Théâtre : Adieu Ferdinand ! de et avec Philippe Caubère - Athénée Théâtre Louis-Jouvet - Paris 9



Débutée par La Danse du Diable en 1981, la saga de Ferdinand Faure trouve son épilogue dans ces deux soirées en trois contes imaginés et interprétés par Philippe Caubère. Le premier soir, intitulé Clémence, débute par La Baleine. Jeune marié soixante-huitard, Ferdinand est en plein émoi. Il vient de tromper sa femme Clémence, comédienne comme lui dans la troupe du Théâtre du Soleil. Et si les adultères répétés de Clémence ont été beaucoup racontés, c'est la première fois que Ferdinand fait écho de ses propres galéjades. Dans le second volet de la soirée, Ferdinand est en plein naufrage personnel après sa rupture avec le Théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine et les éprouvantes représentations de Lorenzaccio au Festival d'Avignon. Clémence et son frère décident de lui changer les idées en le convaincant de rejoindre le célèbre camp de naturistes de Montalivet, sorte de cauchemar en plein air où seul Proust pourra le sauver. Lors de la deuxième soirée, Le Casino de Namur, Ferdinand dîne en Belgique dans la famille de Jean-Marie, compagnon du Théâtre du Soleil. Portés sur la boisson et les scènes publiques d'une monstruosité jubilatoire, ces bourgeois cultivateurs de betteraves qui refusent la vocation théâtrale leur enfant, règlent leur compte en grand.






Revisitant sa propre vie sur scène, Philippe Caubère en a fait un feuilleton picaresque, une chronique burlesque haute en couleurs. Le spectateur ne se pose jamais la question de la mauvaise foi, des mystifications et autres affabulations mêlées à la réalité. Poétique fantaisiste, Caubère invite à ses côtés Proust, Musset, Chaplin, convoque l'esprit de Céline et de Molière. 

Seul sur scène, plateau nu, à peine une chaise pour accessoire, un plaid, cet artiste intense se raconte depuis presque quarante ans dans une autobiographie théâtrale, retraversant toutes les incarnations des âges d'homme. Cette épopée du quotidien, d'une poésie folle, débridée, révèle flamboyance, misères et splendeur, petites médiocrités et cruautés ordinaires d'une existence, ses idéaux trahis, ses illusions perdues, ses rêves impossibles.




A la fois joie renouvelée de retrouver Ferdinand, le double, l'alter égo de Philippe Caubère, se mêle celle de revoir le petit frère, les copains Bruno, Max, Jean-Pierre. A travers sa propre évolution, revendiquant une certaine nostalgie, il dresse le portrait d'une époque, des années 1950 à la fin des années 1970, croquant mutation et similitudes intemporelle de la société. Verbe haut, langue chantante, verve jubilatoire, le comédien, naïveté verte et cautèle affûtée, a fait de sa vie une aventure excentrique, sentimentale en onze spectacles auxquels s'ajoutent ces deux soirées.

Entre rire, mauvaise foi, insolence, Philippe Caubère est magnifique. Précis dans sa frénésie, son énergie communicative, il incarne avec virtuosité tous les rôles, les nuances de chaque personnage. Par le biais de cette représentation théâtrale qui met en scène sa propre destinée, Philippe Caubère raconte l'expérience commune de la condition humaine. Caubère, à la folie !

Adieu Ferdinand ! de et avec Philippe Caubère
Du Samedi 2 décembre 2017 au Dimanche 14 janvier 2018 
Le mardi à 19h, du mercredi au samedi à 20h, le dimanche à 16h
Clémence (La Baleine et Le Camp naturiste) et Le Casino de Namur, en alternance dans la grande salle

Athénée Théâtre Louis-Jouvet
7 Rue Boudreau - Paris 9
Tél : 01 53 05 19 19



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.