Expo : Zadkine Art déco - Musée Zadkine - Jusqu'au 12 avril 2026

Ossip Zadkine - Oiseau (1927) - Gouache / Seizo Sougawara - Fauteuil (vers 1915) / Tapisserie d'après Ossip Zadkine - Chuchotements


L'exposition "Zadkine Art déco" au Musée Zadkine de Paris, s'inscrit dans le contexte des manifestations du centenaire de l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925. Au début des années 1920, Ossip Zadkine (1888-1967) se détache progressivement de la radicale austérité cubiste pour explorer de nouvelles formes. Il expérimente les effets décoratifs plus en phase avec ses impulsions lyriques. Son tempérament sensible le pousse vers le décor, l'ornement. Sous l'influence des artisanats traditionnels japonais et chinois, il s'enthousiasme pour la couleur en sculpture, les techniques de dorure, "L'oiseau d'or" (1924), de laquage, "Le torse d'hermaphrodite" (1925-1931). Ses collaborations avec des décorateurs, des architectes d'intérieur, des architectes, lui ouvrent la voie de l'Art déco.

L'évènement qui se tient au Musée Zadkine présente près de quatre-vingt-dix pièces, corpus réuni grâce aux prêts consentis par des collectionneurs privés et de grandes institutions, à l'instar du musée des Beaux-Arts d’Anvers, de la manufacture de Sèvres, du Mobilier national ou du musée des Années 30 à Boulogne-Billancourt. 


Ossip Zadkine - Pomone (vers 1920) / Torse d'hermaphrodite (1925-31)
Eileen Gray - Assiettes (vers 1918-20) / Gaston Suisse - Poissons japonais (vers 1929)

Ossip Zadkine - Tête d'homme / Odalisque (1933)

Gaston Suisse - Poissons japonais (vers 1929)
Katsu Hamanaka - Paravent Les taureaux sauvages (vers 1930)

Ossip Zadkine - Tête d'homme (1928)
Georges Chevalier - Cristal Baccarat Deux cerfs (1927) - Biche (1927)
Ossip Zadkine - Oiseau (1927)

Ossip Zadkine - Oiseau d'or (1924)

L'esprit novateur du mouvement Art déco se positionne en réaction à l'esthétique de la Belle Époque. Il marque la rupture avec l'Art Nouveau et l'éclectisme. À rebours d'une certaine souplesse végétale, le courant favorise les compositions complexes de volumes nets, plus libres. L'épure des lignes prend le parti de la symétrie, des matériaux lisses, polis, réduit les moulurations. Le décor mural s'aplatit en bas-reliefs pour des effets de surface. La palette chromatique se resserre. 

L'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes, de Paris, en 1925, consacre ce style qui prône un retour à la rigueur classique, un ordonnancement volontiers géométrique. Cette esthétique de la modernité se diffuse dans l'ensemble des activités artistiques et des métiers d'art, architecture, architecture d'intérieur, tapisseries, vitraux, ferronnerie, peintures et sculptures ornementales, mobilier et les métiers associés ébénisterie, céramique, orfèvrerie, arts graphiques. 

Ossip Zadkine s'illustre par son intérêt sans cesse renouvelé pour les savoir-faire artisanaux, les pratiques ancestrales, le travail de la matière, autant d'attachements qu'il traduit dans sa pratique de la taille directe. L'instinct dans la confrontation au bloc de pierre, de bois, relève de l'artisanat marqué par la dimension physique dans l'élaboration de l'œuvre. Cette expérience d'artisan le conduit à dialoguer avec les préceptes Art déco. Orchestrée par les commissaires, Cécilie Champy-Vinas, conservatrice en chef et directrice du musée Zadkine, Emmanuel Bréon, conservateur en chef honoraire et président d’Art déco de France, avec la collaboration d’Anne-Cécile Moheng, attachée de conservation au musée Zadkine, l'exposition "Zadkine Art déco" souligne les résonances, les échos, les références antiques. 


