Street Art : Franck Duval aka FKDL - Expositions au Bon Marché et à la Since Upian Gallery Paris - Jusqu'au 12 septembre 2012

FKDL - Franck Duval - rue de Sèvres - Paris 7


Le street art crée ses propres règles. Art libertaire, il réinvente les murs de la cité. L’artiste s’approprie l’échantillon urbain, ouvre une nouvelle surface de créativité qui pousse le citadin à porter un nouveau regard sur la ville. Cette exploration poétique de l’espace public est prolongée par un désir d’esthétiser de façon inattendue le quotidien du spectateur. La forme plastique accompagne les mutations de la géographie environnementale en prenant une position radicale, hors champs, qui dépasse le cadre imposé par les institutions. Cet art nouveau est issu d’un travail d’hybridation qui nécessite de réinventer pratiques et  techniques  engendrant de fait une nouvelle dynamique de création. Franck Duval, parisien d’origine, a été marqué par ses études de mode au Studio Berçot et les deux ans passés au sein de l’Ecole du cirque Annie Fratellini. L’empreinte du corps humain en mouvement est au centre de son œuvre. Ombres animées, femmes aériennes, grâce de ballerines, son style immédiatement identifiable est énergie pure teintée de douceur. Les couleurs éclatantes encadrant ses demoiselles, illuminent le charme suranné du dessin de ces silhouettes noires. Cyan, magenta, jaune soleil, vermillon, vert émeraude, comme un crépitement de vie, insufflent une folle gaieté aux supports sur lesquels il intervient.


FKDL - Franck Duval - Détails - rue de Sèvres - Paris 7

Autodidacte, Franck Duval a longtemps expérimenté techniques et supports. En 1997, collectionneur passionné de papiers journaux, il se lance dans le collage détournant les milliers d’images accumulées pour leur redonner une nouvelle forme. Trois ans plus tard, il découvre par hasard l’art scotch sans avoir eu connaissance des travaux de Joseph Gil Wolman qui pratique cette forme d'expression artistique depuis 1963. A l’aide de ruban adhésif transparent brillant, Franck Duval "colle, arrache, recolle" publicités anciennes, pages de vieux magazines, images des années 20 aux années 50, et recompose des tableaux originaux.

Cette technique singulière n’est cependant pas adaptée à la rue à laquelle il décide de se confronter dès 2005. L’art urbain procède du principe d’immersion. Il y a échange avec le support et prise direct avec les citadins. L’oeuvre prend vie à partir des matériaux du lieu même où elle se réalise remettant en question les pratiques artistiques conventionnelles, amenant une mutation esthétique profonde. Livré sans filtre au spectateur, cette forme d’expression plastique tend vers une esthétique élémentaire accessible à tous. 


FKDL - Silhouette - rue de Sèvres - Paris 7

FKDL - Détails - rue de Sèvres - Paris 7
























Adapté à un milieu inédit, cet art contextuel, simplifie la forme pour éclairer différemment le fond. L’exploration de la ville est prolongée par une réflexion qui tend à corriger l’esthétique publique tout en accompagnant les mutations urbaines. Prélever du réel à un niveau rudimentaire et lui faire don de la forme ultime de subversion, le surgissement de l’émotion.

L’art urbain nécessite un goût particulier pour l’intrusion, Franck Duval investit les murs de Paris, New York, Barcelone. Afin d’ajuster son travail in situ à ces nouvelles contraintes, il crée une série de vingt personnages, gracieuses silhouettes noires, silhouettes de femmes auxquelles il donne des noms : Miss Coco, Darling Chérie, Madame Chouchou, Madame Quicampoix… Il leur offre un cadre de couleur, les habille de teintes éclatantes mêlant peinture et collage. Il signe alors ses interventions FKDL.


FKDL - rue Ramponeau - Paris 20

FKDL - rue Georges de la Tour - Paris 6
Petite anecdote, l’ange à la craie est de Castelbajac
























Lorsque le promeneur croise au détour d’une rue l’une de ses oeuvres, l’œil est tout d’abord attiré par cette débauche de lumière, par la vitalité qui s’en dégage.  En s’approchant, c’est l’infinité de détails qui fascine. Aux grands aplats de couleurs,  il ajoute des collages de vieux journaux d’une époque révolue. Déchirés, arrachés, restructurés, ces morceaux de papier se font vêtements pour demoiselles, fenêtres ouvertes sur un monde parallèle, motifs semi-abstraits. Le spectateur découvre des visages d’enfants souriants, des gravures de magazines féminins, des parcelles de publicité tout droit sorties de Mad  Men, écho troublant et fascinant de l’évolution de la société.

Chaque création exécutée dans la rue est unique et chacune de ces pièces est amenée à disparaître. Le territoire de la ville, point de départ est un argument artistique et son empreinte s’imprime sur la réalisation initiale la faisant évoluer jusqu’à sa complète dissolution révélant la singulière poésie de l’éphémère. Agir dans la rue, c’est faire preuve d’humilité, accepter ce processus d’absorption et la dimension périssable de l’art urbain. Beauté furtive qui intensifie la présence culturelle au-delà de celle institutionnalisée, rationalisée que nous impose la ville musée dédiée au tourisme. Libre appropriation physique de l’espace de la cité par l’artiste agissant.





FKDL - Franck Duval - Cité du Wauxhall - Paris 10
FKDL - Franck Duval - Cité du Wauxhall - Paris 10
FKDL - Franck Duval - rue Saint Maur - Paris 10

Il existe un lien entre la rue et la galerie mais les créations sont différentes. Représenter l’art ailleurs nécessite d’appréhender la réalisation des œuvres autrement. Jusqu’au 12 septembre, Franck Duval expose ses cover girls exécutées sur des toiles ocres de patron de vêtements dont on devine le tracé sous les couleurs des dessins et des collages au restaurant Primo Piano situé au premier étage du Bon Marché. Je regrette un peu la scénographie de cet événement qui à mon sens ne met pas suffisamment en valeur le travail de l’artiste. Juste en face de la Grande Epicerie, vous pourrez découvrir une intervention exécutée sur la devanture d’une pharmacie.

Cité du Wauxhall, la mairie du Xème arrondissement a laissé carte blanche à Franck Duval pour égayer cet étroit passage auquel il a apporté le bleu du ciel et comme une douceur de bord de mer. Enfin et ce sont les derniers jours, dépêchez vous, une exposition consacrée à la série de travaux qu’il a réalisé sur des boîtes d’allumette anciennes et assemblées entre elles à la Since Upian Gallery Paris. La fresque que je vous présentais dimanche dernier est située juste en face de la galerie. Une deuxième intervention a été réalisée devant le supermarché qui fait l’angle de la rue Saint Maur et du passage Hébrard. L'atelier de l'artiste se trouvant dans la cour juste derrière la galerie, vous pourriez à l'occasion le croiser avant la fin de l'exposition le samedi 8 septembre.

Exposition Franck Duval - Toiles de Couture
Restaurant le Primo Piano
Le Bon Marché - Paris 7
Jusqu’au 12 septembre 2012

Exposition FKDL - Matchbook Cover
Since Upian Gallery Paris
211, rue Saint Maur - Paris 10
du mardi au samedi de 14h à 19h
Jusqu'au 8 septembre 2012

Le site officiel de Franck Duval : www.fkdl.com
Son blog personnel : www.fkdl.com/blog


FKDL - Franck Duval - rue Saint Maur - passage Hébrard - Paris 10