Au 145 rue de Belleville, passé le porche d'un classique immeuble de rapport, se dévoile une cour industrielle datant de 1906, mémoire du passé ouvrier du quartier. La rue de Belleville qui marque la frontière entre le XXème et le XIXème arrondissement est, jusqu'à l'annexion de la commune de Belleville à Paris en 1860, la rue principale du bourg qui se regroupe autour d'une vieille église. Sur les traces du funiculaire dont la ligne ouverte en 1891 ferme en 1924 en raison des nombreux accidents provoqués par la circulation anarchique des voitures à bras, remontons vers Jourdain. Quartier vivant et populaire, le Plateau garde, malgré le bétonnage radical et les profondes transformations datant des années 1970, quelques traces de l'ancien tissu bellevillois. Au début du XXème siècle, se développe à Belleville une nouvelle industrie liée à l'activité des abattoirs de la Villette. Dans les ateliers situés en arrière-cours, se travaillent cuir et corne afin de confectionner des chaussures, des ceintures, des boutons, des peignes comme dans l'ancien atelier des peignes A. Mermet rue Clavel.
Etroite allée privée, cette cour en impasse a perdu avec les rénovations récentes un peu de sa spécificité au profit de la salubrité. Les pavés disjoints ont fait place à un revêtement bétonné autour de la rigole centrale originelle. L'atmosphère particulière témoigne des ensembles du début du XXème siècle qui accueillaient la petite industrie du quartier. Les anciens ateliers industriels réaménagés qui ne dépassent pas un étage ont trouvé aujourd'hui une nouvelle vocation. L'activité des sociétés du tertiaire a permis de protéger l'ambiance si particulière des lieux.
Artistes, artisans d'art, studio de danse, cabinet d'architecte, société de production de spectacles vivants, agence de publicité, la création est à l'honneur au 145 rue de Belleville. Vincent Collin, peintre et poète y travaille depuis quelques années. Membre de l'association Ateliers d'artistes de Belleville visant à rendre accessible l'art à tous, il témoigne de la richesse culturelle bellevilloise à travers expositions, rencontres et échanges avec le public. Au studio Legato, Rana Gorgani enseigne la danse persane ou danse classique iranienne, un langage poétique qui prend sa source dans le flot généreux d'une tradition ancestrale.
Tout le pittoresque de cette petite cour fleurie réside dans son calme bucolique qui contraste avec l'intense activité de la rue de Belleville. Si la porte est rarement fermée, respectons l'heureuse quiétude des riverains à l'accueil des plus aimables.
Cour industrielle typique du quartier de Belleville
145 rue de Belleville - Paris 19
Métro Jourdain ligne 11
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Bibliographie
Le guide du promeneur 19è arrondissement - Elisabeth Philipp - Parigramme
Le guide du promeneur 20è arrondissement - Anne-Marie Dubois - Parigramme
Sites référents
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