Ossip Zadkine - Maquette pour l'hôtel de ville de Poissy
Les arts et l'industrie (vers 1936-37)

Ossip Zadkine - Femme et chien (1927) / Médaillons Natures mortes (1927)
Deux cariatides pour cheminée (1922)

Maquette du pavillon de la Douce France (1925)

Raoul Lamourdeideu - Étude pour la fontaine d'Auteuil (avant 1926)
François Pompon - Sanglier courant (1925-29) / Pablo Curatella Manès - Le guitariste (1927)
Ossip Zadkine - Chien chinois (1922)
Paul Jouve Marteau de porte à tête de panthère et cobra (1926)
Joachim Costa - Jeune Ariégeoise (vers 1937)

Ossip Zadkine - Jeune fille à l'oiseau (1937) / Odalisque (1936) / Femme agenouillée 

L'exposition porte l'accent notamment sur les interventions du sculpteur dans le cadre de projets architecturaux. Ossip Zadkine imagine une partie du décor de l'hôtel Mayen, édifié en 1923 sur les plans de l'architecte Charles Adda (1872-1938) pour la poétesse Lucie Mayen. Il conçoit sept oeuvres, trois grands reliefs en plâtre et quatre médaillons en albâtre représentant des natures mortes ainsi qu'une cheminée. À la fin des années 1980, dans le cadre d'une politique d'extension, l'institution Saint Louis de Gonzague, collège jésuite de Paris, école privée catholique sous contrat, acquiert l'hôtel Mayen. Malgré l'intervention de la commission du Vieux Paris, l'édifice est rasé. Une partie des décors réchappe à cette démolition. Le relief de Zadkine, "La femme au chien", brisé lors de la dépose, est sauvé par le Musée Zadkine et restauré au frais de la Ville de Paris en 1991. Les deux reliefs "Femmes et chiens" et "Trois cerfs" (1927), jusqu'alors conservés dans le hall d'accueil du collège de la rue Franklin ont été confiés par l'institution à Ader entreprises et patrimoine afin d'être vendus aux enchères à Drouot au lendemain du vernissage de l'exposition "Zadkine Art déco". 

Ossip Zadkine conçoit des reliefs pour l'hôtel de ville de Poissy, ainsi que pour la Pergola de la Douce France présentée dans le cadre de l'Exposition internationale de 1925. Construit à l'initiative d'Emmanuel de Thubert, poète, critique et patron de presse, cofondateur avec Adolphe Cadot de la revue "L'Art de France" en 1913 devenue "La Douce France" en 1919, l'ouvrage se tient à l'origine sur l'esplanade des Invalides. La création du décor sculpté sur le thème des légendes celtiques est confiée à Ossip Zadkine, François Pompon, les frères Martel, Louis Niot, Raoul Lamourdedieu, l'Atelier Seguin, Joachim Costa, Georges Saupique, Georges Hilbert et Pablo Manès. Au lendemain de l'exposition internationale, la Pergola de la Douce France est concédée à la ville d'Étampes. Installée dans le parc de la Tour de Guinette en 1935, elle fait l'objet d'une restauration en 1995 avant son classement à l'inventaire des Monuments historiques en 1998. Déplacée en 2005, elle se trouve désormais dans le square de la Douce France. 

Les pièces déployées à travers le Musée Zadkine rendent notamment compte de l'importance de la participation d'Ossip Zadkine aux expositions internationales de 1925 et 1937. 


Ossip Zadkine - Tête de femme (1924) / Eileen Gray dans son appartement vers 1970
Ossip Zadkine - Torse d'hermaphrodite / Mobilier Eileen Gray - Marc du Plantier - André Groult
Ossip Zadkine - Tête d'éphèbe (1937) / Rebecca ou la grande porteuse (1927)

Thérèse Bonnet - Photographie Eileen Gray dans sa maison de couture (1924)


André Groult - Écran de cheminée - Miroir (vers 1925)
Ossip Zadkine - Buste de Nicole Groult (1929)
André Groult et Raoul Duffy - Chaise Institut (1933)

Eileen Gray - Panneau / Chaise pliable de terrasse (1930-33)
Ossip Zadkine - Tête de femme (1933)

En réponse à l'idée d'un art total, d'un art synthétique associant architecture et décor, l'Art déco entend intégrer des oeuvres aux structures fondamentales. Les oeuvres de Zadkine prennent place dans des intérieurs conçus par des représentants de ce courant. Le dernier volet du parcours de l'exposition "Zadkine Art déco", déployé dans l'atelier, éclaire les liens étroits noués entre le sculpteur et les créateurs des intérieurs Art déco. Il collabore avec Maurice Dufrène (1876-1955), ébéniste, architecte d'intérieur, chef décorateur, Paul Follot (1877-1942), ébéniste et décorateur, et plus particulièrement Eileen Gray (1878-1976), designer, architecte, Marc du Plantier (1901-1975), artiste, designer, André Groult (1884-1966), décorateur et designer.

Zadkine Art déco
Jusqu'au 12 avril 2026

100bis rue d’Assas - Paris 6
Horaires : Du mardi au dimanche de 10h à 18h - Fermé le lundi
Tél : 01 55 42 77 20



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.