Ailleurs : Théâtre antique de Mandeure, vestiges de l'un des plus grands théâtres de Gaule



Le Théâtre antique de Mandeure, édifié entre le Ier et le IIIème siècles après JC, est un contemporain du Colisée de Rome. Avec son diamètre de 145 mètres pour une capacité d'environ dix-huit-mille spectateurs, il se distingue comme l'un des plus grands théâtres de Gaule. L'ouvrage accolé à une colline se déploie sur quatre étages de gradins. À l'origine, une façade semi-circulaire aujourd'hui disparue, haute de trente mètres, dont les fondations ont été redécouvertes en 2018, ferme le dispositif. L'envergure du monument témoigne de la prospérité de la cité antique d'Epomanduodurum. 

Le Théâtre de Mandeure appartient à un sanctuaire vaste de dix hectares, sur lequel se trouvaient, outre le théâtre, un grand temple et ainsi que des édifices cultuels secondaires plus petits et des bâtisses variées destinées à l'accueil des pèlerins. La diversité des vestiges vient souligner la pluralité des cultes et le syncrétisme religieux romain. Le site archéologique d'une grande richesse, classé depuis le 23 mai 1912, a révélé de nombreux artefacts, offrandes, objets liés au culte désormais conservés au musée des Antiquités de Saint Germain en Laye et au château des ducs de Wurtemberg à Montbéliard. 

Plan canonique, élévation corinthiennes, décors en marbre de Carrare inspirés du palais Flavien du Palatin, le théâtre dans un état remarquable de conservation, inventorié aux monuments historiques par Prosper Mérimée dès 1843, est classé au titre des monuments historiques par arrêté du 12 mars 1964. Le Pays de Montbéliard Agglomération gère la conservation du site, les différents chantiers de consolidation. Diverses animations y sont proposées, reconstitutions historiques à destination du grand public, visites guidées théâtralisées, ateliers ludiques pour les plus jeunes.









La cité d'Epomanduodurum au carrefour des voies commerciales terrestres, route de Lyon à Kembs et route de Vesontio via les plateaux jusqu'à Bâle, et des voies fluviales sur le Doubs et le Rhin, se développe dès l'Âge de fer. Elle prend son essor autour d'un sanctuaire celte probablement dédié au dieu guerrier gaulois Segomo réhabilitée à la suite de la conquête de la Gaule par Rome, en temple consacré au dieu Mars. La ville, centre urbain majeur de la Germanie supérieure, connait une apogée économique. Le bourg gaulois devient prestigieuse cité gallo-romaine. L'opulence du sanctuaire qui prend de l'importance alors que sont construites des annexes et de nouveaux ouvrages soulignent la prospérité d'Epomanduodurum

Le théâtre antique de Mandeure est édifié en plusieurs étapes. À l'emplacement probable d'une ancienne arène, le premier monument voit le jour sous le règne de l'empereur Claude, entre 41 et 54 après J-C. L'ouvrage s'agrandit sous le règne de la dynastie des Flaviens qui entre 69 et 96 après J-C. Le théâtre est achevé dans ses proportions monumentales au IIème siècle sous la dynastie des Sévères qui règne entre 193 et 235 après J-C. 

Les fouilles ont permis de mettre à jour les fondations d'un mur de scène à arcades en grand appareil sur la façade diamétrale haute de trente mètres. La scène se compose d'un orchestra semi-circulaire, un pulpitum rectangulaire accolé au mur semi-circulaire. Le théâtre dispose de quatre niveaux de gradins accessibles par des escaliers et des couloirs ainsi que d'espace dédiés aux équipements techniques, loges, entrepôts des décors. Les sources historiques confirment des représentations théâtrales, des combats de gladiateurs, des pantomimes et mimes. Le site accueille également les processions venues du grand temple, les banquets rituels à la suite de sacrifices d'animaux. Les fouilles récentes ont mis à jour des cuisines et un puits à l'arrière de l'édifice. Un couloir long de cinquante mètres, richement orné de sculptures de marbre dont les fragments ont été mis à jour, relie directement le théâtre à un bâtiment voisin. La fonction de ce dernier reste encore à déterminer.







À partir du IVème siècle, les invasions barbares favorisent le lent déclin d'Epomanduodurum. La ville se replie derrière des fortifications, pour devenir le castrum de Mandorum. Le sanctuaire au-delà des murailles défensives, en particulier le grand temple et le théâtre sont démantelés progressivement. Ils servent de carrière de pierres pour les nouvelles constructions.

Les vestiges du théâtre antique sont redécouverts au XVIème siècle grâce aux travaux de deux érudits locaux. Jean Bauhin (1541-1612), botaniste et médecin à la cour du duc de Wurtemberg à Montbéliard à partir de 1570, retrace l'histoire de la cité d'Epomanduodurum. En parallèle, Heinrich Schickhardt (1558-1635), architecte, urbaniste et ingénieur militaire allemand entreprend les premières fouilles sur le site de l'ancien sanctuaire.

De 1817 à 1820, Frédéric Moral Macler architecte de la ville de Montbéliard mènent les fouilles. Le site du théâtre antique de Mandeure est répertorié dès 1843 à l'inventaire des monuments historiques par Prosper Mérimée. Les érudits locaux réunis sous la bannière de la Société d’Émulation de Montbéliard manifestent leur intérêt et mènent des recherches poussées autour de l'antique cité d'Epomanduodurum. 



Les fouilles interrompues à la fin du XIXème siècle, faute de budget, ne reprennent qu'en 1946. Une nouvelle campagne débute en 1964, puis une autre à partir de 1984. Pierre Mougin archéologue du syndicat intercommunal à vocation archéologique de Mandeure-Mathay depuis 1988, directeur des fouilles et archéologue territorial, prend la tête du projet durant près de quarante années.

Le programme d'études pluridisciplinaire lancé en 2001 sous la forme d'un PCR (programme commun de recherche), évolue en 2010 en fouille programmée puis en collaboration internationale qui donnent lieu à des publications majeures. Les chercheurs des universités de Besançon, Dijon, Lausanne, Paris et Strasbourg ainsi que des chercheurs américains, étudient de l'histoire du site, des techniques, des pratiques cultuelles cérémonies et spectacles et entretiennent une réflexion autour de la reconstitution des éléments disparus.

Théâtre antique de Mandeure 
13 rue du Théâtre - 25350 Mandeure



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.