Paris : Cité Durmar, survivance du vieux Paris en péril - 154 rue Oberkampf - XIème



La Cité Durmar est une ancienne enclave maraîchère du quartier Saint-Ambroise situé au pied de Ménilmontant. Le long de la très commerçante rue Oberkampf subsistent encore, malgré la pression des promoteurs avides du moindre mètre carré, jolis passages et petites cours, lieux de mémoire du passé industriel de Paris. Au cours du XVIIIème siècle, les cultivateurs construisent des maisonnettes sur les parcelles qui composent notre actuel quartier. Celles-ci sont peu à peu transformées en ateliers divers et surélevées avec habitation à l’étage. Dès la fin du XVIIIème siècle, l’essor de l’industrie et de l’artisanat du bois local permet le développement de passages animés à l’atmosphère champêtre. Pavés disjoints polis par le temps, un petit chemin cahotant dans les herbes folles s’élance depuis le 154 rue Oberkampf dont l’entrée peu flatteuse laisse à peine deviner cette voie privée ouverte au public.











La cité Durmar, du nom du propriétaire du terrain lors de son percement, est une charmante impasse longue de 120 mètres et large de 3,7 mètres, menacée aujourd’hui par la gentrification et l’homogénéisation du quartier. L’organisation de la cité, ses constructions basses destinées à l’artisanat, ses jardinets et sa morphologie singulière sont protégés par le plan local d’urbanisme. Cependant cette protection ne s’étend pas aux bâtiments eux-mêmes. Un ensemble architectural composé d’ateliers typiques du faubourg, conservés dans leur jus voire légèrement délabrés certes, qui pourrait très prochainement disparaître.  

Bordée d’ateliers originaux, la cité Durmar, doit ses allures de vieux Paris authentique à la grande mixité sociale de ses riverains. Familles, artisans, artistes composent un voisinage haut en couleur que le rachat du terrain en 2004 par une société immobilière bien décidée à rentabiliser cette opération  de spéculation, met en péril. Les habitants s’inquiètent depuis de longues années car si les murs leur appartiennent les parcelles sont donc la propriété d’un marchand de bien. Menaces d’expulsion sans indemnités, insalubrité due à la négligence de l’entretien, délabrement volontaire des structures, charges injustifiées, tout est fait pour pousser les derniers résistants à quitter leur petit domaine bucolique.











La cité inscrite comme Espace Libre Protégé serait beaucoup plus rentable pour les promoteurs aux dents longues si elle était transformée en ensemble de lofts et autres bureaux flambants neufs. Dans l’absolu, les nouvelles constructions respectent les cotes architecturales de l’impasse - en 2012, un atelier d’un étage a été démoli pour y reconstruire un bâtiment de deux étages à usage d’artisanat et habitation. Néanmoins, la cité Durmar y perd peu à peu son cachet folklorique à travers une uniformisation qui tend à gommer l’originalité des bâtisses originelles.

Avant que la spéculation immobilière n’ait tout à fait effacé l’âme de cette venelle singulière, il est toujours temps d’y découvrir une collection d’insolites petits métiers campés dans des ateliers de guingois plein de mystère. Il s’y trouve l’une des plus vieilles forges de Paris qu’entretient avec amour un établissement de repoussage sur métaux. Ateliers d’artistes et cabinets de graphisme y côtoient un créateur de bijoux, une société de production, une association ou encore une galerie de photos d’art tenue par le plasticien Eric Fayrolle. L’Atelier 154, un brocanteur spécialisé dans les meubles industriels propose mobilier vintage, objets rares et insolites. Une destination de promenade pittoresque 

Cité Durmar
154 rue Oberkampf - Paris 11