La première chose qu'on regarde - Grégoire Delacourt : Arthur Dreyfuss, vingt ans, est
mécanicien dans un petit village de Picardie. Un petit village où tout le monde
ressemble vaguement à une star hollywoodienne. Son patron a des airs de Gene
Hackman et lui-même serait le sosie de Ryan Gosling « en mieux.» Arthur,
gentil gars honnête, a eu une enfance difficile marquée par la mort de sa
petite sœur dévorée par un doberman et la disparition inexpliquée de son père, événements
douloureux qui ont plongé sa mère dans l’alcoolisme et la folie. Un soir,
quelqu’un frappe à sa porte. C’est Scarlett Johansson. Tout du moins son
double, la plantureuse Jeanine Foucamprez, infortunée créature dont les
attributs physiques ont dès son plus jeune âge attisé la concupiscence des
mâles en rut et fait de sa vie une longue succession d’expériences
malheureuses. C’est le coup de foudre.
Grégoire Delacourt nous prend pour des jambons ! Dans La première chose qu'on regarde, il reprend tous les éléments qui m’avaient horripilé dans le roman précédent La liste des mes envies (la chronique est ici) - empathie feinte envers les petites gens, bons sentiments mielleux, éloge de la banalité, formatage dans une tentative de séduction qui se rapporte à du racolage - mais cette fois les ficelles sont moins bien dissimulées. Les efforts qu’il déploie pour rédiger un roman à ambition populaire sont par trop flagrants. Comme une méchante envie de crier : je vous l’avais bien dit !
Sur fond de fascination pour la
célébrité, un univers Voici / Public, miroir aux alouettes qui empoisonnent la
vie des gens simples, Grégoire Delacourt
se lance dans une diatribe bien pensante contre le poids des apparences
ponctuée d’aphorismes navrants de fadeur. La beauté, cette malédiction ! Entre émotions bon marché et érotisme
light, il ne nous épargne pas une copieuse dose d’humour graveleux, gauloiseries
de bon aloi. Arthur voue un culte aux gros seins ce qui nous vaut de longues pages
d’un goût douteux sur les melons, les pastèques, les attributs felliniens ou russ
meyerien.
L’auteur enchaînent les clichés, les
jeux de mots très limite et les situations grotesques - mièvrerie insoutenable
de la scène pseudo romantique au supermarché. On retrouve ces personnages
fragiles qui ont traversé les deuils, les turpitudes de la destinée avec
courage sans perdre espoir et qui rêvent de lendemains souriants. Ils sont bien
braves et méritants.
Entre poncifs sentimentaux et
fausse connivence marketée avec le lecteur,
La première chose qu'on regarde est le bref récit d’une histoire d’amour
insipide que Grégoire Delacourt,
toujours épris d’un idéal de vie modeste clé du bonheur, présente comme une
grande passion pleine d’une poésie authentique, que cela soit du Céline Dion ou du
Jean Follain. Poésie qu’il ne tient qu’à nous de faire surgir dans notre propre
existence afin de sublimer la médiocrité du quotidien. Sirupeux à souhait.
Indigeste au possible.
La première chose qu'on regarde - Grégoire Delacourt - Editions JCLattès - Edition de poche Le Livre de Poche
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