Spectacle : Je parle toute seule - Blanche Gardin à L'Européen et au Trianon pour deux dates exceptionnelles



Immobile derrière son micro, allure de jeune femme sage, Blanche Gardin donne le ton dès le début de son spectacle. Florilège de réflexions existentielles sur l'absurdité de nos vies, elle incarne un personnage de trentenaire presque quadra désabusée, dépressive, revenue de tout, sorte de double autofictionnel. Sur scène, elle déballe les détails d'une intimité neurasthénique, états d'âme, angoisses, mésaventures, nous parlant d'elle pour mieux évoquer du monde tel qu'il est. A l'Européen, Je parle toute seule est prolongé jusqu'au 24 juin. Nouvelles dates auxquelles s'ajouteront deux soirées exceptionnelles au Trianon, le 29 et 30 juin.




Pourfendeuse de la bien-pensance, Blanche Gardin manie avec virtuosité un humour très noir, incisif qui flirte avec les limites. Petit précis de métaphysique sociétale, dans Je parle toute seule, elle fait tomber les tabous, dynamite les sujets sensibles par l'irrévérence de sa vision acerbe. Les rapports hommes-femmes, le célibat, la solitude, le sexe mais aussi les attentats, l'état d'urgence, le suicide, elle ne s'interdit rien, politiquement incorrecte par nature. Son seule-en-scène a d'ailleurs été interdit aux moins de 17 ans. 

Blanche Gardin appuie là où ça fait mal auscultant les faiblesses, la tristesse, l'incomplétude des vies contemporaines. Pointant du doigt les failles et les hypocrisies, elle égratigne sans concession notre société avec lucidité. Ecriture ciselée au vitriol et art de l'image, la virtuosité du verbe et la rythmique au cordeau font mouche. L'humour glisse sur le fil, car il faut rire de tout même du pire. Dans cette noirceur existentielle proclamée, Louis CK le roi du stand-up pour modèle ultime, Blanche Gardin libère la parole, saillies crues, densité littéraire, jubilation des mots. 




Au regard acéré porté sur le monde se mêlent l'émotion mais aussi une forme de malaise parfois que le rire salvateur vient soulager et qui nous permet de prendre de la distance notamment sur l'actualité. Si son cynisme peut paraître décapant, Blanche Gardin sait à merveille distiller des doses de délicatesse improbable dans les moments d'impudeur extrême, dans les mots d'esprit les plus acerbes. Il y a une dimension cathartique dans ce spectacle dont les intentions tour à tour politiques, féministes sont avant tout humanistes.

Je parle toute seule - Blanche Gardin 

Jusqu'au 24 juin à L'Européen à 20h30
5 rue Biot - Paris 17
Tél : 01 44 51 93 26

Les 29 et 30 juin au Trianon à 20h30
80 boulevard de Rochechouart - Paris 18
Tél :  01 44 92 78 00
Billetterie : 01 44 92 78 05



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.