôlissime et tonitruant !

Jean- Louis XIV
Ecrit et mis scène par Nicolas Lumbreras
Avec Emmanuelle Bougerol ou Barbara Bolotner, Constance Carrelet, Serge Da Silva, Benjamin Gauthier ou Yann de Monterno, Nicolas Lumbreras, Benoît Moret ou Pierre Benezit

Du mardi au samedi à 21h00, le dimanche à 15h00
Jusqu’au 31 août 2019

Théâtre des Béliers Parisiens
14 bis rue Sainte Isaure - Paris 18
Tél : 01 42 62 35 00



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.