La chapelle des Macchabées est édifiée au début du XVème siècle, sur le flanc Sud de la cathédrale Saint Pierre de Genève, dans un style gothique flamboyant. Ses décors polychromes foisonnants, badigeonnés sous la Réforme en 1535, ont été redécouverts et restaurés dans la seconde moitié du XIXème siècle d'après des relevés exacts, notamment la voûte du choeur sur le thème du concert céleste. Tout d'abord chapelle collégiale Notre Dame, elle doit sa dénomination actuelle à la présence de reliques des sept frères Macchabées, famille juive qui mena la résistance contre la politique d’hellénisation pratiquée par les Séleucides au IIème siècle avant J-C, fondatrice de la dynastie des Hasmonéens.
La cathédrale Saint Pierre de Genève, à l'origine lieu de culte catholique romain, est édifiée entre le XIIème et le XVème siècles. La construction de la chapelle, à l'origine chapelle de la Vierge ou chapelle Notre Dame, est initiée en 1397, par un commanditaire prestigieux, le cardinal Jean de Brogny (1342-1426), juriste, vice-chancelier de l'Église catholique, légat du pape, président du concile de Constance. L'homme d 'Église, créé cardinal par le pape Clément VII en 1385, évêque de Genève de 1423 à sa disparition, souhaite faire édifier une chapelle funéraire susceptible d'abriter son tombeau et les sépultures de sa famille. Le chantier débute en 1406 pour s'achever en 1411.
Jean de Brogny meurt à Rome en 1426. Sa dépouille, rapatriée à Genève en 1428, rejoint le tombeau finalisé en 1414, oeuvre du sculpteur bourguignon d'origine bruxelloise, Jean Prindale (actif de 1372 à 1420), également auteur des stalles de la cathédrale exécutées entre 1414 et 1416. À l'emplacement probable du tombeau disparu, se trouve désormais l'orgue Walcker datant de 1888.
Les idées de la Réforme protestante se diffusent dès 1526 à Genève. En 1535, la messe catholique est interdite et la Réforme officiellement adoptée en 1536. La cathédrale Saint Pierre devient temple protestant. La chapelle des Macchabées alors désaffectée devient un entrepôt de sel. Ses décors peints sont badigeonnés. À partir du XVIIème siècle, l'espace est divisé dans la hauteur en trois étages. Dès 1670, les salles de classe de l'Académie s'y installent et persistent jusqu'au XIXème siècle.
Depuis la Convention de 1848, la Ville de Genève est en charge des lieux de culte. En 1874, le Conseil administratif vote la restauration de la chapelle des Macchabées. Les édiles font appel à Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879). Mais les idées trop audacieuses de l'architecte français ne convainquent pas et le projet n'aboutit pas. Une restauration plus fidèle à l'édifice original est finalement adoptée.
L'architecte Claude Camuzat (1848-1924) dirige la restauration extérieure entre 1878 et 1882. De 1878 à 1888, son collègue, l'architecte Louis Viollier (1852-1931) mène les travaux en sous-sols de la cathédrale Saint Pierre et le chantier intérieur de la chapelle des Macchabées. Le chantier spécifique à la chapelle, de 1885 à 1888, s'attache à faire disparaître les ajouts architecturaux non conformes à sa vocation première, redécouvrir et valoriser les décors peints. Les fresques originelles déposées, vestiges d'une scène d'anges musiciens, sont conservées aujourd'hui au Musée d'art et d'histoire de Genève. Elles ont été remplacées au sein de la chapelle par des copies à l'identique, œuvres du peintre suisse Gustave de Beaumont (1851-1922).
Les vitraux les Quatre Évangélistes, la Sainte Cène, la Samaritaine et Laissez venir à moi les petits enfants. L'autel de Saint Pierre de 1444, exécuté par l'artiste Konrad Witz (1400-1445), traverse la Réforme jusqu'à nous sans être endommagé. De nombreux éléments témoignent des implications politiques de la Réforme, écussons de cantons combourgeois tels que Berne, Fribourg, Zurich, symboles héraldiques de Genève...
À partir de 1976, des archéologues mènent des fouilles systématiques et scientifiques. Ils étudient en détails la chapelle des Macchabées, la cathédrale Saint Pierre et son environnement, dévoilant les secrets de l'édifice et ses alentours.
Chapelle des Macchabées
Cathédrale Saint Pierre de Genève
Cour de Saint-Pierre - 1204 Genève - Suisse
Horaires : Lundi au vendredi de 9h30 à 18h30 - Samedi de 9h30 à 17h - Dimanche de 12h à 18h30
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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