Ailleurs : Musée Fabre de Montpellier, une institution culturelle majeure, des collections prestigieuses couvrant les grandes périodes de l'histoire de l'art européen du XIVème au XXIème siècle

 


Le Musée Fabre de Montpellier Méditerranée Métropole conserve de prestigieuses collections d'art européens du XIVème au XXIème siècles, enrichies au fil du temps grâce aux nombreux dons et legs de mécènes ainsi qu'à une politique d'acquisition éclairée. Principal musée d'art de la ville, labellisé musée de France, l'institution actuelle voit le jour en 1828 à la suite de la donation consentie par le peintre et collectionneur François-Xavier Fabre (1766-1837). Les grands ensembles du fonds se distinguent par leur cohérence et couvrent de vastes pans de l'histoire de l'art : la peinture flamande et hollandaise représentée par des artistes majeurs tels que Rubens, Dou, Teniers, la Renaissance italienne, le XVIIème avec Poussin, Zurbarán, Guerchin, le XVIIIème siècle Raoux, Natoire, Guardi, le néoclassicisme, David, Houdon, Fabre, le XIXe siècle, Delacroix , Courbet, Cabanel, Bazille, le XXe siècle Delaunay, Richier, Hantaï et le XXIème avec la nouvelle aile où se trouve notamment la donation Soulages. L'important fonds d'art graphique complète ces collections et l'annexe implantée au sein de l'hôtel de Cabrières Sabatier d'Espeyran abrite le département des arts décoratifs. En 2020, le catalogue comptabilise deux-mille tableaux, trois-cent sculptures, quatre-mille dessins et quinze-mille gravures, plusieurs milliers d'objets d'art.

Entre 2003 et 2007, le Musée Fabre fait l'objet d'une campagne de réinvention, extension des espaces, réorganisation des parcours, réflexion au sujet du musée de demain. L'inauguration le 3 février 2007 dévoile un espace d'exposition étendu de 3000m2 à 9 200m2, afin de présenter mille oeuvres en accrochage permanent, sur les sept-mille du fonds, une salle d'exposition temporaire de 1000m2 ainsi qu'une nouvelle aile dédiée à la peinture contemporaine. 








Au cours du Siècle des Lumières, l'essor économique de Montpellier permet l'avènement d'une nouvelle élite désireuse de briller et de s'inscrire dans l'histoire. Le développement d'institutions d'envergure, de centres administratifs, témoigne de la vie intellectuelle bouillonnante. Faculté de médecine, Société royale des sciences, siège du gouvernement général des État du Languedoc, de l'intendance de la Cour des Comptes participent du rayonnement de la Ville.

La Société des Beaux-Arts est créée en 1778. Abraham Fontanel, fondateur en 1772 de la librairie "Au rendez-vous de artistes" devient une figure centrale de cette institution. L'association propose un enseignement artistique de qualité et s''attache à promouvoir les arts à travers des expositions et des événements variés tels que des remises de prix. Les cours de dessin sont organisés au sein des locaux de l'ancien collège des Jésuites. Gardes plâtres, dessins et modèles, Fontanel conserve les productions issues de l'école, amorce des collections municipales. En 1795, le Muséum départemental rassemble au sein de l'ancien collège des Jésuites les fonds réunis de la Société des Beaux-Arts ainsi que les saisies révolutionnaires, œuvres issues des églises, couvents, résidences aristocratiques de la région

En 1802, le directeur Jean-Jacques Bestieu (1754-1842), peintre, professeur de dessin à l'École centrale du département de l'Hérault, directeur du muséum, négocie une dotation de l'État afin de constituer un fonds et obtient le dépôt d'une trentaine de tableaux. Un musée municipal est inauguré grâce à ces ensembles en janvier 1809. Déployé dans un premier temps au sein de l'hôtel de Crozals, place Brandille, il est transféré dans les locaux de la Mairie de Montpellier au sein de l'hôtel de Belleval, place de la Canourgue. 








Sous la Restauration, de nombreuses oeuvres confisquées à la Révolution sont restituées et les modestes collections de l'institution se réduisent à peau de chagrin. En 1825, Jean-Pierre Collot (1774-1852) financier et collectionneur, ancien directeur de la Monnaie de Paris accorde une rente de mille francs à la ville pour soutenir le muséum et développer une politique d'acquisition. 

Dans le même temps, François Xavier Fabre (1766-1837) peintre montpelliérain formé dans les ateliers de la Société des Beaux-Arts, élève de David à Paris, fait don de sa collection de tableaux anciens et contemporains, estampes, dessins, objets d'art et livres, à sa ville natale. Il manifeste le désir d'en préserver l'intégrité afin qu'elle soit présentée dans le cadre d'une institution publique créée à cette occasion. Fabre, grand prix de Rome en 1787, a passé de nombreuses années en Italie à Rome, Naples et Florence où il a acquis des oeuvres de qualité. Proche du poète Vittorio Alfieri et de Louise de Stolbery, comtesse d'Albany, il hérite des collections de ses amis en 1824. Il est désormais à la tête de mannes financières et d'un fonds artistique considérables. Le Musée municipal de Montpellier investit l'hôtel de Massilian acquis par la ville en 1825 et remanié, bâtisse dans le voisinage direct du collège des Jésuites.

