Expo Ailleurs : Oudry, peintre de courre. Les chasses royales de Louis XV - Château de Fontainebleau - Jusqu'au 27 janvier 2025

 

Jean-Baptiste Oudry (1686-1755), peintre, graveur, acquiert, au XVIIIème siècle, une renommée importante à travers toutes les cours d'Europe. Sont particulièrement prisées ses représentations des chasses royales, ses portraits de chiens et les illustrations des Fables de la Fontaine, gravures devenues références dans l'histoire de l'art. Formé dans l'atelier de Nicolas de Largillière (1656-1746), auprès duquel il acquiert une grande précision du trait, Oudry débute sa carrière en portraiturant les aristocrates de la cour de Louis XV. En parallèle, il compose des tableaux d'histoire aux sujets religieux. Professeur à l'Académie royale devenu peintre ordinaire de la vénerie royale, Jean-Baptiste Oudry suit les chasses de Louis XV et réalise de nombreuses études en forêt de Compiègne. Il met sa dextérité au service de l'expressivité qui tend vers une forme d'anthropomorphisme. Il insuffle des émotions humaines aux animaux, rend compte de leur personnalité. Le peintre révèle une habileté particulière dans le traitement du velouté des pelages, de la moire des plumes. Le souverain remarque ce talent et lui confie une commande d'envergure, la réalisation des cartons modèles de la tenture des "Chasses royales ". Cette série de tapisseries destinée à la résidence de Compiègne, est tissée à la Manufacture des Gobelins dont Oudry est directeur, dans l'atelier de Mathieu Monmerqué, entre 1736 et 1746. 

Pour la première fois, l'exposition "Oudry, peintre de courre. Les chasses royales de Louis XV" présente en regard certains éléments de la tenture des "Chasses royales de Louis XV" et les modèles. Sur les neuf cartons, neuf épisodes de chasse, huit sont exposés depuis 1835 dans l'escalier de la Reine et les appartements des Chasses, exceptionnellement ouverts à l'occasion de l'exposition. Quatre des cartons ont fait l'objet d'une campagne d'analyses scientifiques et de restauration fondamentales durant trois ans sous la houlette du Centre de rechercher et de restauration des musées des France (C2RMF).

Orchestrée par les commissaires, Oriane Beaufils, conservatrice du patrimoine, directrice des collections de la Villa Ephrussi de Rothschild et Vincent Cochet, conservateur en chef du patrimoine au château de Fontainebleau, l'exposition "Oudry, peintre de courre" rend compte du travail pictural du peintre dans toute sa variété et sa richesse.








Depuis 1835, le château de Fontainebleau conserve la plus importante collection d'oeuvres de Jean-Baptiste Oudry, notamment les cartons, travaux préparatoires, de la tenture des "Chasses royales". Le peintre s'illustre dans son rôle officiel de portraitiste des chiens la meute royale, ses natures mortes animalières et ses scènes de chasse à courre vibrantes. 

Le XVIIIème siècle marque apogée de la vénerie, l'art de courir le cerf. Cette activité, pratique prestigieuse, hiérarchisée, acquiert une importance particulière, du fait de la passion dévorante de Louis XV. Les chasses royales représentent 1/5 du budget du royaume de France. Les séjours de la cour organisés en fonction des réserves de gibier à travers les domaines royaux de Chantilly, Compiègne, Sénart, Saint-Germain-en-Laye, Fontainebleau. Le souverain chasse au moins trois fois par semaine, tous les jours lorsqu'il réside au château de Fontainebleau. Le roi a développé un double intérêt sportif et scientifique. Il manifeste la précision des connaissances dans son désir de transmission. Les traités de vénerie se diffusent largement à travers toute l'Europe. 

Le domaine giboyeux bellifontain, favori des rois depuis le XIIème siècle, a connu une destinée prestigieuse. Le relais de chasse originel devient palais Renaissance sous François Ier (1494-1547). Les annexes destinées aux équipages, écuries, chenils, dépendances dédiées à la vénerie prennent toute leur importance. Sous Louis XV, équipages et meutes pléthoriques nécessitent des structures d'envergure.









En 1725, les princes de Condé commandent auprès de Jean-Baptiste Oudry, un triptyque cynégétique destiné au château de Chantilly. L'oeuvre plait beaucoup. Afin d'immortaliser les parties de chasses royale, Louis XV fait appel au peintre qui est rémunéré sur la cagnotte du roi. Tout d'abord, peintre des chiens et de la meute royale, il réalise des "têtes bizarres" à visée documentaires, tableaux d'animaux présentant des particularités.

Jean-Baptiste Oudry peint ses premières grandes compositions à travers lesquelles il retranscrit des atmosphères, frénésie de la course à la travers la forêt, dimension tragique de la mort du gibier, énergie de la meute. Professeur à l'Académie royale, il est nommé par l'intendant des Finances Louis Fayon (1690-1744), directeur et financier en charge du rétablissement de la Manufacture de Beauvais, concession du privilège confirmée par lettres patentes en 1734, poste de directeur officialisé en 1736. 

Le projet de la tenture "Les Chasses royales", composée de neuf tapisseries, prend forme dès 1733. Jean-Baptiste Oudry s'attelle aux travaux préparatoires, tableaux préliminaires à échelle. Il peint des paysages de forêt, la meute, l'équipage de vénerie. Sa palette originale, la finesse du trait et son talent pour capturer la personnalité des animaux confèrent un réalisme particulier à ces oeuvres. Les cartons se distinguent par la précision et la minutie des détails.








La passion royale pour la chasse et le talent de Jean-Baptiste Oudry lance la mode des motifs cynégétiques. Ces créations reproduites sont largement diffusées, tandis que l'omniprésence des amples décors dont il est l'auteur au sein des divers domaines royaux, lui assure une réputation flatteuse. Son travail influence profondément les arts décoratifs et l'exposition qu se tient au château de Fontainebleau présente des objets variés dans la lignée, porcelaine, orfèvrerie, livres.

Oudry peintre de courre. Les chasses royales de Louis XV
Jusqu'au 27 Janvier 2025

Château de Fontainebleau
Place du Général de Gaulle - 77920 Fontainebleau 
Tél : +33 1 60 71 50 70
Horaires : Mercredi au lundi de 9h30 à 17h - Fermé le mardi 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.