L’atelier des miracles - Valérie Tong Cuong : Millie, jeune femme éteinte qui erre comme une ombre de missions d’intérim en petits boulots, se retrouve prisonnière d’un incendie. Pour y échapper, elle se jette par la fenêtre. Elle survit de justesse à sa chute mais lorsqu’elle se réveille à l’hôpital, elle décide de feindre l’amnésie afin de fuir un passé qui la ronge. Monsieur Mike ancien barbouze dans la Légion a déserté l’armée ne supportant plus les horreurs de la guerre. Rejeté par son entourage, il échoue dans la rue. Triste roi d’un coin de trottoir, il fait la manche et se noie dans l’alcool. Jusqu’au jour où des toxicomanes se regroupent pour le chasser et le passent à tabac. Gravement blessé, Monsieur Mike est opéré en urgence à l’hôpital. Mariette, prof d’histoire-géo névrosée, est harcelée par les élèves du collège privé où elle travaille. Alors que son mariage avec un politicien ambitieux qui se révèle odieux dans l’intimité, est au plus mal, elle craque sous la pression et gifle le meneur des 3ème2, un gamin de 14 ans. Il chute dans l’escalier et se brise le poignet. Le mari inquiet de l’image que cet incident pourrait donner de lui, envoie Mariette en maison de repos. Trois destins chahutés par la vie qui vont trouver le chemin de l’espoir grâce à un homme, Jean. Celui-ci gère un atelier un peu particulier, une association qui vient en aide aux personnes à la dérive. Ses méthodes se révéleront très borderline car rien n’est gratuit. Jean le faiseur de miracles, réinvente pour chacun de ses protégés en rupture une nouvelle vie sur mesure mais n’est pas aussi désintéressé qu’il y paraît.
Valérie Tong Cuong retrace le parcours de ces êtres cabossés en brodant sur les thèmes de la solitude, de l’espoir et de la rédemption. Les remords, les regrets et en fil rouge cette belle idée, pleine de bons sentiments qu’une seule rencontre peut changer un destin. Le style est impeccable, fluide, agréable mais peu à peu, s’installe une sensation désagréable. Ce conte pour adultes sur les secondes chances pourrait être tout à fait tarte si de rebondissements en retournements de situation l’auteur ne nous offrait une chute un peu plus tendue. Malheureusement beaucoup d'absurdités - des parents qui rendent responsables une gamine de 12 ans d'un accident tragique survenu en leur absence, entre autre - donnent un rendu plutôt tiède.
L’atelier des miracles est avant tout une galerie de personnages au mieux insignifiants au pire horripilants. Plus que des « âmes cassées » je parlerais de bras cassés. Les figures féminines à la limite du ridicule, larmoyantes créatures naviguent entre hystérie et pathos abscons. Mariette la bourgeoise dépressive persuadée que le monde entier s’est ligué contre elle remporte la palme. Millie la souris grise se métamorphose en vamp. Monsieur Mike le SDF est tout de même beau gosse et fait frémir les dindes. Encore un peu et on jurerait se trouver dans une émission de téléréalité. Ca frôle le grotesque de temps à autre. Les nouveaux départs de chacun se font d’un claquement de doigts en tirant quelques ficelles. Parfois à la limite de la légalité certes mais jamais rien de trop vraisemblable. Je vois mal, par exemple, les gros bras d’une association aller foutre la trouille à un ado pour la paix d’esprit d’une neurasthénique. On patauge en plein Gavalda et consort.
La trame de l’histoire manque cruellement de crédibilité même si en ultime péripétie l’auteur tente de raccrocher à la réalité en éclairant le dénouement sous un angle un peu moins propret et bien-pensant. Ce qui m’a le plus gêné, c’est de ne ressentir absolument aucune empathie envers les protagonistes. A aucun moment je n’ai été émue par leur parcours voire même par leur mal-être. J'ai un faible pour les losers magnifiques mais on en est très loin. Une déception donc, d’autant que je n’avais lu que des avis dithyrambiques concernant ce roman. Toujours se méfier des best-sellers...
Enregistrer un commentaire