Paris : Aux travailleurs chinois pendant la Première Guerre Mondiale, une oeuvre du sculpteur Li Xiaochao - XIIème



Aux travailleurs chinois pendant la Première Guerre Mondiale, une oeuvre du sculpteur Li Xiaochao datée du 25 juillet 2018, a été inaugurée sur le parvis de la gare de Lyon le 20 septembre 2018 dans le cadre des commémorations de l’armistice de 1918. Ce bronze rend un hommage tardif aux ouvriers chinois engagés auprès de la France au cours du premier conflit mondial. Il a été offert à la SNCF Gares et Connexions par l’Association Les amis de Wu Jianmin - figure de la diplomatie chinoise, interprète de Mao, ancien ambassadeur en France, membre de la première délégation chinoise à l’ONU, disparu en 2016 - et la province de Shandong. Diplômé de l’Ecole des Beaux-arts de Beijing, Li Xiaochao a acquis une reconnaissance internationale par son travail sur la représentation du monde paysan chinois, la mémoire d’une société disparue celle des villages traditionnels. A travers cette oeuvre, il convoque la mémoire de l’histoire commune sous une forme plastique réaliste, un message d’unité pour envisager un avenir ensemble.









Haut de 2,57 mètres, large de 1,25, ce bronze célèbre l’engagement des ouvriers chinois venus aider la France et la Grande-Bretagne durant la guerre, et débarqués en Europe entre août 1916 et février 1918. La statue représente un travailleur lors de son arrivée à la gare de Lyon après l’éprouvant voyage depuis la Chine et un passage dans le port de Marseille. Cette traversée de l’Océan indien, le Canal de Suez, la Méditerranée, et l’Océan Atlantique dure alors trois mois en mer sous la menace des sous-marins allemands.  En février 1917, le paquebot Athos est torpillé et 543 travailleurs chinois perdent la vie dans ce naufrage. En tout 140 000 ouvriers, « les Travailleurs Célestes », rejoindront les côtes européennes, 40 000 en France et 100 000 en Angleterre. Officiellement civils volontaires, souvent paysans sans terre, ils sont originaires en grande majorité de la province de Shandong mais aussi de Hebei et Zhejiang.

Afin de combler le manque de main d’oeuvre masculine, l’Etat français propose à ces hommes un contrat de 5 ans afin à l’origine de travailler dans les usines, les champs, les mines. S’ils sont mandés pour soutenir l’effort de guerre, ils ne doivent pas être exposés aux dangers du front. Leurs premières affectations sont donc civiles : ouvriers chez Renault, mineurs dans la Nièvre, dockers au port de la Seyne-sur-Mer. Rapidement, ils occupent des postes dans les usines d’armement et de là, ils sont progressivement embauchés pour aider directement les armées française et britannique sur le terrain.  









A partir de 1915, le conflit devient guerre de position. Outre l’entretien du matériel, les travailleurs chinois se retrouvent à creuser les tranchées de la Marne, ramasser les blessés et les corps des soldats tués. 20 000 Chinois trouvent la mort, victimes des conditions de travail, de l’épuisement, des maladies, du gazage dans les tranchées, des bombardements, ou même fusillés en cas de tentative d’évasion. L’armistice du 11 novembre 1918 ne marque pourtant pas la fin du contrat avec la France. Ces ouvriers travaillent à la reconstruction d’après-guerre. Lorsque la tâche est bien engagée, la majorité rentrent en Chine, les derniers retours se feront en 1922. Néanmoins, 3 000 d’entre eux choisissent de demeurer dans l'Hexagone et nombreux rejoignent l’îlot Chalon à deux pas de la gare de Lyon, première communauté chinoise à Paris.

Dans un acte de reconnaissance émouvant, l’oeuvre figurative de Li Xiaochao honore des hommes oubliés par l’histoire, salue leur courage et leur engagement.

Aux travailleurs chinois pendant la Première Guerre Mondiale - Li Xiaochao
Parvis de la gare de Lyon - Paris 12



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.