Paris : La Montmartroise, une sculpture de Théophile Camel - square Carpeaux - XVIIIème



La Montmartroise, une statue signée Théophile Camel (1863-1911), a été installée en 1907 dans le nommé en hommage Jean-Baptiste Carpeaux (1827-1875) sculpteur et peintre. Né à Toulouse et devenu artiste de la Butte Montmartre, Camel s’est très largement inspiré dans son oeuvre des anonymes croisés dans la rue, muses et modèles rencontrées au hasard. L’élégante Montmartroise du square Carpeaux fait partie de ces figures allégoriques du Paris populaire mises en place à travers la ville au début du XXème siècle, avant la Première Guerre Mondiale. La Grisette 1900, ici, appartient également à ce groupe d’oeuvres. Toilette simple et soignée, à la mode de 1900, taille marquée, étole sur les épaules, un tambour sur le côté, la Montmartroise, victime des aléas, a vu disparaître sa main délicatement posée sur une hanche. Parmi les éléments de la composition se retrouvent des symboles du quartier, sur le tambour se distingue encore un moulin à demi effacé par le temps, la palette du peintre et ses pinceaux. Des grappes de roses et un angelot accroché à son châle viennent parer la jeune femme de charmes supplémentaires.











La Montmartroise de Théophile Camel a été présentée au Salon des artistes français en 1906 où elle a fait forte impression. « Cette œuvre très remarquée au Salon dernier, personnifie bien la jeune Montmartroise, élégante et vive, de plaisir, de fleurs, d’amour et d’art […] M. Bernard, remplaçant du préfet de la Seine, prononce un discours fréquemment interrompu par les applaudissements. Il dit notamment : « La pimpante Montmartroise du statuaire Camel écoutera passer dans la brise la chanson de ses sœurs rieuses, qui, pareilles à des muses un peu folles, ne cessent d’attirer les artistes vers la colline où les moulins à vent ne tournent plus ».


Circa 1910
Circa 1910


Circa 1910
Circa 1910























Au début du XXème siècle, l’idée de la personnification de la Parisienne dans la statuaire publique notamment prend son essor. Sujet de prédilection d’une littérature légère, modistes, lingères, couturières, aux maigres revenus et aux conditions de travail très dures, d’origines modestes, elles vivent dans les faubourgs de la ville. Lorsqu’elles sortent de l’atelier, elles s’installent dans les jardins de Paris. Et s’adonnent parfois à la prostitution auprès des bourgeois pansus. On croise les grisettes au Luxembourg en compagnie des étudiants à la fin du XIXème siècle, les midinettes, font dinette le midi aux Tuileries, à la Belle Epoque.







Figures féminines issu d’un Paris laborieux, appréciées des caricaturistes et des littérateurs, ces héroïnes littéraires deviennent aussi sujet de création pour les peintres ou les sculpteurs. En devenant des œuvres d’art publiques, ces archétypes nous parlent de la mise en scène des femmes dans la ville, de la représentation du corps décoratif allégorique mais également de la dimension politique que sous-entend la manifestation du corps ouvrier avec le développement des idées socialistes et la recherche d’une forme de réalisme.

La Montmartroise 
Square Carpeaux - Paris 18



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
L’invention de Paris - Eric Hazan - Editions du Seuil
Le nouveau guide des statues de Paris - Kjellberg Pierre
À l'ombre des jeunes filles en pierre. Des ouvrières dans les jardins parisiens - Anne Monjaret - Dans Ethnologie française 2012/3 (Vol. 42), pages 503 à 515

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