Ailleurs : Tour du Molard, vestiges revisités aux XVIème, XVIIIème et XXème siècles des fortifications médiévales de Genève - Suisse

 


La Tour du Molard, dite aussi Tour de l'Horloge, mentionnée dès le XIVème siècle, constitue l'un des éléments de l'enceinte défensive médiévale Marcossey. "Molard" désigne, dans le patois local, un tas de pierre, un enrochement, une digue du môle. La tour qui joue le rôle d'entrée à travers les fortifications est reconstruite en 1591 sous la direction de Nicolas Bogueret (1537-1602), maçon-architecte, citoyen de la ville de Genève. Il intervient sur de nombreux édifices publics de la cité notamment l'Hôtel de Ville. Des restaurations successives surviennent au XVIIIème siècle, notamment en 1717 et en 1773. À l'occasion de cette dernière, une hallebarde prend place au sommet du clocheton. Celui-ci, autrefois recouvert de tuiles de fer blanc aujourd'hui se trouve aujourd'hui couvert de plaques de cuivre.







La Tour du Molard est modifiée par Charles Engels, architecte cantonal à l'occasion de nouvelles mesures conservatrices prises en 1906-07. Tuf et molasse consolident les murs consolidés auxquels sont ajoutés des petits contreforts. Des auvents de bois protègent dorénavant les horloges des intempéries. Des chiffres romains scandent les heures du cadran d'horloge. Le globe lunaire indique les cycles de la lune.

Parmi les éléments décoratifs ajoutés se trouvent des frises peintes, répliques de celles déployées sur la Maison Rolle et la Maison Brady démolies en 1889. Elles comportent les armoiries variées, présentatives de l'histoire de la ville : quatre blasons des comtes du Genevois, les armoiries du chapitre, du vidomne, de l'empire, les sept écussons des grandes figures de la Réforme, Antoine Froment, Adhémar Fabri, Guillaume Farel, au centre le sceau officiel de Genève en 1835, Jean Calvin, Théodore de Bèze, le syndic Jean Canal ainsi que les quatre écussons de combourgeoisies, Fribourg, Berne, Zurich et Genève.

En 1907, un bas-relief provisoire vient orner la base de la Tour du Molard. La Ville organise, en 1919, un concours en collaboration avec la classe des Beaux-Arts de Genève sur le thème "Genève Cité du Refuge". Le sculpteur lauréat, Paul Maurice Baud (1896-1964), imagine une allégorie, une femme portant secours à un malheureux. L'œuvre est installée en 1921. 







Une clé suspendue à la flèche de la girouette de la Tour du Molard suscite la curiosité et diverses interprétations. Selon la légende locale, la moins probable, il s'agirait d'une ancienne clé de la porte de Rive, l'un des trois accès fortifiés à la ville. En 1602, le duc de Savoie, Charles-Emmanuel Ier assiège Genève. Il souhaite conquérir la cité afin d'en faire sa capitale au Nord des Alpes. Il projette ainsi de faire barrage à la diffusion des idées de la Réforme. La légende veut qu'un traître genevois ait dérobé la clé de la ville, clé qu'il aurait ensuite dissimulé dans une dinde au sésame afin de la remettre de façon discrète aux Savoyards assemblés au pied des remparts. L'entreprise échoue. Le syndic de la garde Blondel soupçonné de trahison, est jugé coupable sans preuves formelles puis exécuté par décapitation. L'objet du crime, la clé conservée rejoint au XVIIIème siècle la Tour du Molard en guise d'avertissement aux éventuels félons. 

Une théorie alternative voudrait que la clé soit un souvenir du maître serrurier Etienne Lacombe qui habite un temps la Tour du Molard. Lors de la restauration du clocheton, en 1773, il forge la hallebarde et la girouette. Il laisse une clé gravée de son nom ainsi que la date, trace de son passage. 

Tour du Molard 
2 place du Molard - Genève - Suisse 



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.