Ailleurs : Ancienne Graineterie Delepierre sur la Grand'Place de Béthune, association des styles historiciste et régionaliste mâtinés d'Art déco caractéristique de la reconstruction du centre-ville dans les années 1920


L'ancienne Graineterie Delepierre, dont le nom figure toujours sur la façade, est devenue un pub prisé de la Grand'Place de Béthune. Édifiée en 1922, dans le cadre de la reconstruction du centre-ville détruit lors de la Première Guerre, la bâtisse est conçue sur les plans de Paul Dégez (1890-1966). La vocation première de l'édifice perpétue la tradition du marché aux graines qui se tenait sur la Grand'Place. À l'occasion de la réinvention de cette dernière entre 1921 et 1927, les architectes prennent le parti d'une esthétique régionaliste, un style pittoresque contraint par le respect du parcellaire originel. Son étroitesse donne naissance à un bâti marqué par la verticalité.

Dans le cas de la Graineterie Delepierre, Paul Dégez opte pour une architecture historiciste inspirée par la Renaissance flamande, associant régionalisme et Art déco. Un grand pignon aux ailerons à volutes couronne la maison. Fenêtres à meneaux et lucarnes à fronton échancré ponctuent une façade symétrique et polychrome au décor de mosaïque, médaillons bleus et orange, cartouches à cuir maniéristes. Le rez-de-chaussée se distingue par une ouverture soutenue par des piliers de béton. 






À la veille de la Première Guerre Mondiale, Béthune ville commerçante florissante compte de nombreux marchés depuis le Moyen-Âge. Sa position géographique, au carrefour des voies navigables et ferroviaires, soutient cette prospérité à laquelle s'ajoute le rôle de centre administratif avec la sous-préfecture, le tribunal, la justice de paix. 

Les bombardements de la Grande Guerre affectent durablement le paysage de la région, épicentre des combats. Au printemps 1918, Béthune est quasiment rasée. Huit architectes, attachés à des Sociétés Coopératives de Reconstruction, président la reconstruction du centre-ville. Maurice Mulard (1883-1954), architecte en chef des Régions libérées élabore en 1919, le plan d’aménagement, d’embellissement et d’extension de Béthune. L'architecte Louis-Marie Cordonnier (1854-1940), restaurateur et auteur de nombreux édifices dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais, en charge notamment de la réédification de l’église Saint-Vaast de Béthune, coordonne le chantier.

Sept autres architectes interviennent, à commencer par Jacques Alleman, architecte de l’Hôtel de ville et des maisons particulières voisines. L’architecte Léon Guthmann intervient sur les façades du secteur nord-est de la Grand'Place, notamment l’Hôtel du Vieux Beffroi, et la reconstruction des commerces de la rue des Treilles. Marcel Gillon s'illustre rue d’Arras. Gustave Sarrut est chargé du secteur sud-est de la place et d’une partie de la rue Sadi-Carnot. René Evard s’occupe des secteurs périphériques.






Paul Dégez, architecte des Monuments Historiques, mène la restauration du beffroi de Béthune, et la reconstruction des façades situées au nord de la Grand'Place ainsi que la Chambre de Commerce et d’Industrie, en collaboration avec son père. Héritier d'une lignée d'architecte locaux, fils de Tiburce Dégez (1848-1933), petit-fils d'Augustin Dégez (1815-1892), Paul Dégez embrasse la tradition familiale. Élève à l'École régionale d'architecture de Lille, il poursuit sa formation à l'École des beaux-arts de Paris, où il intègre l'atelier de Gabriel Héraud. Collaborateur au sein du cabinet d'architecture de son père dès 1914, puis indépendant, Paul Dégez participe de la reconstruction de Béthune au lendemain de la Première Guerre Mondiale. Il s'illustre dans le cadre de la restauration du beffroi de Béthune, la réalisation de la Caisse d’Épargne, du théâtre municipal ou encore de la Chambre de Commerce

Graineterie Delepierre 
41 Grand Place / rue Albert 1er - 62400 Béthune




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.