Cosmopolis - Don DeLillo : Avril 2000, avant le 11
septembre, avant la crise, Eric Packer, nabab de l’économie de 28 ans,
souverain moderne désabusé, traverse New York à bord de sa somptueuse limousine
blindée. Un embouteillage paralyse la ville-monde entre les obsèques d’un
rappeur, la visite du Président et une manifestation altermondialiste. Dans la
solitude des prestidigitateurs du virtuel, le vaisseau bardé d’écran et de
caméras vidéo glisse à travers Manhattan rugissant et déchainé. La cité en
ébullition livrée aux rats et aux émeutiers, le chaos du réel dans la
sauvagerie de scènes apocalyptiques se pose en contrepoint de l’univers clos d’Eric,
univers désincarné, déshumanisé qui tend vers la fusion de l’humain et de ses
outils technologiques. Les yeux rivés sur le cours du Yen contre lequel il a
misé toute sa fortune, le golden boy roule vers une mort annoncée, perdu entre
ses gardes du corps et son meurtrier potentiel. Le doute qui le ronge malgré
toutes les certitudes de la réussite va précipiter sa chute. Journée d’un
prophète des temps barbares au soir de laquelle il rencontre la ruine et sa
propre fin.
Cosmopolis décrit le voyage initiatique presque immobile d’un
yuppie, icône d’une société déshumanisée et paranoïaque, jusqu’à sa rédemption. Récit d’une vertigineuse quête
d’identité et de sens. Avec l’esprit de subversion qui caractérise son œuvre, Don DeLillo dénonce les travers du
monde occidental contemporain et des Etats-Unis plus particulièrement. L’auteur nous offre une plongée en apnée dans
un univers où spéculation boursière et violence sont les absolus.
Don DeLillo superpose les thèmes et les indices, donne naissance à
une littérature conceptuelle dont la forme syncopée, hypnotique nous
emporte dans un chaos polyphonique maîtrisé. Ce roman à la force prophétique fustige
l’impératif du numérique qui bouleverse le temps, dissolvant l’idée d’éternité,
de spiritualité et ouvre la voie à de nouvelles interrogations au sujet de la
métaphysique de l’argent.
A travers cette fable du présent, l’auteur dénonce la désincarnation et l’anarchie du monde contemporain. Le texte court, à l’architecture remarquable, au souffle narratif puissant, d’une lucidité pétrifiante catalyse toutes les inquiétudes de notre époque dans un espace littéraire inédit. Tyrannie du cyber-capital, course au profit, dictature des images, information spectacle autant de dérives qui annoncent le crépuscule d’un système. Un roman fascinant, magistral, objet littéraire glacé et troublant.
A travers cette fable du présent, l’auteur dénonce la désincarnation et l’anarchie du monde contemporain. Le texte court, à l’architecture remarquable, au souffle narratif puissant, d’une lucidité pétrifiante catalyse toutes les inquiétudes de notre époque dans un espace littéraire inédit. Tyrannie du cyber-capital, course au profit, dictature des images, information spectacle autant de dérives qui annoncent le crépuscule d’un système. Un roman fascinant, magistral, objet littéraire glacé et troublant.
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