Paris : Vertebrata, une oeuvre de Quentin Garel, curieux vestiges d'un cétacé imaginaire - Jardin des Plantes - Vème



Vertebrata, oeuvre en fonte de fer, imaginée en 2016 par l’artiste français Quentin Garel figure une vertèbre de baleine aux mensurations hors normes. Installée sur l’esplanade du Muséum national d’Histoire naturelle à l’occasion de l’exposition organisée en 2016 sous le titre le Magicien d’os, cette sculpture semble établie de manière plus pérenne. Le plasticien s’est penché sur l’idée de confrontation et de dialogue entre ses propres projections fantasmatiques, bestiaire onirique surdimensionné et la réalité des squelettes de l’institut eux aussi monumentaux. Cet ensemble d’œuvres suggère un croisement interdisciplinaire et lance des passerelles entre art et science. La mise en scène au cœur même du Muséum met en exergue la recherche plastique d’une corrélation, d’une évidence.








Né en 1975, Quentin Garel, diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris en 1998 est un ancien résident de la Casa Velasquez à Madrid. Cet artiste fantasque a développé dès l’enfance une fascination pour l’histoire naturelle et les oiseaux en particulier. Leur squelette, véritable architecture qui leur permet de voler est une source d’inspiration puissante. La symbolique des trophées de chasse a beaucoup marqué le vocabulaire plastique de ses oeuvres de jeunesse en introduisant la notion de rapport entre l’homme et l’animal ainsi que la dimension sociologique de la représentation de ce dernier. De variations en déclinaisons, le sens de son travail a glissé peu à peu vers un nouveau discours, une nouvelle expérience formelle. Vertebrata appartient à la série des vestiges paléontologiques qui marque un intérêt croissant pour l’idée d’évolution, où la relation complexe entre bêtes et humains soulève une interrogation plus vaste, celle de la place de l’homme dans le monde animal.







En 2016, l’exposition Magicien d’os a proposé un jeu de piste dans les galeries d’anatomie comparée et de paléontologie du Muséum national d’Histoire naturelle. Parmi les collections du musée, accumulation d’os de vertèbres de crânes, les neuf pièces réalisées Quentin Garel ont joué à cache-cache avec les 650 squelettes originaux le temps de l'événement.

Ces créations particulières ont interpellé les visiteurs par leur réalisme décalé et par certaines singularités fortes, leurs difformités discrètes et leurs dimensions improbables. Trois autres sculptures ont trouvé place dans les jardins. Les noms poétiques des œuvres s’inspirent des spécimens exposés dans les galeries de l’institut. Quentin Garel a imaginé des pièces énigmatiques troublantes. Ces créatures n’ayant jamais existé, vanités pas morbides, questionnent la pratique de la sculpture animalière classique.





Par le biais de curieux changements d’échelle, les œuvres de Quentin Garel suscitent la surprise. Le crâne de chat de 40kg et celui de flamand rose de 4 mètres de long prennent une dimension totémique, délicatesse des courbes, vertige de l’insolite, flou des frontières entre réalité et fiction. Influencé par l’esthétique de la sculpture africaine, les masques, les fétiches, Quentin Garel aborde le façonnage du bois avec une vision précise. La découpe à la tronçonneuse d’éléments d'essences variées fait place à un minutieux travail d’assemblage, agrégat de formes. La dimension artisanale du processus exalte le corps en mouvement.

Par le choix des matériaux, les variations de texture, les ossements se font plus ou moins réalistes. La patine au feu et au cirage vient parfaire l’illusion. Après le bois et la céramique,  l'évolution naturelle vers le bronze et le fer permet à l’artiste d’aborder des dimensions encore plus monumentales et de prolonger sa démarche en projetant ses œuvres dans l’espace public à ciel ouvert.

Vertebrata, de Quentin Garel
Jardin des Plantes - Paris 5

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Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.