Paris : Église Saint Christophe de Javel, un lieu de culte placé sous le vocable du patron des voyageurs, au coeur de l'ancien fief de l'industrie automobile parisienne - XVème

 

L'église Saint Christophe de Javel, placé sous le vocable du patron des voyageurs, dresse sa singulière silhouette, façade de briques et décor de béton sculpté, au coeur du quartier de Javel. L'auteur des plans, l'architecte Charles-Henri Besnard (1881-1946), formé auprès d'Anatole de Baudot et de Viollet-le-Duc, est influencé par le rationalisme de ses maîtres. Il innove avec un édifice de béton armé, constitué d'éléments préfabriqués en usine ainsi qu'à pied d'oeuvre puis assemblés sur le chantier afin réduire coût et temps de construction. L'esthétique de l'église Saint Christophe de Javel se rapproche du mouvement néogothique. Au fronton, se trouve un saint Christophe en béton armé signé Pierre Vigoureux (1884-1965). En façade, une série de décors peints par Henri-Marcel Magne (1877-1944) représente saint Christophe venant au secours des voyageurs.

Église, façades et toitures des bâtiments annexes du centre paroissial, sont inscrits à l'inventaire des Monuments historiques par arrêté du 15 janvier 1975.








En 1860, la commune de Javel est rattachée au territoire de la ville de Paris. Le curé de la paroisse Saint Jean Baptiste de Grenelle initie la construction d'une chapelle rudimentaire en bois en 1864. Le percement de la rue de la Convention entraîne la démolition de ce premier édifice en 1890. Le culte se poursuit dans un hangar désaffecté jusqu'en 1898, année à laquelle une nouvelle chapelle Saint Alexandre est inauguré, le 7 août, à l'emplacement occupé par l'actuelle église Saint Christophe de Javel. La communauté des fidèles est érigée en paroisse en 1907. Le lieu se trouve rapidement trop exigu. 

Au début du XXème siècle, de nombreuses usines liées à l'industrie automobile s'installent aux abords du quai de Javel, notamment l'usine Citroën en 1915 qui produit des obus avant de retrouver une production civile importante à partir de 1919. La population s'accroit tandis que se développe un quartier fortement ouvrier. En 1920, l'archevêché de Paris envisage sous l'impulsion du curé de Saint Antoine de Grenelle de remplacer l'ancienne chapelle par une église d'importance. Idée originale, une campagne invite alors tous les automobilistes à participer au financement par le versement d'une somme équivalente à un bidon d'essence. Une souscription permet de réunir les 3 millions de francs nécessaires. 








Charles-Henri Besnard fait la démonstration d'une conception moderniste de la construction en utilisation la technique novatrice des éléments préfabriqués qui sont assemblés par l'entrepreneur Fourré et Rhodes. L'architecte imagine un plan traditionnel en croix latine. La modernité de l'ouvrage et de son mode de construction préfabriqué se manifeste dans la structure intérieure, fins piliers cruciformes, voûtes de la nef autoportantes. Seule la tribune fait l'objet d'un moulage traditionnel. Henri-Marcel Magne peint les décors de la voûte du choeur qui représentent saint Christophe et les moyens de transport modernes, automobile, train, paquebot, ballon ainsi que les douze cartons des vitraux. Les décors des bas-côtés, toiles marouflées peintes à la cire, œuvres de Jac Martin-Ferrières (1893-1972), retracent la vie de saint Christophe. 

L'ancien maître-autel est surmonté de trois panneaux de verre moulé, réalisés par les maîtres-verriers Max et Jean Braemer. Les confessionnaux sont surmontés de linteaux en bas-reliefs représentant les vices et les vertus, d'après des dessins de Roubille, illustrateur et caricaturiste montmartrois. En 1969, le vitrail de Jacques Gruber (1870-1936), l'Assomption est remplacé par une verrière abstraite de Jean-Louis Rousselet. En 1985, Dominique Kaeppelin réalise un crucifix et un autel où figure la Cène, ensemble complété en 2001 par un ambon.









La première pierre posée en 1921, le chantier s'engage avec la construction du presbytère, de la chapelle de la Vierge et le clocher. L'édification de l'église elle-même débute en 1926. Les panneaux de béton préfabriqués sont moulés en grande partie à pied d'oeuvre et montés par l'entreprise. Le cardinal Verdier, archevêque de Paris bénit l'église le 26 octobre 1930. Les décors intérieurs de la nef sont achevés en 1933.

Église Saint Christophe de Javel 
28 rue de la Convention - Paris 15
Horaires : Ouvert tous les jours de 8h à 19h30
Métro Javel ligne 10




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du promeneur 15è arrondissement - Florence Chaval - Éditions Parigramme
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Éditions Rivages
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouilleux - Parigramme