Ailleurs : Tour des Sorcières à Sélestat, ancienne porte de la première enceinte défensive, tour à tour poste d'observation, réserve et prison où étaient enfermées les femmes soupçonnées de pactiser avec le diable

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La Tour des Sorcières à Sélestat, ancienne Niedertor ou porte basse, constituait l'un des éléments clé de la première enceinte défensive édifiée entre 1216 et 1230. Élevée au rang de ville au Moyen-Âge, Sélestat est fortifiée sous la direction du bailli Woelfelin, avec l'accord de l'empereur du Saint-Empire Frédéric II. Elle est modifiée à de nombreuses reprises, rehaussée, réhabilitée. Aujourd'hui, les deux premiers niveaux d'origine se caractérisent par leurs chaînes d'angles en grés ou granit en bossage. Tour à tour ouvrage défensif, poste d'observation, réserve, prison, la Tour des Sorcières multiplie les vocations au fil des siècles. Propriété de la commune, classé à l'inventaire des monuments historiques depuis 1929, elle ne se visite pas.


Circa 1900


Entrée de la ville de Sélestat sur la route menant à Strasbourg, la Niedertor subit un premier remaniement lors de la construction de la deuxième enceinte défensive de 1280, à l'occasion de laquelle est édifiée la Tour Neuve. Vers 1299, elle est surélevée de trois étages supplémentaires, conception à gorge ouverte afin de réduire les coûts de construction. Les trois murs tournés vers l'extérieur sont érigés en briques. La face intérieure de la fortification, conçue à pans de bois et tournée vers la ville, à l'abri des attaques extérieures n'est pas entièrement construite. La tour conserve, de nos jours, des éléments défensifs ajoutés à cette période sur la façade vers l'extérieur, notamment les corbeaux, soutiens des hourdages en bois. 

Au XVIIème, la tour modifiée pour s'adapter à ses nouvelles fonctions sert à la fois de réserve en partie basse et de prison, dans les trois étages. Les arches de franchissement sont murées lors du chantier de reconversion. Un mur de briques remplace la façade à pans de bois à gorge ouverte.

Dès le XVème siècle, une série de procès en sorcellerie dans le duché de Savoie, en Valais, initie en Europe "une chasse aux sorcières", la persécution et l'exécution des individus soupçonnés d'avoir rencontré des démons et pactisé avec le diable. Les campagnes de répression, qui visent en particulier les femmes à partir du XVIème siècle, connaissent leur apogée vers 1650 avant de progressivement disparaître. Au XVIIème siècle à Sélestat, la Tour Niedertor devient Tour des Sorcières, lieu de détention des femmes considérées comme hérétiques, arrêtées sur simple dénonciation et exécutées par le feu. 

En 1774, le rez-de-chaussée abrite une salpêtrière, où sont conservés salpêtre ou nitre, composants principaux dans la fabrication de la poudre à canon. Elle sert également de dépôt de matériel, nécessaire au service des fortifications.

Inscrite à l'inventaire des Monuments historiques par arrêté du 18 juin 1929, la Tour des Sorcières fait l'objet d'une protection patrimoniale dans son intégralité. 

Tour des Sorcières 
1 place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny - 67600 Sélestat



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.