Ailleurs : Les Rubans Ephémères de Patrick Hourcade s'invitent dans les jardins du château de Vaux-le-Vicomte



Les jardins à la française du château de Vaux-le-Vicomte ont connu récemment un désastre écologique qui a bouleversé durablement cette création paysagère patrimoniale en détruisant les 3/4 des buis iconiques. Privés de leurs arabesques végétales, les boulingrins situés en face du château, au Sud, ont vécu un changement inédit. La famille de Vogüé, propriétaire du domaine, a choisi de procéder à leur remplacement provisoire, le temps de trouver une solution pérenne afin d’assurer la santé des buis. A la suite d'un appel à candidature, paysagistes, artistes, designers ont proposé des projets d’oeuvres éphémères afin d’orner les deux parterres diminués. Patrick Fourcade, directeur artistique, photographe, designer et plasticien, multiples facettes d’une même vocation créative, a été choisi afin de mettre en place ses Rubans éphémères, longues volutes métalliques qui suivent l’exact tracé épuré des buis disparus. Cette oeuvre particulière respecte l’idée fondatrice des jardins imaginés par Le Nôtre, celle des perspectives idéales. L'art contemporain entre avec panache à Vaux-le-Vicomte !










Nicolas Fouquet (1615-1680), surintendant des Finances de Louis XIV, a fait appel aux plus grands talents de son temps, afin d’édifier le château de Vaux-le-Vicomte, son trésor et la raison de sa chute. De 1658 à 1661, il réunit autour de son grandiose projet l'architecte Louis Le Vau, premier architecte du roi (1656), le peintre Charles Le Brun, fondateur de l'Académie de peinture (1648), le paysagiste André Le Nôtre, contrôleur général des bâtiments du roi (1657) et le maître-maçon Michel Villedo. 

Les jardins dessinés par André Le Nôtre, visionnaire en son temps, sont à eux seuls l’oeuvre paysagère fondatrice du jardin à la française. Leur histoire tricentenaire a connu dernièrement un revirement inédit. Depuis 2010, les parterres de buis centenaires étaient fragilisés par deux champignons favorisés par les hivers doux. Deux attaques de pyrales, un papillon dont la chenille est particulièrement vorace, en 2016 et 2017 ont eu raison de 70% des buis du parterre des boulingrins, plantés par Achille Duchêne en 1923. Entre les deux guerres, ce paysagiste de talent avait été chargé de rénover les parterres laissés à l’abandon pendant des décennies. En quête des tracés originaux établis par André Le Nôtre au XVIIème siècle, il a puisé son inspiration dans un vaste travail de documentation pour créer les arabesques de la broderie végétale faisant face au château. 










Si l’arrache des buis en février et mars 2019 a été un crève-cœur, cette catastrophe écologique sera l’occasion d’ici 2024 de mener à bien différentes opérations d’envergure. Des fouilles archéologiques seront menées par Anne Allimant-Verdillon, spécialiste d’André Le Nôtre afin de retrouver le dessin exact du jardin imaginé par Le Nôtre. Une étude des sols, et un terrassement, ainsi que l’installation d’un système d’arrosage automatique permettront de mieux comprendre et de mieux gérer l’environnement naturel avant la restauration définitive des parterres. 

A travers les Rubans éphémères, Patrick Hourcade réinterprète les parterres avec élégance. L’héritage patrimoine paysager, plus qu’une contrainte, devient une source d’inspiration. Créée et mise en place par l’agence Décoral, l’oeuvre est composée de 390 plaques inclinées de dibond, un composite d’aluminium particulièrement robuste. Façonnées dans une fabrique de la Marne, chacune est unique. Le matériau utilisé réfléchit les variations de la lumière au fil de la journée, des saisons. Ainsi les Rubans éphémères font écho aux plans d’eau des jardins. Chaque parterre se déploie sur 110 mètres de long et 22 mètres de large.








Vue et perspective des jardins de Vaux-le-Vicomte par Pérelle 


Officiellement inaugurée le 29 juin 2019, l’oeuvre a pris place dans les jardins pour une durée de deux à cinq ans selon les solutions pérennes apportées par les spécialistes pour redonner leurs buis aux boulingrins et tout son lustre à cette broderie verte.

Rubans éphémères, Patrick Hourcade 
Jardins du château de Vaux-le-Vicomte

Château de Vaux-le-Vicomte
Route départementale 215
77950 Maincy 
Horaires : Ouvert tous les jours de 10h à 19h
Tarifs : de 11 euros à 16,90 euros, parcours sonore immersif inclus

Comment s'y rendre ? 
- En train : Paris Gare de l'Est direction Provins, arrêt Verneuil l'Etang puis navettes jusqu'au château (20mn)
Attention : travaux sur la ligne certains weekends (20, 21 et 22 avril, 27 et 28 avril, 13 et 14 juillet, du 15 au 18 août). Verneuil l’étang ne sera donc pas desservi durant ces 4 weekends. Dans ce cas, il faut prendre le RER jusqu'à Melun. Une navette sera mise en place entre Melun et le Château. (départ devant le Café de la Gare, Avenue Gallieni)
Horaires navettes : 10h25, 11h25, 12h25, 14h25, 15h25. Uniquement le soir des soirées aux chandelles, navettes à 16h25, 18h25, 19h25



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.