L'Hôtel Dosne-Thiers, au 27 place Saint-Georges, coeur du quartier de la Nouvelle Athènes dans le IXème arrondissement, abrite aujourd'hui la Fondation Dosne-Thiers, musée-bibliothèque dédié à l'histoire de France du XIXème siècle. L'architecte Alfred-Philibert Aldrophe (1834-1895) dessine les plans de ce bâtiment désormais propriété de l'Institut de France. Il est édifié entre 1871 et 1873, pour Adolphe Thiers (1797-1877) - avocat, historien, ministre de la Monarchie de Juillet, président de la Troisième République - sur les ruines de sa résidence incendiée au cours de la Commune de Paris en 1871.
Côté place Saint-Georges, l'hôtel particulier de style Louis XVI néoclassique se compose d'un corps central au fronton pointu, flanqué de deux ailes, pavillons latéraux. Décor de refends au rez-de-chaussée, mascarons et agrafes autour des baies, pilastres corinthiens sur la travée centrale, balcons à garde-corps de ferronnerie et consoles de pierre rythment la façade. Au rez-de-chaussée, cinq salons, décors lambrissés et six mètres de hauteur sous plafond, se déploient sur 190m2. Ils ouvrent sur une cour arborée et le jardin Alex Biscarre. Au premier étage les anciens appartements de Félicie Dosne ont été convertis en salle Edouard Bonnefous destinées à accueillir conférences concerts réunions d'entreprise. Les anciens appartements d'Adolphe Thiers, conservés, sont devenus un espace muséal dédié à l'homme d'État. La salle Jacques Rueff, bibliothèque-salon, occupe les anciens appartements d'Élise Thiers. Les éléments les plus remarquables de l'Hôtel Dosne-Thiers désormais fondation, font l'objet d'une protection patrimoniale. Ils sont inscrits à l'inventaire des Monuments historiques par arrêté du 31 mars 2021.
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| Hôtel Dosne-Thiers par Charles-François Daubigny - 1846 |
La place Saint-Georges est créée dans le cadre d'une vaste opération immobilière, menée à partir de 1824 par la Société financière du quartier Saint-Georges, entreprise dirigée par le notaire Sensier, l'architecte Constantin, l'agent de change et promoteur Alexis Dosne (1789-1849). Alexis Dosne rachète les parts de Constantin en 1827 et se réserve une parcelle prestigieuse place Saint-Georges afin d'y faire construire un hôtel particulier. L'architecte Théodore Charpentier (1797-1869) imagine un édifice néoclassique au décor de colonnes à chapiteau dorique qui dispose d'un jardin privé à l'arrière de la parcelle.
Adolphe Thiers (1797-1877), modèle de Rastignac personnage d'Honoré de Balzac (1799-1850), est également l'une des sources d'inspiration de Bel-Ami de Guy de Maupassant (1850-1893). À la fin des années 1820, journaliste débutant, il entretient une liaison avec Sophie Dosne (1794-1869) épouse d'Alexis Dosne. Salonnière influente, elle devient sa protectrice. Elle imagine d'arranger un mariage avec sa fille aînée, Élise, alors âgée de quinze ans. Adolphe Thiers, trente-six ans, épouse la fille de sa maîtresse en 1833, dotée notamment de l'hôtel particulier situé place Saint-Georges.
Au lendemain de la chute de Napoléon III, Thiers, chef du pouvoir exécutif, ordonne la répression de la Commune par les troupes versaillaises. En représailles, le Comité de salut public de la Commune de Paris et Eugène Protot (1839-1921), avocat, délégué à la Justice de la Commune, ordonne l'incendie de l'Hôtel Dosne-Thiers le 11 mai 1871 et la confiscation des collections d'art. Elles sont déposées au palais des Tuileries à l'initiative de Gustave Courbet, président de la Commission des artistes et disparaissent dans l'incendie du 25 mai 1871. La Semaine sanglante, du dimanche 21 au dimanche 28 mai 1871, met fin à l'insurrection. La Commune est écrasée, ses membres exécutés en masse et les rescapés déportés.
Adolphe Thiers devient président de la République française. Il exerce du 31 août 1871 au 24 mai 1873. Il se fait accorder par l'État une indemnisation de plus d'un million de francs or afin de financer la reconstruction de son hôtel de la place Saint Georges. Il confie le chantier à l'architecte Alfred Aldrophe
En 1905, Félicie Dosne (1823-1906), seule héritière de la fortune familiale à la suite de la disparation de son beau-frère Adolphe Thiers et de sa soeur Élise Thiers, fait don de l'hôtel particulier de la place Saint-Georges à l'Institut de France.
Le cabinet de travail de Thiers a été conservé au premier étage sous la forme d'un espace hommage à vocation muséale. Frédéric Masson a légué le musée napoléonien à l'Institut de France. Certains éléments de cette collection sont exposés au rez-de-chaussée de l'Hôtel Dosne-Thiers.
Hôtel Dosne-Thiers
27 place Saint Georges - Paris 9
Métro Saint Georges ligne 12
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Bibliographie
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Éditions Hachette
Le guide du promeneur 9è arrondissement - Maryse Goldemberg - Éditions Parigramme
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