Dans un joyeux foutoir de grandes tablées animées, la Cantine de Belleville qui porte bien son nom n'est pas exactement ce qui pourrait s'appeler un lieu intimiste mais bien un bar-brasserie de quartier couleur très locale, à la rusticité de bon aloi. Une foule jeune et cosmopolite attirée par l'atmosphère bon enfant et des prix tout petits se presse donnant à cet établissement son cachet d'effervescence perpétuelle. Vivant, très vivant. Le monde entier s'agglutine, bonne humeur requise, dans une décoration très roots. Le thème industriel revisité dose savamment une décrépitude branchée malgré elle, murs bruts ou en briques, mobilier de récupération dépareillé, tables d'écoliers, meubles recyclés, luminaires idoines, cette cantine dans son jus a de la gueule !
L'avenante terrasse sur le boulevard, chauffée en hiver, souvent bondée d'ailleurs, est idéale pour trinquer entre potes et profiter de cette atmosphère à la bonne franquette. Si les deux premières salles sont à l'avenant, dans leur jus mais pleines de charme, l'arrière-salle pêche un peu par son souci de rentabiliser l'espace avec des tables collées serrées. Devant le succès du lieu, le personnel semble un peu en sous-effectif. Ronchons s'abstenir car le service bien que souriant se fait franchement à l'arrache tant les serveurs paraissent débordés. Patience, il faut prendre. Ne pas s'étonner non plus de la dimension aléatoire des commandes. Avec le sourire néanmoins.
Prix très raisonnables et portions copieuses, on est cependant très loin de la grande cuisine. Les assiettes simplissimes sont sans aucune prétention si ce n'est celle de satisfaire les appétits. A la carte, se retrouvent les plats classiques de la brasserie françaises œufs mayo, andouillettes, burger, steak, purée saucisse, pavé de saumon, carpaccio. La côte de bœuf d'1kg se partage à deux pour 39,5 euro. La formule entrée plat dessert se monnaie 14 euro au déjeuner et 18 euro au dîner tandis que le plat unique vise les 10 euro le midi et 12 euro le soir. Des salades variées de 10 à 14 euro complètent un tableau sans grande créativité mais efficace. Ca se gâte un peu quand arrivent nos commandes car si l'esprit cantine était annoncé dans l'intitulé, il se retrouve dans l'assiette en mode restauration scolaire. Souvenirs émus mais pas folichon question goût.
Salade de gésiers seccos et curieusement gras à la fois, salade mélangée qui rappelle les sous-vides du supermarché, tomates insipides, vinaigrette en bidon. Ça débute plutôt tristement. Le cheeseburger pommes sautées n'envoie guère plus de rêve. Sauce trop sucrée, viande pas fameuse et pain franchement pas bon, deux bouchées et puis c'est tout. Le steak tartare de ma comparse s'en sort un peu mieux. En dessert, le cheesecake compact, à la limite plâtreux, manque cruellement d'esprit. Au final, la qualité n'étant pas au rendez-vous, je me demande si l'adresse est si bon marché que cela.
La Cantine de Belleville super sympa pour prendre un verre, ne m'a pas emballé pour le côté restauration. Le patron aurait tendance à trouver tordant les commentaires acides des visiteurs mécontents. J'ai comme l'impression que ce qui intéresse vraiment la direction, ce serait plutôt la musique. En sous-sol, des concerts à la programmation variée reggae, rock, hip hop, jazz animent régulièrement des soirées de feu, fort réputées dans le quartier.
La Cantine de Belleville
108 boulevard de Belleville - Paris 20
Tél : 01 43 15 99 29
Horaires : Tous les jours service continu de 8h à 2h
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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