Expo Ailleurs : Louise d'Orléans, première reine des Belges - Cabinet des arts graphiques du Musée Condé - Château de Chantilly - Jusqu'au 16 février 2025

Charlotte de Belgique (vers 1844) - Atelier Franz Xaver Winterhalter / Louise reine des Belges (après 1841) - Atelier Franz Xaver Winterhalter
Portrait en buste de la reine Louise-Marie (1850) - Joseph Leroy


Louise d'Orléans (1812-1850), princesse méconnue du grand public, fille aînée de Louis-Philippe, soeur d'Henri d'Orléans, duc d'Aumale héritier du château de Chantilly, fait l'objet d'une exposition hommage. Elle épouse en 1832, Léopold Ier, roi des Belges (1790-1865), de la maison de Saxe Cobourg et Gotha. Ce mariage lui confère, dès lors, un rôle historique dans la construction d'une nation émergente, sur le plan politique, diplomatique et culturel. De son vivant surnommée "Reine bien-aimée", elle retombe dans l'oubli, éclipsée par le destin tragique de sa fille Charlotte, archiduchesse d'Autriche et éphémère impératrice du Mexique.

Collaboration entre la Belgique et la France, l'exposition "Louise d'Orléans, première reine des Belges" a vu le jour grâce au partenariat initié entre le Musée Condé et les institutions culturelles de la Province de Namur. L'association des prêts issus des collections royales belges, et les chefs-d’œuvre des réserves de Chantilly éclairent cette figure sous un angle inédit au sein du Cabinet d'arts graphique et dans la galerie de Psyché. L'exposition, placée sous le commissariat de Julien De Vos, conservateur général, directeur du service des Musées et du Patrimoine culturel de la Province de Namur et Mathieu Deldicque, conservateur en chef du patrimoine, directeur du musée Condé et du musée vivant du cheval, Château de Chantilly, invite à redécouvrir une princesse, férue d'art et de politique, une reine au destin romantique, marqué par les drames. 



Louise d'Orléans - Ary Scheffer (vers 1836)

Louise d'Orléans (1827) - Mattéo Picasso
Les filles du roi (1832) - Achille Devéria
Les princesses Louise, Marie et Clémentine (vers 1832) - Joséphine Clarke
La famille d'Orléans (vers 1825) - Anonyme

La famille d'Orléans : la reine Marie-Amélie, la princesse Louise, la princesse Marie, 
le duc d'Orléans, le duc de Nemours et le prince de Joinville (vers 1825) - Anonyme

Mobilier des Salon Blancs du Palais royal de Bruxelles
Le mariage de Léopold Ier, roi des Belges et Louise d'Orléans (1837) - Joseph-Désiré Court
Louise d'Orléans, reine des Belges (vers 1837) - Claude-Marie Dubufe

Portrait de Louise d'Orléans reine des Belges (vers 1833) - Joseph Désiré Court


L'exposition "Louise d'Orléans, première reine des Belges" témoigne du souhait des équipes du musée Condé de valoriser les figures féminines dans les collections. Évocation sensible et intime, l'évènement réunit soixante-dix oeuvres et objets, aquarelles, huiles, portraits officiels placés en regard des créations personnelles de la famille ainsi que d'émouvants éléments du quotidien tels que des chaussons de bal, un ensemble mobilier, cadeau de mariage de ses parents, conçus sous Napoléon et destinés à l'origine à l'ameublement des palais impériaux. De rares bustes familiaux, réalisés par Clémentine d'Orléans, soeur cadette de Louise ponctuent également le parcours. 

Des bijoux de sentiment, acquisition récente du musée Condé, complètent cette évocation vibrante, une paire de bracelets offerte par la reine Victoria (1819-1901) à l'occasion de l'anniversaire de Louise d'Orléans en 1844. Un premier bracelet aux pendants est formé d'yeux en miniature d'après les portraits de Winterhalter. Un second bracelet aux médaillons en forme de coeur dans lesquels sont conservés des mèches de cheveux s'orne de pierres précieuses dont les premières lettres forment un prénom. Épistolière acharnée jusqu'à la graphomanie, Louis d'Orléans laisse une abondante correspondance entretenue avec sa famille, les artistes qu'elle soutient, ainsi que les grandes figures des cours d'Europe. L'étude des 30 000 lettres recensées a permis de retracer l'origine de nombreux objets. 

Dans l'intimité d'une famille royale, la première salle du Cabinet d'arts graphiques du musée Condé évoque la jeunesse par une série d'aquarelles. Les enfants de Louis-Philippe reçoivent une éducation complète, lettres, sciences, langues et art. Les trois filles, Louise, Marie et Clémentine suivent des cours de dessin et de peinture auprès d'Ary Scheffer (1795-1858). Louise s'exerce en copiant des fleurs de Pierre-Joseph Redouté (1749-1840)  Lors de ses nombreux voyages à travers l'Europe, elle marque un intérêt prononcé pour l'histoire et l'architecture. 


