Paris : Galerie des Gobelins, mémoire vivante de la Manufacture des Gobelins et des savoir-faire lissiers - XIIIème



La Galerie des Gobelins, dans le XIIIème arrondissement, perpétue le patrimoine vivant de la Manufacture des Gobelins. Le clos des Gobelins entretient une tradition qui remonte au XVème siècle et embrasse pour mission de conserver les savoir-faire, perpétuer les techniques artisanales d'excellence. Sur le site de la Manufacture des Gobelins se trouvent trois ateliers en activité animés par quatre-vingt artistes. Chaque année, ont lieu dix tombées de pièces magistrales. Cette institution dépend du Mobilier National, établissement public, en charge de l'ameublement des bâtiments officiels de la République française à l'instar du Palais de l'Élysée, l'Hôtel de Matignon, certains ministères et ambassades à l'étranger. Il veille également à la conservation et l'entretien des pièces au sein de sept ateliers d'art : restauration de tapisseries, restauration de tapis, tapisserie d'ameublement, tapisserie de décor, menuiserie en sièges, ébénisterie et lustrerie-bronze. Trois établissements sont placés sous la direction du Mobilier National, la manufacture des Gobelins, la manufacture de Beauvais, la manufacture de la Savonnerie à Paris et Lodève ainsi que depuis les années 1970, les Ateliers nationaux de dentelle du Puy-en-Velay et d'Alençon.

L'enclos des Gobelins se déploie de l'avenue jusqu'à la rue Berbiers-des-Mets où se situent les ateliers originels, et la chapelle, édifiée sur les plans de Jacques V Gabriel en 1725, au 5 rue Croulebarbe, aujourd'hui désaffectée. Côté avenue des Gobelins, la galerie des Gobelins, qui date de 1914, rénovée à plusieurs reprises, abrite un espace d'exposition d'envergure depuis le 12 mai 2007. Dédiée à la présentation des collections exceptionnelles du Mobilier National, dont le fonds se compose de vingt-mille pièces conservées, elle ouvre ses portes au public à l'occasion des événements temporaires et de visites guidées. Aux collections patrimoniales, tapisseries exécutées d'après les cartons de Le Brun, Mignard, les Coynel, Desportes, Jouvenet, De Troy, Oudry, se sont ajoutés au XXème, les oeuvres réalisées d'après les modernes, Dufy, Matisse, Chagall, Picasso, Mirò, Vieira da Silva. L'enclos des Gobelins est un site classé au titre des Monuments historiques par arrêté du 24 mars 1993.
 







La Manufacture royale des Gobelins voit le jour sous l'impulsion du roi Henri IV en avril 1601, dans le cadre de la politique économique de développement de l'industrie soyeuse. Sur les conseils de Barthélemy de Laffemas (1545-1612) économiste, conseiller royal, contrôleur général du commerce, la couronne loue des ateliers sur la parcelle située entre la Bièvre et l'actuelle avenue, dans le voisinage direct de la propriété des Gobelin, grande famille de teinturiers implantée au XVème siècle. Les ouvriers-lissiers flamands, fournisseurs du roi, produisent tapis et tapisseries pour Henri IV. L'année suivante 1602 au Bois de Boulogne, une magnanerie entourée de 15 000 mûriers est créée. La Couronne rachète progressivement l'hôtel des Gobelins et de ces dépendances.

En 1662, Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), ministre de Louis XIV, fonde la Manufacture royale des meubles et tapisseries de la couronne, ancêtre du Mobilier national. L'institution placée sous la direction de Charles Le Brun (1619-1690) réunit sur un même site tisserands, peintres, orfèvres, graveurs, ébénistes. Le premier peintre du roi Louis XIV occupe cette position de 1663 à 1690. La Manufacture des Gobelins, fermée à la Révolution et sous le Premier Empire, rouvre sous la Restauration (1814-1830). En 1825, la Manufacture de la Savonnerie, spécialiste des tapis, y est rattachée. 

Un édifice provisoire à pans de bois construit en 1878 sous la houlette de François Wilbrod Chabrol (1835-1919), architecte des bâtiments civils et palais nationaux et du Gouvernement, architecte du Palais-Royal, du Conseil d'État et de la Manufacture des Gobelins jusqu'en 1892, remplace la galerie des Gobelins incendiée lors de la Commune de Paris en 1871.








Jean-Camille Formigé (1845-1920) est sollicité en 1908 pour la reconstruction définitive. Le projet validé en 1910, le chantier mené en collaboration avec l'architecte Léon Jaussely s'achève en 1914. La Première Guerre Mondiale éclate. Le bâtiment, dévolu durant le conflit au service de santé du gouvernement militaire de Paris, ne sera officiellement inauguré que le 14 juin 1922, à la suite d'une restauration. 

De style IIIème République, l'édifice se distingue par le programme décoratif de sa façade principale scandée par huit médaillons de Louis Convers et Jean Hugues, évocation des étapes de conception des tapisseries. Quatre atlantes du sculpteur Jean-Antoine Injalbert et un bas-relief "Le triomphe de l'art" de Paul Landowski ornent le pavillon central. Côté cour d'Antin, deux oeuvres célèbrent les grandes figures de l'institution, une statue de Colbert, oeuvre de Jean-Paul Aube exécutée en 1894 et une statue de Charles Le Brun, oeuvre d'Henri Cordier en 1904.

La manufacture de tapisseries de Beauvais est placée sous l'administration du Mobilier National en 1935 dont les nouveaux locaux ont été édifiés côté rue Berbier-du-Mets, sur les plans de l'architecte Auguste Perret (1874-1954). Suivent en 1937, la Manufacture des Gobelins ainsi que la Manufacture de la Savonnerie.








Jusqu'en 1939, la galerie des Gobelins propose des expositions valorisant le savoir-faire des grandes manufactures françaises et présente les collections du Mobilier National. En 1940 les ateliers de la manufacture de Beauvais sont détruits lors d'un bombardement. Les lissiers rejoignent le complexe du site des Gobelins et, situation provisoire se pérennisant, y demeurent jusqu'en 1988. Au rez-de-chaussée de la galerie des Gobelins, les espaces cloisonnés accueillent les métiers à tisser de ces artisans d'exception. À partir de 1972, la galerie occupe la fonction de réserves pour la manufacture. Certains espaces sont affectés aux services de restauration des oeuvres d'art de l'Institut français. L'atelier conservatoire national de la dentelle du Puy-en-Velay et l’atelier national du point d’Alençon sont placés sous la direction du Mobilier National en 1976.

En 1994, les ateliers de la manufacture de Beauvais et de l'Institut de France déménagent, ouvrant de nouvelles possibilités pour l'avenir de la galerie des Gobelins. Au début des années 2000, elle est restaurée sous la direction de Jacques Moulin, architecte en chef des monuments historiques. L'intérieur retrouve ses volumes originaux. L'escalier monumental dupliqué, facilite la circulation du public. Les cimaises particulières s'adaptent à l'exposition des tapisseries. La galerie des Gobelins devient lieu d'exposition des collections du Mobilier National en 2007. 

Galerie et Manufacture des Gobelins - Paris 13
42 avenue des Gobelins / rue Croulebarbe / rue Berbiers du Mets
Métro Gobelins ligne 7




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages
Le guide du promeneur 13è arrondissement - Gilles-Antoine Langlois - Parigramme
Curiosités de Paris - Dominique Lesbros - Parigramme