Paris : Square des Batignolles, une création haussmannienne caractéristique des grands travaux menés sous le Second Empire - XVIIème

 

Le square des Batignolles, jardin haussmannien, reprend les motifs développés au sein des grands espaces verts créés sous le Second Empire, à l'instar du parc des Buttes Chaumont ou de la réinvention d'anciennes forêts tel que remodelage du bois de Boulogne. Inauguré en 1867, vaste de 1,66 hectares, le square des Batignolles se déploie sur le modèle du jardin à l'anglaise, pelouses vallonnées, ruisseau alimenté par les eaux de la Seine, cascade, grotte, lac artificiel. L'esthétique exploite les reliefs, les accidents naturels du terrain. Le terrain nivelé s'adapte à l'esprit du jardin paysager et ses points de vue bucoliques. Des perspectives pittoresques se révèlent au bout d'allées sinueuses en réseau concentrique, propices à la flânerie. Le square des Batignolles s'inspire en particulier des Vosges et du Jura. Le choix de la végétation reflète de la variété de la nature, composition d'essences exotiques et locales. La profusion des spécimens invite au voyage, platanes d'Orient, noyers du Caucase, hêtres pourpres, féviers d'Amérique, saules tortueux, noisetiers de Byzance, frênes à feuilles d'Aucuba, un chêne rouge d'Amérique planté le 21 mars 1989, plaqueminiers du Japon, un plaqueminier lotier, classé arbre remarquable, des citronniers trifoliés, un séquoia géant. Manèges, balançoires, aires de jeux complètent le dispositif. 








Au début du XIXème siècle, le hameau des Batignolles séduit la petite bourgeoisie commerçante qui s'y fait construire des résidences secondaires. À l'emplacement du futur square Batignolles, se trouve un terrain vague dépôt de matériaux de démolition. En 1835, l'espace dégagé est proposé afin d'accueillir la nouvelle mairie des Batignolles. Qui ne sera jamais réalisée. Le terrain devient place de la Promenade, une place des fêtes où chaque année le 15 août se tient la fête patronale du village ainsi qu'une fête foraine de quinze jours. 

À partir de 1855, Napoléon III (1808-1873) charge le baron Haussmann (1809-1891), préfet de la Seine, de la modernisation de la ville. Il manifeste le souhaite de végétaliser la Capitale sur le modèle des squares londoniens. En 1860, à l'occasion de l'annexion des communes limitrophes au territoire de Paris, la commune de Batignolles-Monceau est rattachée à la ville. La place de la Promenade, clôturée par une grille avec portails en fer forgé, fait l'objet d'un projet de jardin. 

Adolphe Alphand, directeur du service municipal des Promenades et Plantations à partir de 1855, directeur des Travaux de la ville de Paris, imagine un jardin dont le vocabulaire formel reprend les codes des 24 espaces verts créés sous le Second Empire. Il collabore avec les ingénieurs Jean Darcel (1823-1906), Eugène Belgrand (1810-1878) et Eugène Homberg (1846-1925), les architectes Gabriel Davioud (1824-1881) et Alphonse Hugé (1820-1887) et le paysagiste Jean-Pierre Barillet-Deschamps (1824-1873). Le chantier du square des Batignolles débute en 1862. Le jardin inauguré en 1867est agrandi en 1894, extension le long de la voie ferrée de Saint Lazare. 








Sur la mare, pièce d'eau aménagée, se trouve une sculpture en pierre noire de Volvic, "Les Vautours", réalisée en 1930 par le sculpteur Louis de Monard (1873-1939). Sur la rive se trouve un "Monument à Léon Dierx" (1898), poète parnassien, par Léopold de Bony de Lavergne (1879-1932), installé en 1930 au sein du square. Les socles vides perpétuent la mémoire des bronze fondus durant l'Occupation par les Allemands. La petite serre construite en 1996 au sommet de la colline sert ponctuellement d'espace d'exposition.

Le square des Batignolles attire une faune variée héron cendre, canard colvert, poule d'eau, bernache du Canada, martin-pêcheur. De 2012 à 2019, il abrite un pigeonnier dans l'espoir de réguler la prolifération des pigeons. En 2012, grilles et portails sont déposés afin de faire l'objet d'une restauration à l'identique. 








Cadre privilégié, le square des Batignolles a inspiré de nombreux artistes, les peintres Albert André (1869-1954), Édouard Vuillard (1868-1940). Émile Zola qui habite au 14 rue de la Condamine, le mentionne dans "La bête humaine" (1890) ou "L'oeuvre" (1886). En 2007, la municipalité donne le nom de Barbara (1930-1997), chanteuse née dans le quartier, à l'allée centrale du square.

Square des Batignolles
144bis rue Cardinet / place Charles Fillion - Paris 17
Métro Brochant ligne 13



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du promeneur 17è arrondissement - Rodolphe Trouilleux - Éditions Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Éditions Hachette
Grammaire des jardins parisiens - Dominique Jarrassé - Éditions Parigramme