Troupe de dragons devant les Tuileries (1832) - Eugène Lami
Voiliers dans un port (1827) - Théodore Gudin

Le duc et la duchesse d'Orléans avec leurs deux premiers enfants - Anonyme (1812)
Le duc et la duchesse d'Orléans avec leurs deux premiers enfants, le duc de Chartres à genoux et la princesse Louise (1812) - Anonyme

Le sommeil de Jésus ou Le mariage mystique de sainte Catherine d'Alexandrie (1834) - François-Joseph Navez
Léopold, duc de Brabant (1844) - Franz Xaver Winterhalter
Charlotte de Belgique (vers 1844) - Atelier Franz Xaver Winterhalter 
Louise, reine des Belges (après 1841) - Atelier Franz Xaver Winterhalter
Portrait en buste de la reine Louise-Marie (1850) - Joseph Leroy

Léopold, duc de Brabant (1844) - Franz Xaver Winterhalter
Charlotte de Belgique (vers 1844) - Atelier Franz Xaver Winterhalter 
Louise, reine des Belges (après 1841) - Atelier Franz Xaver Winterhalter

Buste de Léopold II, roi des Belges enfant (1837) - Marie d'Orléans
Buste de Louise d'Orléans, reine des Belges (1837) - Marie d'Orléans


Louis-Philippe accède au trône de France en 1830. Louise d'Orléans est promise à Léopold Ier, de vingt-deux ans son aîné, veuf depuis quatorze ans, de réputation austère. En 1832, le mariage politique positionne deux nations fragilisées par les soubresauts de l'histoire la Belgique émergente et la France de la Monarchie de Juillet, dans le concert des nations européennes. Déchirement de la séparation, Louise écrit chaque jour à sa famille, en particulier à sa soeur Marie mais embrasse pleinement son rôle dans la fondation d'une dynastie. Devenue reine des Belges, elle entretient son goût des arts, inclinaison partagée par l'ensemble de sa fratrie en particulier Ferdinand, duc d'Orléans, Clémentine, princesse de Saxe-Cobourg-Kohary, et Henri, duc d'Aumale. Louis d'Orléans initie une collection royale en Belgique et soutient par son mécénat, sa proximité avec les artistes, la naissance du mouvement romantique belge. Elle découvre Franz Xaver Winterhalter à Paris qu'elle introduit auprès de la famille d'Orléans. 

L'exposition "Louise d'Orléans, première reine des Belges" présente un portrait officiel par le peintre belge Alexandre Robert (1817-1890), élève de François-Joseph Navez, devenu portraitiste officiel de la Famille royale de Belgique. À cette oeuvre répond, une autre représentation, "Portrait de la reine Louise en robe blanc", de Fanny Geefs (1807-1883) exposé depuis 1881 au Palais de la Nation, siège actuel du Parlement fédéral belge. La modernité de ce tableau réside dans la reconnaissance, officialisée par son acquisition publique, du travail de peintre d'une femme. 

Chef-d’œuvre de l'exposition, prêt exceptionnel de l'église de l'Assomption de Notre-Dame d'Houyet en Belgique dans la province de Namur, "Le Sommeil de Jésus ou le Mariage mystique de sainte Catherine d'Alexandrie" (1834), de François-Joseph Navez (1787-1869) évoque le prince Louis-Philippe, premier enfant du couple royal belge, né en 1833, décédé à neuf mois. L'oeuvre commandée par Léopold Ier à l'intention de son épouse était destinée à la chapelle du Palais royal. 


Statue de la reine Louise en majesté (1878) - Joseph Jacquet
Louise d'Orléans, reine des Belges mourante (1851) - Jean-Baptiste Van Eycken
Mort de la reine Louise (1851) - Joseph Meganck

La reine Louise-Marie (1851) - Alexandre Robert

Buste de la reine Louise (1837) - Guillaume Geefs

Portrait de la reine Louise-Marie en robe blanche (1851) - Fanny Geefs
Portrait du roi Léopold Ier en colonel des cuirassiers (1851) - Attribué à Fanny Geefs

Buste du roi Léopold Ier (1837) - Guillaume Geefs


Tout au long de son existence, Louise d'Orléans est confrontée aux aléas révolutionnaires frappant les monarchies européennes, ainsi qu'aux deuils, décès prématuré de son premier enfant, disparition de sa sœur Marie en 1839 à l'âge de vingt-cinq ans, de son frère Ferdinand en 1842 à l'âge de trente-et-un ans. La Révolution de 1848 chasse Louis-Philippe du trône de France. La famille d'Orléans s'exile en Angleterre. De santé fragile, Louise décline et vit ses derniers moments à l'âge de trente-huit ans, derniers instants immortalisés par Joseph Meganck (1807-1891) dans le tableau "Mort de la reine Louise" (1851), qui la représente entourée de son époux, leurs trois enfants et la famille d'Orléans. 

L'exposition "Louise d'Orléans, première reine des belges" rejoindra le TreM.a musée des arts anciens du Namurois en Belgique du 14 mars au 16 juin 2025. 

Louise d'Orléans, première reine des Belges 
Jusqu'au 16 février 2015

Musée Condé - Cabinet des arts graphiques
Domaine de Chantilly
7 rue Connétable Château - 60500 Chantilly
Tél. : 03 44 27 31 80



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.