Ailleurs : Beffroi de Béthune, emblème de la commune et de la région depuis le XIVème siècle


Le Beffroi de Béthune, emblème de la commune et de la région, dresse sa silhouette familière au coeur de la ville depuis le XIVème siècle. Classé par liste aux monuments historiques depuis 1862, il est inscrit sur la liste du Patrimoine mondial de l'Unesco depuis le 15 juillet 2005, à l'instar de vingt-trois beffrois des Hauts-de-France, de Picardie et de Belgique. 

La tour carrée, flanquée de tourelles hexagonales, est surmontée d'un campanile haut de 17 mètres. Elle culmine à 33 mètres. Au sommet, se trouve une girouette dragon, surnommée Beffy. Le beffroi, considéré comme le "clocher des marchands", clocher laïc, symbole des libertés communales et de la prospérité économique, a été modélisé pour créer le logotype de l'ancienne région Nord-Pas-de-Calais. Ses façades agrémentées de gargouilles sont scandées par trois tourelles d'angle. 

Le Beffroi de Béthune se déploie sur cinq niveaux dont les élévations sont accessibles par un escalier de cent-trente-trois marches. Au premier étage, la salle des échevins au décor remarquable, sert de lieu de réunion des magistrats municipaux depuis le Moyen-Âge jusqu'en 1918. Le deuxième, salle du guetteur était occupé par le logis de la sentinelle. Le troisième palier, la salle du carillon est consacrée aux trente-cinq cloches. Le quatrième donne accès au chemin de ronde et à la salle de l'horloge, où se trouve le mécanisme qui enclenche les mélodies. La tyrolienne de Guillaume Tell joue à l'heure, le furet du Bois joli au quart, le P'tit Quinquin à la demie et le Pays d'Artois aux trois-quarts. 








La Grand Place de Béthune, centre géographique, politique et historique de la ville a connu de nombreuses évolutions à travers les siècles et en particulier une reconstruction complète dans un style Art Déco au lendemain des destructions subies durant la Première Guerre Mondiale. Le beffroi a survécu aux aléas de l'histoire. 

La première tour en bois édifiée en 1346 sert de poste d'observation alors que la Guerre de Cent ans (1337-1453) fait rage dans la région. Il s'y gère également les franchises communales, libertés coutumières accordées aux marchands de la ville par les comtes d'Artois. Le beffroi originel disparait dans un incendie. La population se mobilise dans la défense de la cité contre les attaques des armées flamandes. En 1388, le marquis Guillaume Ier de Namur (vers 1324-1391), qui combat aux côtés des Anglais, accorde, en remerciement, la reconstruction d'une tour pérenne en grés, avec droit de cloche et de prison. En 1437, le beffroi originel est surélevé d'un troisième étage. 

À partir de 1500, Béthune se trouve sous domination des Habsbourg espagnols. Charles Quint (1500-1558) accède au trône du saint empire romain germanique en 1515. Son administration prend des mesures afin de moderniser la ville, fortifications renforcées, déplacement de l'église Saint-Vaast au sein de l'enceinte fortifiée, aménagement du canal de la Lawe. La ville connait une véritable expansion au développement de l'industrie drapière et du commerce du grain.

En 1546, les échevins font installer six cloches organisées en carillon. Les cloches de Thérouanne viennent compléter l'ensemble en 1553. Une girouette en forme de dragon est placée au sommet du campanile en 1564. Un siècle plus tard, en 1664, un incendie ravage les bâtiments de la Halle aux draps développés autour du beffroi. Du XVIIIème siècle jusqu'au début de la Première Guerre Mondiale, un pâté de maison dense vient occuper les espaces libérés par cet accident.

Trente-six nouvelles cloches, installées par un campaniste, Philippe le Corsin, professionnel de la conception, la réalisation, l'installation, la restauration et l'entretien des cloches et horlogeries, viennent remplacer le carillon originel en 1773. 








La partie supérieure du beffroi de Béthune fait l'objet d'une campagne de restauration en 1907. Lorsque la Première Guerre Mondiale éclate, sept ans plus tard, la région du Nord se trouve au cœur du conflit. Durant quatre années, le territoire devient une zone de bombardements intenses. La ville de Béthune fait appel à un guetteur spécifique en charge de la surveillance du beffroi afin de prévenir les risques d'incendie.

Les bombardements de mai 1918 détruisent une grande partie de la cité. Un incendie ravage partiellement le beffroi. Le campanile et le carillon sont démolis, les murs de grés sont lézardés par la chaleur du feu. Le pâté de maison aux alentours est dévasté. 

Au lendemain de l'armistice, la municipalité planifie la reconstruction de la ville quasiment entièrement rasée. Le chantier est coordonné par l'architecte Louis-Marie Cordonnier (1854-1940), restaurateur et constructeur de nombreux édifices dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Il suggère d'intégrer le beffroi au nouvel hôtel de ville. Mais le projet est rejeté, au profit d'une disposition plaçant le beffroi au centre de la nouvelle Grand Place et isolé des autres bâtiments. 

Sous l’autorité de Pierre Paquet (1875-1959), architecte en chef des Monuments Historiques, l'architecte municipal Paul Degez (1890-1966) est chargé de la restauration du beffroi. Il intervient également sur la Caisse d’Épargne, le théâtre municipal et la Chambre de Commerce. Les travaux, qui débutent en 1921 et s'achèvent en 1923, portent sur la reprise en sous-œuvre et la reconstruction de la partie supérieure du beffroi, le campanile et des toitures. Suit ensuite la réfection des façades grâce aux pierres de grés prélevées sur les ruines de l'ancienne église Saint Vaast détruite lors des bombardements. Les établissements Henri Lefaute interviennent pour redonner au beffroi une horloge et un carillon Bollée, dispositif mis en place au cours de l'année 1928 et inauguré officiellement le 6 octobre 1929. Sur la plus grosse cloche est gravé l'inscription suivante : « Vigilante est mon nom. Je remplace Joyeuse, détruite par la guerre et du haut du beffroi je sonne la paix, à la gloire et à l’avenir de Béthune reconstitué ». Un nouveau carillon formé de trente-cinq cloches est installé en 1951.

La Fondation du Patrimoine a permis récemment de mener une restauration d'envergure de l'édifice. La première étape débute en 2020 et concerne la révision de la charpente, la restauration des intérieurs et de la partie haute du monument, la restauration des maçonneries et des intérieurs. En 2022, les restaurateurs se penchent sur le carillon et la cabine du carillonneur.

Beffroi de Béthune
Grand Place - 62400 Béthune 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.