La villa Olivier Métra, curiosité charmante, illustre les incongruités parisiennes en matière d’architecture et d’occupation des sols. La découvrir se mérite. Au hasard des flâneries parisiennes, cette pépite colorée joue à cache-cache avec les promeneurs. La petite impasse débute au 28 de la rue Olivier Métra et passerait presque inaperçue tant elle est étroite - 5 mètres de large. Percée en 1906, sur une ancienne parcelle de vigne de 180 mètres de long sur 15 mètres de large qui appartenait au Couvent des Moines de Picpus dissout durant la Révolution. Cet opulent ordre religieux fondé en 1698 possédait de nombreux terrains où prospéraient vergers, potagers et vignobles. Il était également l’un des responsables des Eaux de Belleville.
La Villa Métra doit son nom au compositeur Jules Louis Olivier Métra (1830-1899) dont les valses populaires eurent beaucoup de succès aux bals de l’Opéra Comique et de l’Opéra de Paris. A Belleville, vignes et arbres fruitiers disparus ont fait place à une réorganisation urbaine parcellaire caractéristique du processus d’urbanisation des communes annexées à la Capitale sous le Second Empire. Cette réorganisation atypique permet encore aujourd’hui de trouver dans le quartier de petits pavillons, des ruelles bordées de maisonnettes rappelant les villages d’antan que furent Belleville et Charonne avant leur rattachement à Paris en 1860.
A l’époque des grands travaux du Baron Haussmman, la faible spéculation autour de la rue des Pyrénées laissent d’intéressantes opportunités à de petits entrepreneurs. Ils organisent le quartier en lotissements réduits dans un esprit rural. Paul Fouquiau, architecte et promoteur réalise plusieurs ensembles dont les rues de Panama, de Suez, Eugène Sue et la fameuse Villa Olivier Métra qui nous intéresse aujourd’hui. A partir de 1888, il profite de la loi Siegfried instituant les HBM - habitations à bon marché, ancêtres de nos HLM - pour créer une société immobilière bénéficiant de prêts publics afin de construire des logements ouvriers.
Les grandes opérations de rénovation et de « modernisation » de Belleville et Charonne qui ont eu lieu de 1956 à 1975 ont malheureusement modifié le paysage à grands coups de bétonnades et de tours vertigineuses. En 1977, le plan d’occupation des sols de la Ville de Paris a mis fin à cette frénésie de béton imposant la construction des nouveaux bâtiments sut l’alignement des rues, le respect des gabarits des habitations et du nombre d’étages traditionnels. Finis les citadelles de 20 étages, retour aux immeubles de quatre étages. Les passages qui faisaient tout le charme des environs sont peu à peu reconstitués et les petits lotissements datant du XIXème et du début du XXème siècle sont enfin préservés.
Ouverte à la circulation publique par l’arrêté du 23 juin 1959, la Villa Métra longue de 15 mètres, est bordée de petits pavillons. Les jardinets conçus à l’époque de la construction afin de réduire le vis-à-vis dû à l’étroitesse de la ruelle, rivalisent de fantaisies végétales. Les glycines explosent, les bambous se dressent fièrement, les rosiers s'épanouissent, les palmiers et quelques arbres fruitiers complètent le tableau. Bleu cyan, turquoise, jaune soleil, rose dragée, rouge incarnat égayent façades, volets et grilles des jolies maisonnettes leur donnant presque un air de méditerranée, d’Italie peut-être.
Détails décoratifs délicats, céramiques et mosaïques complètent un tableau charmant auquel les riverains ont ajouté une touche d’humour grâce à des plaques que je vous laisse découvrir en photos. La douceur de vivre en plein cœur de la Capitale est donc loin d’être un mythe. Décidément, je ne saurais trop le répéter, Paris, je t’aime !
Villa Olivier Métra
Accès par le 28 rue Olivier Métra - Paris 20
Métro Place des Fêtes lignes 7bis et 2 ou Télégraphe ligne 11
Enregistrer un commentaire