François Xavier Fabre offre alors sa collection à la ville de Montpellier. La donation acceptée en 1828 par le conseil municipal se compose d'une centaine de tableaux et dessins, ainsi que de la somme de trente-mille francs destinée à la construction d'une nouvelle galerie. Le fonds originel porte ainsi l'empreinte de ses goûts classiques voir traditionnels. Le nouveau musée est inauguré le 3 décembre 1828. Fabre en demeure le directeur jusqu'à sa disparition en 1837. Les locaux abritent à la fois un musée, une école de dessin et une bibliothèque constituée des ouvrages hérités du poète Alfieri. À la suite de Fabre, les mécènes se manifestent et les donateurs à l'instar du baron Creuzé de Lesser, préfet de l'Hérault font preuve de générosité. Jean-Pierre Collot, collectionneur d'artistes plus contemporains que les bienfaiteurs précédents, initie un mouvement de mise à jour des collections en faisant don de la sienne. 









Le peintre Charles Matet (1791-1870), réputé pour ses talents de portraitiste et enseignant au sein de l'école de dessin du Musée municipal de Montpellier, en devient le conservateur en 1827. En 1836, Antoine Joseph Pascal Valedeau (1797-1836), fournisseur aux armées de la république, agent de change sous l'Empire, et accessoirement amateur d'art, lègue sa collection, constituée en grande partie autour d'ensembles des Écoles du Nord, mais aussi de maîtres néo-classiques et romantiques, et d'artefacts variés d'origine prestigieuse. 

À partir de 1845, la Société des amis des arts qui développe expositions et loteries afin de valoriser le travail d'artistes locaux et parisiens, joue un rôle important dans la vie intellectuelle de Montpellier. Alfred Bruyas (1821-1877), héritier d'un riche banquier de Montpellier, collectionneur et mécène en particulier des peintres Eugène Delacroix et Gustave Courbet, lui-même peintre prend la relève à la tête du musée, à partir de 1837. Il s'engage dans la promotion d'artistes contemporains et propose d'offrir sa collection au musée en 1868. Cette donation acceptée par le conseil municipal réunit certaines des figures les plus importantes du XIXème siècle, outre Courbet et Delacroix, Géricault, Ingres, Gérôme. Elle est suivie d'un second don de tableaux et dessins en 1877. 

Ernest Michel (1833-1902) occupe le poste de conservateur du Musée Fabre en 1871, puis celui de directeur de l'École des Beaux-Arts. Sous sa direction, les locaux du musée sont agrandis en 1878 et l'organisation des collections repensées. Elles font alors l'objet d'un catalogue scientifique afin d'en valoriser la richesse et la diversité, fruit d'une politique d'acquisition éclairée et de legs généreux. En juin 1902 Georges d'Albenas prend la suite de Michel. L'ancien bâtiment du collège des Jésuites est annexé par le Musée Fabre pour en investir les espaces après travaux en 1911. André Joubin (1868-1944), maître de conférence et professeur à la faculté de lettres de l’université de Montpellier, où il enseigne l’archéologie classique, prend la direction du Musée Fabre et du cabinet Atger de 1914 à 1920. Il s'engage pour une ouverture des collections à l'art de ses contemporains. 








La période de l'entre-deux-guerres est marquée par la direction de Jacques-Louis Guigues (1873-1913) ancien élève et praticien d'Auguste Rodin, directeur de l'école des Beaux-Arts de Montpellier où il a notamment Germaine Richier pour élève, soutenu dans son action par Pierre Azéma (1891-1967) adjoint au maire aux affaires culturelles, très investi dans les activités du Musée Fabre auquel il lègue ses archives personnelles. Ensemble, ils mènent une politique d'acquisition et de dépôts orientée vers l'art moderne. 

La Seconde Guerre Mondiale suspend les activités du musée et ce mouvement modernisation. En 1943, Henri Matisse donne au musée la série "Thème s et variations" (1904). Pierre Soulages fréquente l'école des Beaux-Arts, installée dans les locaux du Musée Fabre. Jean Claparède (1900-1990), qui dès 1939 mène l'inventaire et l'études des fonds d'art moderne, organise la sauvegarde des collections et l'évacuation des collections vers la Lozère et la Cantal ainsi que leur rapatriement. Il devient conservateur du Musée Fabre de 1945 à 1965. Georges Demouliez adjoint aux affaires culturelles de la Ville initie plusieurs expositions à la suite desquelles la ville se porte acquéreur d'oeuvres importantes notamment, de tableaux signés Nicolas de Staël, en 1984.









En 1998, la bibliothèque municipale déménage. La Ville de Montpellier formule un projet de refonte, modernisation et agrandissement du Musée Fabre. La campagne de réaménagement menée de 2004 à 2007 sous la houlette des architectes Olivier Brochet et Emmanuel Nebout réhabilite les bâtiments historiques, valorise les éléments et décors du XIXème siècle, plafonds peints, grand escalier dessiné par Fabre. Le parcours muséal se prolonge par une extension, nouvelle galerie dédiée à l'art contemporain notamment la donation Soulages de 2005. L'entrée se fait désormais par l'ancien collège des Jésuites, ornée d'une mosaïque de Daniel Buren. 

39 boulevard Bonne Nouvelle - 34000 Montpellier 
Tél : +33 (0)4 67 14 83 00
Horaires : Du mardi au dimanche de 10h à 18h - Fermé le lundi



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.