Ella dont le père est marchand, se retrouve orpheline et tombe sous le joug de sa belle-mère, épousée à la hâte après la mort de sa mère, et des deux filles de celle-ci. Ella accueille sa nouvelle famille qui, rapidement, se révèle aussi jalouse de sa beauté et de sa bonté que cruelle. Cantonnée à l’état de domestique souffre-douleur, elle reste sage, courageuse, comme promis à sa mère, et ne cesse de croire à sa bonne étoile. Un jour, le destin s’en mêle et elle croise, dans la forêt, son prince charmant…
Tout le monde connaît l’histoire. Cendrillon, les terribles sœurs, la marâtre, le prince, les souris, la marraine, la citrouille, le carrosse, le bal, la pantoufle et tout le tralala. Petites filles, nous avons toutes soupirées à l’arrivée du prince, rêvées d’être au bal, d’avoir la plus jolie robe jamais faite et de finir avec la pantoufle au pied, et le prince au bras, même si on préférait largement celui de la Belle au Bois Dormant. La version animée de 1950 était pleine d’humour, de poésie et avec un charme désuet, surtout le prince, pauvre garçon. Disney a décidé de revisiter son classique en demandant au réalisateur-acteur Shakespearien, Kenneth Branagh, de prendre les commandes du conte de fée. Celui-ci s’est entouré de bien belles actrices toujours parfaites dans leurs interprétations, Cate Blanchett, Helena Bonham Carter, géniale en marraine loufoque, et cela sauve le tout.
D’un côté, il y a bien ce que le public attendait, la transformation de la citrouille en carrosse, la marraine à la baguette et la fameuse robe enchantée, puis la scène de bal elle-même qui vaut son pesant d’or, croyez-moi, c’est clinquant à souhait, ou encore la pantoufle et les souris divines, sans compter la marâtre elle-même qui en devient jouissive. De l’autre, il y a les thématiques chères à Branagh, mort, succession, royaume, deuil. Ce qui pêche : la moralité trop facile, le design du décor et des costumes particulièrement kitsch, le prince et Cendrillon elle-même. Même si elle est mignonne tout plein Lily James, son sourire mièvre n’arrive pas à la hauteur de la jolie frimousse de la Cendrillon de 1950. Quant au prince, on n’est pas aidé non plus. Richard Madden fait ce qu’il peut, mais il manque de charisme dans ce rôle trop benêt. Pourtant dans Game Of Thrones, c’était bien lui qu’on regardait à la longueur d’épisode en soupirant « mais quel prince ! Je veux le même ! » aux côtés de notre moitié, atterrée.
Vous allez pouvoir m’accuser de ne pas croire au conte de fée, mais je préfère encore l’original. Toutefois, je précise que j’adore Kenneth Branagh, l’acteur et le réalisateur. Force est de constater que Disney en réinventant son film d’animation a décidé d’en rester au classicisme et n’a pas pris le parti de l’excellent « Maléfique » qui dépoussiérait La Belle au bois dormant avec brio. La lutte entre le bien et le mal, la bonté et la méchanceté et le beau et le laid, c’est un peu « too much » ici, trop manichéen. Les souris sont largement à la hauteur, la marraine excellente, la citrouille parfaite et la fin immuable, il manque le souffle, la magie, ce qui est un comble, et le côté « un jour mon prince viendra ». Alors, si vous vous décidez à aller le voir, ce qui n’est pas non plus une horreur absolue car certaines trouveront facilement pantoufle à leurs pieds, et surtout avec vos enfants, faites leur visionner, après coup, l’original. Cela sauvera l’image qu’ils auront de Cendrillon.
Cendrillon
Sortie le 25 mars 2015
Réalisateur : Kenneth Branagh
Avec Lily James, Cate Blanchett, Helena Bonham Carter, Richard Madden
Lisa Giraud Taylor est écrivain, photographe et blogueuse. Son roman Liverpool Connexion est disponible aux Editions Trinômes. Vous pouvez également retrouver sa plume piquante sur Le blog d'une ItemLiz Girl. Cette jeune femme hyperactive - mais comment fait-elle ? - collabore régulièrement avec les webzines Lords of Rock et So Busy Girls où elle nous régale de chroniques pleines d'esprit, ultra punchy dans un style bien à elle. Humour ravageur et pertinence sont ses marques de fabrique.
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