Théâtre : La Vénus à la fourrure de David Ives au Théâtre Tristan Bernard - Avec Marie Gillain et Nicolas Briançon



L’écrivain et metteur en scène Thomas Novachek cherche le premier rôle féminin de sa dernière création librement inspirée du sulfureux roman de Leopold Sacher-Masoch, La Vénus à la fourrure. Après une longue journée d’auditions infructueuses, il désespère de trouver la comédienne qui interprétera sa Wanda von Dunajev, héroïne de la pièce. Alors qu’il s’apprête à quitter le théâtre, apparaît Vanda Jordan, maquillage outrancier, accent traînant et verbe fleuri, vêtue de cuir sous son manteau léopard, collier de chien autour du cou. Tout d’abord ulcéré par cette intrusion tardive, Novachek accepte tout de même de la recevoir et de poursuivre la lecture en sa compagnie. Séduit par son interprétation, le metteur en scène est entraîné presque malgré lui dans un jeu de rôles où les rapports de force vont s’inverser, dominant et soumis. Mais qui est vraiment Vanda qui de vulgaire et maladroite se révèle peu à peu complexe, charnelle et joueuse ?


Théâtre Tristan Bernard - la Vénus à la fourrure
Théâtre Tristan Bernard - la Vénus à la fourrure

Théâtre Tristan Bernard - La Vénus à la fourrure © Fabienne Rappeneau

Théâtre Tristan Bernard - La Vénus à la fourrure © Fabienne Rappeneau


La mise en scène de Jérémie Lippmann laissant libre cours à ses acteurs dans un beau décor savamment épuré et versatile de Jacques Gabel, la puissance d’interprétation, la sensualité des deux comédiens donnent une rare intensité à ce texte habilement mené. Marie Gillain, qui revient au théâtre après huit ans d’absence, est époustouflante en ensorceleuse aux multiples facettes. Elle interprète Vanda avec virtuosité passant d’un registre à l’autre, tour à tour gouailleuse, enfantine, provocante, sensuelle, manipulatrice. Magnifique d’aisance et de beauté. Jovial, caustique ou pathétique, Nicolas Briançon tout en générosité dans le rôle d’un intellectuel bourgeois, misogyne et hâbleur est particulièrement réjouissant.  


Théâtre Tristan Bernard - La Vénus à la fourrure © Fabienne Rappeneau

Théâtre Tristan Bernard - La Vénus à la fourrure © Fabienne Rappeneau

Théâtre Tristan Bernard - La Vénus à la fourrure © Fabienne Rappeneau


Du roman éponyme datant de 1870, l’américain David Ives a tiré un huis clos au rythme endiablé dont l’humour et les dialogues jubilatoires, dans un va-et-vient permanent entre fiction et réalité, prennent leur pleine dimension servi par un duo de comédiens d’exception. Œuvre théâtrale moderne, pièce complexe, l’auteur joue sur la mise en abyme jusqu’à brouiller les frontières entre le réel des personnages et la pièce dans la pièce. Réflexion existentielle sur les rapports homme femme, le désir, la manipulation mais également la création, La Vénus à la fourrure au Théâtre Tristan Bernard est une belle réussite avec des acteurs superbes.

La Vénus à la fourrure de David Ives
Avec Marie Gillain et Nicolas Briançon
Metteur en scène : Jérémie Lippmann
Théâtre Tristan Bernard
64 rue du Rocher - Paris 9
Tél : 01 45 22 08 40