Ailleurs : Portrait de Marguerite d'Autriche (1480-1530) par Bernard van Orley (circa 1488-1541), la fondatrice du Monastère royal de Brou au coeur des collections municipales de Bourg-en-Bresse

 


Le Portrait de Marguerite d'Autriche (1480-1530) par Bernard van Orley (circa 1488-1541), peintre de l'école flamande, est conservé au Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse. Propriété de la ville, le tableau entre dans les collections municipales en 1975. Destination évidente pour ce portrait de la fondatrice du monument surnommé "le Taj Mahal français", portrait de femme puissante, seule représentante de son genre parmi les souverains contemporains, Maximilien d'Autriche (1459-1519), Philippe le Beau (1478-1506), Charles Quint (1500-1558). Marguerite de Habsbourg, archiduchesse d'Autriche, fille de Maximilien d'Autriche et de Marie de Bourgogne, petite-fille de Charles le Téméraire, tour à tour princesse de Bourgogne, fille de France, infante d'Espagne, duchesse de Savoie, a connu un destin hors du commun. Elle initie la construction du monastère en 1506, hommage à son époux Philibert II de Savoie dit le Beau (1480-1504) disparu précocement. Elle retourne à Malines aux Pays-Bas où elle entretient une cour brillante. Elle décède en 1530 sans avoir eu l'occasion de découvrir le monastère achevé en 1532.

Van Orley réalise le portrait de Marguerite d'Autriche, peinture à l'huile sur bois, entre 1518 et 1520. La régente des Pays-Bas, voilée de blanc, robe sombre, porte le deuil. La coiffe de lin blanc manifeste son désir de renoncer définitivement à une autre union après un mariage avortée avec le dauphin de France et deux veuvages. Léger sourire, quelques boucles blondes échappées du voile, mains refermées sur un chapelet, cette représentation est largement diffusée et reproduite sur divers supports. Ce portrait officiel marque dans les esprits et assoit l'image de Marguerite d'Autriche. Sept variantes de la main de Bernard van Orley nous sont parvenues. 








Marguerite d'Autriche (1480-1530) devient régente des Pays-Bas au décès de son frère Philippe le Beau en 1506 et veille à l'éducation de son neveu, le futur empereur Charles Quint. Amie des arts, grande mécène, elle soutient de nombreux peintre, à l'instar Bernard van Orley, Pieter van Pieter van Coninxloo, Nicolas Rombouts, les musiciens, tels que Josquin des Prés, Pierre de La Rue. Sensible à l'art religieux comme l'art profane, elle réunit une vaste collection dont l'inventaire recense cent-soixante-treize peintures, cinquante-deux sculptures, cent-trente tapisseries, quarante-six artefact précieux et productions d'orfèvrerie, sept images brodées. Marguerite d'Autriche est également proche des hommes de lettres, Cornelius Agrippa, Érasme, Jean Lemaire de Belges, Jean-Louis Vivès. Sa bibliothèque exceptionnelle compte trois-cent-quatre-vingt-six livres, trois-cent-quarante manuscrits, quarante-six imprimés. Les commandes prestigieuses de la régente, peinture, tapisserie, vitrail, entretiennent un véritable renouveau artistique. La cour de Malines fait rayonner la Renaissance en Europe du Nord.  

Bernard van Orley, parfois aussi Barend van Orley ou encore Bernaert van Orley, nait et meurt à Bruxelles. Sujets religieux, portraits, cartons de tapisserie et de vitraux, son œuvre témoigne brillamment de la transition entre le gothique et la Renaissance. En 1515, il reçoit sa première commande d'envergure à la cour des Habsbourg. Il réalise les portraits des six enfants de Philippe le Beau (1478-1506) et de Jeanne de Castille dite Jeanne la Folle (1479-1555), parmi lesquels celui de Charles Quint adolescent, oeuvre présentée aujourd'hui aux côtés du portrait ultérieur de sa tante Marguerite d'Autriche. Les tableaux reçoivent un accueil enthousiaste. Bernard van Orley acquiert une réputation flatteuse auprès des dignitaires de la cour de Malines et l'aristocratie locale. En 1518, il devient peintre officiel de la cour de Marguerite d'Autriche. À cette époque, il réalise le portrait de la régente. Malgré le catholicisme de sa mécène, ouvert aux arguments de la Réforme, il se convertit au protestantisme. En 1527, il fait face à un procès en hérésie. Enfermé un temps à la prison de Louvain, il ne trouve son retour en grâce à la cour qu'en 1532. 







En 1927, le portrait de Marguerite d'Autriche est présenté lors d'une exposition à Londres. Puis à Paris et Bruxelles en 1935. Mme Tudor Wilkinson prête le portrait à la ville de Bourg-en-Bresse, en 1958, à l'occasion de l'exposition "Marguerite d'Autriche, fondatrice de Brou". Lors de la dispersion de la collection Wilkinson, le portrait est vendu aux enchères au sein de l'Hôtel Drouot, le 3 juillet 1969. La ville de Bourg-en-Bresse, intéressée, renonce à l'acquisition faute de budget suffisant. Le tableau rejoint la Fondation Norton Simon, à Los Angeles. Il est déposé en prêt au County Museum en 1972 puis revendu l'année suivante. En 1973, Frederick Mont, marchand d'art et collectionneur new-yorkais, consent un prêt à la ville de Bourg-en-Bresse dans le cadre d'une exposition longue de quatorze mois. Le tableau retourne aux États-Unis en octobre 1974. La municipalité de Bourg-en-Bresse se porte acquéreur en 1975. 

63 boulevard de Brou - 01000 Bourg-en-Bresse
Tél : 04 74 22 83 83
Horaires : Du 1er octobre au 31 mars de 9h à 12h et 14h à 17h - Du 1er avril au 30 juin de 9h à 12h30 et de 14h à 18h - Du 1er juin au 30 septembre de 9h à 18h



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie

Expositions
1927, Londres (n°202)
1935, Paris, 'De Van Eyck à Brugel' (n°79)
1935, Bruxelles, 'Cinq siècles d'art' (n°110)
1950, Paris, galerie Charpentier, 'Cent portraits de femmes' (n°76)
1953, Londres, 'Winter Exhibition' (n°498)
1955, Gand, musée des beaux-arts, 'Charles Quint et son temps', du 3 avril au 30 juin 1955 (n°91)
1958, Bourg en Bresse, musée de Brou, 'Marguerite d'Autriche, fondatrice de Brou'. (n°10)
1958, Malines, 'Margareta Van Oostenrijk en haar hof'. (n°69)
1980, Bourg-en-Bresse, musée de Brou, 'Le Portrait dans les collections du Musée et de la Bibliothèque de la ville de Bourg-en-Bresse'. (n°2)
1981, Bourg-en-Bresse, musée de Brou,' Van Orley et les artistes de la cour de Marguerite d'Autriche' du 19 juin au 13 septembre 1981 (n°1)
1985, Bruxelles, Palais des Beaux-arts, 'Splendeurs d'Espagne et les villes belges 1500-1507', du 24 septembre au 22 décembre 1985 (n°B7)