Ailleurs : Chapelle de la Trinité du château de Fontainebleau, remarquable exemple de chapelle royale au décor originel préservé

 

La chapelle de la Trinité du château de Fontainebleau se distingue par l'opulence de ses décors peints, rare exemple de chapelle royale préservée dans son programme décoratif initial. Le château de Fontainebleau compte trois chapelles, destinées à l'origine aux offices religieux quotidiens. Édifiées sous François Ier (1494-1547), sur le modèle des chapelles palatines distribuées sur deux niveaux, elles sont surplombées par une tribune dédiée au souverain. La chapelle de la Trinité remplace, au XVIème siècle, sous François Ier (1494-1547), l'ancienne église conventuelle des Trinitaires. Henri IV (1553-1610) confie la réalisation des décors peints, notamment de la nouvelle voûte, au peintre Martin Fréminet (1567-1619).








En 1259, Saint Louis établit, à Fontainebleau, l'ordre rédempteur des Trinitaires. Le couvent se compose alors d'une chapelle, d'un logis, de la maison du chapelain, d'un jardin, d'un clos et d'un étang, autant d'éléments qui seront abattus ou intégrés à la future structure du château de Fontainebleau. La chapelle médiévale originelle est rasée à l'occasion du grand chantier de transformation du site de Fontainebleau initié sous François Ier. Reconstruite, elle devient chapelle de la Trinité. Les travaux débutent sous François Ier et s'achèvent sous le règne d'Henri II (1519-1559). Le nouvel ouvrage sera rattaché au château par l'aile de la galerie François Ier. 

Francesco Scibec de Carpi (XVIème siècle), ébéniste italien arrivé en France en 1530, collaborateur des artistes de la Première École de Fontainebleau, conçoit la tribune sur colonnes de marbre. En 1557, Philibert Delorme (1514-1570) réalise deux oratoires pour Henri II et Diane de Poitiers. Ils seront détruits en 1605 lors de la création des voûtes en berceau, compartimentées et encadrées de moulures en stuc. Les travaux d'embellissement initiés sous Henri IV se poursuivent sous la régence de Marie de Médicis de 1610 à 1614, et s'achèvent sous le règne de Louis XIII en 1633. 

Formé par son père, Martin Fréminet affine ses connaissances au cours d'un voyage en Italie, Rome, Venise, Turin, entrepris en 1587. L'influence de Michel-Ange marque particulièrement son esthétique. Il acquiert une réputation flatteuse. Remarqué par Henri IV, le souverain le charge de la conception des décors peints de la chapelle. Martin Fréminet, nommé "peintre et valet de la chambre du roi" en 1603-04, s'installe à Fontainebleau vers 1606 où il travaille, de 1608 à 1633, au programme décoratif de la chapelle, grand œuvre de sa carrière. Rattaché à la Seconde École de Fontainebleau, considéré comme l'un des derniers peintres maniéristes, son style préfigure le baroque.








Martin Fréminet exécute six compositions d'envergure pour les voûtes. Les peintures à l'huile sur plâtre mettent en scène le mystère de la Rédemption de l'Homme : "L'Apparition de Dieu à Noé" au-dessus de la tribune, "La chute des anges rebelles", "Le Christ du Jugement dernier, entouré des sept premières intelligences et de la Justice" au centre, "L’envoi de l’ange Gabriel par Dieu en vue de l’Incarnation", "L’assemblée des Justes aux limbes en attendant la venue du Fils de Dieu" et "L'Annonciation" derrière le maître-autel. 

Autour des grandes scènes de la voûte, Fréminet ajoute entre 1608 et 1619 des représentations des quatre éléments, des dix vertus, ainsi que des personnages de l'ancienne Loi, huit rois d’Israël et de Judée, des figures de patriarches et de prophètes. Pour les trumeaux entre les fenêtres, Fréminet réalise quatorze scènes de la vie du Christ, remplacées sous Louis XVI par des tableaux reprenant les mêmes sujets. Fréminet sera, au gré des époques et des goûts, tour à tour célébré pour son inventivité décorative, la virtuosité des compositions et critiqué pour la crudité des couleurs, l'extravagance des scènes, les libertés et les outrances. 

Le sculpteur italien Francesco Bordoni (1580-1654), également auteur du dallage en marbre multicolore au sol, réalise le maître-autel en 1633 ainsi que les statues de rois qui l'entourent, saint Louis à droite de l'autel sous les traits de Louis XIII, et Charlemagne à gauche sous les traits de Henri IV.  Autel et tabernacle d'origine ont été transférés à la Révolution au sein de l'église paroissiale de Fontainebleau. 








Jean Dubois le Vieux (1604-1676) peint en 1642 le tableau d'autel, "La Sainte Trinité au moment de la déposition de croix", auquel est associé un dessin "La Madeleine éplorée", acquis par dation par le département des Arts graphiques du Musée du Louvre dans les années 1990. 

Le menuisier Jean Maujan collabore avec Robert Andry en 1629 afin de produire boiseries et les grilles des chapelles. Barthélémy du Tremblay (1568-1629) imagine des peintures, achevées par son gendre Germain Gissey (1594-1640), aidé de Jean Bertrand et Robert Cammel. Le facteur François-Henry Clicquot (1732-1790) réalise l'orgue, toujours en place, en 1774

La chapelle de la Trinité accueille différents mariages prestigieux notamment celui de Marie-Louise d'Orléans avec Charles II d'Espagne représenté par le prince de Conti en 1679, de Louis XV et Marie Leszczyńska en 1725, de Ferdinand-Philippe d'Orléans avec Hélène de Mecklembourg-Schwerin en 1837. C'est également ici que se déroule le baptême du prince Louis-Napoléon Bonaparte, futur Napoléon III, en 1810. 

Chapelle de la Trinité 
Château de Fontainebleau 
Place du Général de Gaulle - 77920 Fontainebleau 
Tél : +33 1 60 71 50 70
Horaires : Mercredi au lundi de 9h30 à 17h - Fermé le mardi 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.