Dans le quartier piéton d’Etienne Marcel, à deux pas de la foule des Halles et de l’hipsterie Montorgueil, Léda, petit frère du Mojo Kitchen Bar, propose une cuisine fraîche et ludique portée par deux spécialités : les tartares au couteau et les cocottes mijotées. La carte classique du déjeuner avec un menu entrée-plat à 13,50 euro se transforme le soir en version tapas à partager tout en dégustant cocktails ou vins en provenance directe des domaines. Une expérience singulière des plus séduisantes.
La décoration signée Dorothée Meilichzon se décline hybride tout en rondeurs, couleurs et motifs graphiques. Les touches rétro en soulignent le style résolument contemporain, le sens du détail. La grande verrière qui se prolonge par une tranquille petite terrasse ornée de palmiers, protégée de la rue et chauffée l’hiver, rappelle l’architecture historique du quartier, les grands pavillons aujourd’hui disparu. Cet esprit industriel façon Halles se retrouve également dans le bar tout en mosaïque blanche et bleue, que l’on pourrait également interpréter comme un hommage à la Grèce et à la légende de Léda séduite par Zeus transformé en cygne, ou les très beaux luminaires suspendus. L’architecte d’intérieur a pensé cet espace chaleureux et convivial comme une véritable scénographie donnant à ce restaurant un univers unique.
La cuisine simple mais créative, goûteuse, réalisée avec des produits frais de saison mise à la fois sur la tradition et l’inventivité. L’Espagne et l’Italie donnent à la carte un petit air de Méditerranée tandis que les classiques sont twistés avec esprit. L’évidence des tartares tranchés et la gourmandise des cocottes mijotées remportent la mise. Ludique, au dîner la commande de la carte lèche-doigt des Halles se passe comme on fait son marché en cochant sur une fiche les paniers des différents pavillons. Grâce à l’invitation de la patronne, Olivia Lafon, dynamique et passionnée, nous avons pu découvrir les grandes spécialités de la maison sur une grande planche version tapas.
Le dîner se déroule sous le signe d’un joli Chinon fruité avec une belle fraîcheur, La Cuisine de ma mère 2014, Domaine Grosbois. Le suprême de volaille aux épices de Cajun, guacamole et Pico de Gallo (7 euro) est mon grand coup de cœur de la soirée. La viande délicatement parfumée par le mélange d’épices est juteuse, relevée juste ce qu’il faut pour donner du peps à ce plat gourmand rendu très frais par le mélange de tomates coupées en dés, d'oignons et de piments Jalapeños. De jolis pétales de Jambon Bellota (11 euro) font honneur à la réputation du Jamón ibérico. Le Bellota connu pour être le meilleur Pata Negra est produit à partir de porcs ibériques élevés en liberté dans les pâturages, nourris de glands et pâtures naturelles. La tortilla végétarienne, tapenade et copeaux de parmesan (6 euro) est légère et savoureuse.
Le tartare de thon, yuzu confit au sésame (8 euro) fondant surprend par sa touche d’agrume acidulée délicate. Au rayon gourmandise inventive, le tartare de chèvre noisettes et sauce aigre douce (7 euro) allie la subtilité du fromage frais à la subtilité sucrée-salée. Façon couture, la truffe caracole en tête d’une cocotte de camembert chaud (16 euro) à déguster façon fondue sans plus de manières. Pour la touche sucrée de fin de repas, la brioche pain perdu au caramel et boule de glace - un curieux sorbet passion - (5 euro) remporte tous les suffrages.
Hormis un petit souci au niveau du service, une serveuse charmante mais un chef de rang parfaitement odieux en fin de repas - curieux, d'autant que nous étions invités mais que voulez-vous, il faut bien que l’on nous rappelle que nous sommes à Paris de temps à autre - une sympathique soirée au restaurant Léda. La formule des tapas à partager se prête particulièrement aux apéros dînatoires entre amis tandis que la terrasse joue la carte du romantisme pour les tête-à-tête amoureux. Une adresse à surveiller de près.
Léda
12 rue du Cygne - Paris 1
Tél : 01 42 36 83 88
Horaires : du mardi au dimanche 12h-15h et 18h-23h
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