Ailleurs : Hôtel de Chanlas à Sélestat, hôtel particulier remanié au XVIIème siècle, héritage patrimonial d'un domaine développé au XIIIème siècle

Crédit Caroline Hauer

L'Hôtel de Chanlas à Sélestat, reconstruit au XVIIème siècle, se compose de divers bâtiments développés dans un quadrilatère entre la rue des Sergents au Nord, la rue Paul-Déroulède au Sud et la rue des Franciscains. Des grilles ouvragées ornent l'entrée principale encadrée de baies closes par des vantaux de bois. Les passants glissent volontiers un regard indiscret sur le jardin à la française de la cour d'honneur. Le péristyle déploie quatre galeries à voûte en berceau qui reposent sur huit arcades. Une terrasse à balustrades de grés surmonte l'ensemble.

L'édifice fait l'objet d'une double protection patrimoniale par arrêté du 21 mars 1983. Le péristyle d'entrée avec balustrade est classé au titre des monuments historiques tandis que façades et toitures, hall d'entrée et plafond stuqué, escalier en pierre à balustrade, au premier étage, les deux petits salons d'angle et leur décor font l'objet d'une inscription. 




Le domaine sélestadien primitif sur lequel est construit l'Hôtel de Chanlas remonte au XIIIème siècle. La présence d'une bâtisse, propriété de Jean Schurpfensack, est mentionnée dans les archives, dès 1383. Celui-ci serait également le commanditaire du moulin adossé au rempart Sud détruit lors du siège de 1632, au cours de la Guerre de Trente ans.

Au XVème siècle, la noble famille alsacienne Rathsamhausen, branche de Kintzheim, acquiert le domaine qui demeure en sa possession durant un siècle. Protectrice de l'ordre mendiant fondé par saint François d'Assise, elle favorise l'implantation du monastère des Franciscains voisin.

Au XVIème siècle le colonel Jean-Frédéric de Worms, seigneur de Thanvillé, rachète la propriété qui devient hôtel de Thanvillé. Sa descendante Marie Mathilde de Thanvillé épouse, en secondes noces, au milieu du XVIIème siècle, François-Anne de Bazin, baron de Chanlas, gouverneur militaire de Sélestat. Elle apporte notamment en dot, le château de Thanvillé, ruiné lors du siège de Sélestat par les troupes suédoises en 1632, et la propriété sélestadienne. Désormais, la bâtisse principale est mentionnée dans les archives sous le nom d'Hôtel de Chanlas.

Vers 1670, l'Hôtel de Chanlas est vendu à deux frères afin de financer la restauration du château. Le premier, Georges Bourste, bailli de Châtenois nommé en 1663, emménage avec sa famille dans le bâtiment principal. Son beau-frère, Valentin Engel de Saint-Hippolyte se voit attribuer les dépendances, grange avec écuries et fenil, le jardin et le terrain libéré par l'incendie du moulin. Ses nouveaux occupants œuvrent à la modernisation des lieux. Georges Bourste fait transformer le corps de logis - maçonnerie de grès et de briques avec chaînes d'angles - sur un plan en équerre accessible par un péristyle. En 1681, il est honoré par la visite du souverain Louis XIV. 


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La porte ouverte sur la cour d'honneur se développe sur un attique encadré de deux colonnes de style dorique. Un modeste jardin à la française dont la terrasse est cernée d'une balustrade de grès précède un péristyle rectangulaire sous voûte en berceau composé de cinq arcades moulurées. Il donne accès à la cour.

Les ailes se distinguent par une conception de maçonnerie, briques et pans de bois, toits à longs pans brisés. Les autres dépendances sont construites en maçonnerie et pans de bois sous toits à longs pans, avec escalier extérieur en bois. Aile Nord, le décor intérieur, notamment les plafonds stuqués, les lambris et les cheminées des petits salons dateraient des années 1720-30. Aile Sud, le bâtiment avec cave haute et pièce à l'étage voit le jour entre la fin du XVIIIème siècle et le début du XIXème siècle.

De nouveaux propriétaires investissent l'ensemble au cours de la deuxième moitié du XVIIIème siècle. Les bâtiments sont loués aux Soeurs de la Croix, congrégation fondée au XIXème par Adèle de Glaubitz. Elles y établissent un orphelinat de jeunes filles en activité jusqu'en 1870.  

Hôtel de Chanlas 
1 rue des Franciscains - 67600 Sélestat



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.