Une famille aisée de Vilnius passe l’été dans sa résidence secondaire au bord d’un lac. Sanguïlé, 17 ans, mal dans sa peau et d’une timidité maladive a développé une passion pour la voltige aérienne, le sport national en Lituanie. Elle voudrait devenir pilote d’avion mais souffre de vertige. Lors du show aérien qui se déroule chaque année dans la station balnéaire, elle achète un billet de tombola pour tenter de gagner un baptême de l’air à Austé, adolescente extravertie qui rêve de mode. Celle-ci d’un milieu modeste habite la petite ville marquée par l’architecture soviétique et travaille à la cafétéria de l’aérodrome le temps de la belle saison. Lorsque Sanguïlé remporte le gros lot, elle s’esquive piquant la curiosité d’Austé qui cherche à faire sa connaissance. Entre ces deux jeunes filles très différentes, naît alors une amitié amoureuse.
Belle histoire romantique sur les amours estivales, Summer évoque les difficultés du passage à l’âge adulte. L’idylle adolescente que nouent les deux personnages marque à la fois la découverte de la sensualité mais également l’acceptation de soi dans le processus de construction d’une identité, d’accomplissement personnel.
A travers des trouvailles esthétiques visuelles et auditives, Alanté Kavaïté, la réalisatrice franco-lituanienne, exprime un imaginaire singulier où se mêlent poésie et fantaisie. La lumière superbe qui baigne les images donne une sensation de déconnexion amplifiée par la musique de Jean-Benoît Dunckel du groupe Air. Une bande-son pop et planante empreinte d’un sentiment de liberté heureux. Navigant entre la chronique naturaliste et la féerie du fantastique, elle trouve dans les paysages naturels superbes, forêt émeraude, lac sombre de conte, un contraste saisissant avec la réalité des pilonnes de la centrale électrique, la ville défigurée par les constructions de béton.
A trop travailler sur les effets de caméra et les partis pris esthétiques de la mise en scène, une certaine tendance à la sophistication, cette œuvre frôlerait parfois presque le maniérisme. Cependant le film dégage une jolie fraîcheur que la candeur des deux adolescentes qui doit beaucoup au charme des jeunes actrices Julija Steponaityte, Aistė Diržiūtė, très justes toutes les deux, vient délicatement souligner.
Récit détaché du réel, film délicat et tendre, Summer se révèle à la fois pudique et sincère. Imparfait mais envoûtant, la poésie visuelle dont il est empreint n’est pas sans rappeler les premières œuvres de Sofia Coppola. Troublant et sensuel, un joli conte d'été.
Summer de Alanté Kavaïté
Sortie le 29 juillet 2015
Avec Julija Steponaityte, Aistė Diržiūtė
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