Un adolescent dans un centre de redressement. Il se prénomme Adonis, sa mère est morte, il n’a pas connu son père, mort avant sa naissance. Un gentil garçon au fond, mais il ne parvient à s’exprimer qu’avec ses poings, la rage au ventre, il se bat à longueur de temps. Banal. Sa vie bascule quand une femme se propose de l’adopter, elle dit être la veuve de son père, qu’il est né d’un amour extraconjugal, qu’il est le fils du plus grand boxeur de tous les temps, le célèbre Apollo Creed. 12 ans plus tard, Adonis contemple sa vie toute tracée : cadre supérieur, belle voiture, belle maison. Mais l’appel de la boxe gronde dans ses veines, plaquant tout, il décide de retrouver Rocky Balboa, l’adversaire et ami de son père pour lui demander de l’entrainer, de faire de lui un champion, un héritier.
Rocky 7, il fallait oser. 40 ans après le premier Rocky (1976), Stallone revient dans la peau du célèbre boxeur qui a électrisé l’enfance de tous les quadras-quinquas cinéphiles du monde. Rocky/Stallone c’est un peu comme un oncle sympathique, il fait partie de notre inconscient familial-cinématographique depuis… toujours ! D’accord, le capital sympathie c’est bien, mais est-il suffisant pour faire un 7ème opus, de type « Rocky à la maison de retraite » ? Eh bien oui, ça marche ! Même si la réalisation est classique, même si le scénario n’est pas très étoffé, même si la psychologie des personnages est à la limite du caricatural, même si l’on connaît d’avance chaque « rebondissement », même si tout est consensuel, même si « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », c’est incroyable, mais ça fonctionne. Très bien même ! On entre totalement dans l’histoire et comme dans les autres Rockys, on serre les poings et les dents quand un uppercut met notre héros au tapis, on retient son souffle quand il se fait coincer dans les cordes, on a les yeux qui picotent quand son cœur se serre devant les difficultés de la vie. D’une main bienveillante, Stallone met sur le devant de la scène Michael B.Jordan dans le rôle d’Adonis, digne successeur des boxeurs de la saga, avec une plastique impressionnante (attention au risque de fracture de la rétine quand il est en short).
Seul petit regret, quelques combats de boxe supplémentaires auraient été les bienvenus, oui, on en veut toujours plus… Les clins d’œil respectueux, souvent émouvants, qui jalonnent le film en font un hommage à Rocky, au symbole Rocky : un homme simple qui s’est battu pour sortir de sa condition, qui a gagné et su perdre sans jamais abandonner une once d’humanité, fraternité, d’humanité, de bravoure, de force et de beauté intérieure. Adrian (j’ai gagné), Paulie, Mickey, Apollo sont les fantômes bienveillants de « Creed », présents au détour d’une réplique, d’une scène, d’une photo. Cette humilité, Stallone ne s’en départ pas dans le film. Loin de jouer les gros bras à 70 ans, il dose tout en douceur son physique, avec toujours ces petits clins d’œil qui nous projettent 30 ans en arrière, quand il courrait après une poule, quand il tapait le petit punching ball (poire de vitesse) avec une incroyable aisance. Il endosse à la perfection son rôle de père de substitution, d’entraineur, de légende.
Si à longueur de scènes, « Creed » résonne comme une allégorie autobiographique de Stallone, il n’en demeure pas moins qu’en homme d’affaires avisé, Rocky passe avec maestria les gants-flambeau à son fils spirituel Adonis, lui transmettant, réellement, l’héritage Balboa : une suite est prévue pour 2017… « Creed » est un vibrant et touchant hommage à la saga. Pour preuve que la magie opère toujours parmi les très nombreux fans (salle principale comble), comme pour les Rocky 1-2-3-4, la salle a applaudi à la fin du film ! Chapeau bas monsieur Stallone, malgré vos 70 ans vous avez toujours l’œil du tigre !
Creed : L'héritage de Rocky Balboa
Creed : L'héritage de Rocky Balboa
Réalisateur : Ryan Coogler
Avec Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson
Sortie le 13 janvier 2016
Passionnée par le 7ème art, Sand est chroniqueuse cinéma pour le blog collaboratif Belle et Cultivée depuis près de trois ans. Vous pouvez la retrouver quotidiennement sur son fil Twitter. Appréciant aussi bien les films d'auteur que les blockbusters, elle porte un regard aigu et éclairé sur les productions actuelles. Verbe haut et plume acérée, ses chroniques sauront vous séduire par la qualité de leur analyse, leur bonne humeur contagieuse. Avec Sand, partage est le grand mot.
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