"Vous êtes juif ? J’ai vu ça sur internet. J’aimerais savoir ce que c’est… Vous pourriez peut-être me mettre au parfum." Deux voisins qui se croisaient dans l’escalier sans pour autant vraiment se parler en viennent à deviser entre deux paliers. L’un, interprété par Pierre Arditi, est juif, athée. Il vit son appartenance à travers la culture et l’histoire mais pas la religion. L’autre, sous les traits de Daniel Russo, pas très malin, pressé par sa femme qui passe son temps sur internet sans bien comprendre ce qu’elle y lit, s’interroge sur ce qu’est "être juif". Il compte bien obtenir des réponses en abordant le premier de façon impromptue pour le questionner sur ses origines juives.
L’être ou pas est une suite de dialogues féroces aux desseins humoristiques qui cristallisent les contradictions psychologiques de la société dans laquelle nous vivons. L’auteur Jean-Claude Grumberg aborde le sujet grave de l’antisémitisme avec la causticité d’une plume frondeuse et un second degré salvateur faisant prévaloir l’humour comme seul remède à la bêtise et l’ignorance. A travers ces échanges, pas très éloignés de l’absurde, il distille une forme de légèreté pour mieux éclairer son propos.
Les deux comédiens jouent avec bonheur sur les ressorts comiques du texte avec un sens du rythme indéniable. L’infatigable Pierre Arditi, omniprésent à la scène et sur les écrans, brille par des accélérations flamboyantes tandis que Daniel Russo, en ahuri au fond pas méchant, est férocement drôle. L’alchimie fonctionne indéniablement. Petit, bémol cependant concernant la mise en scène qui m’a semblé assez statique. Le décor massif de cage d’escalier étriquée à travers lequel se déplacent les acteurs restreint le mouvement tout en soulignant l’inéluctabilité des rencontres.
Les deux comédiens jouent avec bonheur sur les ressorts comiques du texte avec un sens du rythme indéniable. L’infatigable Pierre Arditi, omniprésent à la scène et sur les écrans, brille par des accélérations flamboyantes tandis que Daniel Russo, en ahuri au fond pas méchant, est férocement drôle. L’alchimie fonctionne indéniablement. Petit, bémol cependant concernant la mise en scène qui m’a semblé assez statique. Le décor massif de cage d’escalier étriquée à travers lequel se déplacent les acteurs restreint le mouvement tout en soulignant l’inéluctabilité des rencontres.
Fable philosophique, les neuf saynètes truculentes servies par un duo en grande forme, s’attaquent avec une ironie piquante aux préjugés concernant l‘identité juive. Egratignant les idées reçues, ces brèves de palier entraînent la facétie sur le terrain de l’humour noir. Le rire, souvent jaune, pour éveiller les consciences, interroger la société et l’histoire, pousser jusqu’au questionnement politique. La pièce qui devait être présentée sous son nom d’origine "Pour en finir avec la question juive" a pris le titre plus neutre de "L’être ou pas" à la suite des événements dramatiques de janvier dernier. Preuve que dans ce climat incertain, s’interroger demeure plus que jamais nécessaire.
L’être ou pas jusqu’au 27 mars
De Jean-Claude Grumberg
De Jean-Claude Grumberg
Adaptation théâtrale, par l’auteur, du livre Pour en finir avec la question juive publié aux Editions Actes Sud
Metteur en scène : Charles Tordjman
14 boulevard de Strasbourg - Paris 10
Tél : 01 42 08 77 71
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