L'église Saint Georges de Sélestat en Alsace, édifice emblématique du patrimoine local, se caractérise par son architecture composite. Style gothique, inflexions romanes, inspiration classique, les variations esthétiques témoignent des campagnes successives de sa construction entre le XIIIème et le XVème siècles. Le clocher, haut de soixante mètres, est l'un des plus élevés d'Alsace. L'église originelle dédicacée à la Vierge, est connue sous le vocable Saint-Georges à partir du XVIème siècle. Le lieu de culte est classé par liste aux Monuments historiques depuis 1848. Dans la châsse du chœur, les sept baies exécutées entre 1430 et 1460 manifestent le prestige et l'opulence de l'édifice. Trois verrières originelles du XVème siècle subsistent. Les clés de voûte au décor sculpté célèbrent la virtuosité des artistes de la Renaissance. Une campagne de restauration dans les années 1920, a permis de mettre à jour, au sein du narthex, les épitaphes de célèbres humanistes parmi lesquels Beatus Rhenanus, Jacques Wimpfeling, Crato Hofmann. L'église comptent bien d'autres éléments remarquables, notamment un bénitier frappé de l'aigle emblème de la famille Habsbourg et la chaire dite de Jérôme Kruch (1619). La rosace de l'entrée principale rosace représente la Décapole. Le maître-verrier François Chapuis (1928-2002) réalise en 1986 les onze verrières contemporaines des bas-côtés.
Ancienne bibliothèque paroissiale, l'église Saint-Georges a longtemps conservé les trésors de l'actuelle Bibliothèque humaniste. Les collections de livres rares ont été constitués à partir de 1492, grâce au don de Johannes von Westhuss recteur du lieu. Parmi les trésors ce cette institution se trouve notamment le fonds Beatus Rhenanus inscrit au registre "Mémoire du Monde" de l'Unesco depuis 2011.
Sélestat, la cité humaniste, ville d'art et d'histoire, se distingue par la richesse de son architecture du Moyen-Âge et de la Renaissance. L'église Saint-Georges est l'un de ces joyaux. Le lieu de culte a pour origine, chapelle baptismale construite dans l'enceinte du palais impérial au VIIIème siècle. En 775, Charlemagne y assiste aux célébrations de Noël.
En 1217, Sélestat est élevée au rang de ville impériale par Frédéric II de Hohenstaufen empereur de l'empire romain germanique et une première muraille défensive est construite autour de la ville. À cette occasion le prieuré bénédictin Sainte Foy perd en privilèges au profit de la nouvelle bourgeoise sélestadienne, les riches marchands de la ville. Désireux d'asseoir cette situation et de s'émanciper de l'influence des moines, ils initient, en 1220, la réalisation d'une nouvelle église dont le prestige devrait éclipser sa prédécesseur, l'église Sainte Foy qui se trouve dans le voisinage direct
L'église, plan en croix latine, comporte trois nefs et deux transepts opposés. La première campagne de construction concerne les bas-côtés. En extérieur, est conçu un portail en plein cintre à colonnettes. L'édification du chœur originel à deux absidioles et le transept s'achève vers 1230 tandis que la nef, élévations et voûtes de style bourguignon, est bâtie à partir de 1235.
Au XVème siècle, la ville de Sélestat connait une période faste sous l'influence des corporations marchandes - jusqu'à quatorze. Le tracé de l'enceinte défensive est étendu pour englober des communautés religieuses développées hors les murs. La prospérité dont témoignent les nombreuses foires et marchés, favorise le développement des infrastructures. L'église Saint Georges est à nouveau agrandie. Trois architectes interviennent au cours de la seconde campagne, Jean Obrecht, bourgmestre en 1401, Matthis entre 1400 et 1410 et finalement Erhart Kindelin. Le massif occidental à cinq travées, couronné du clocher, tour occidentale coiffée d'un octogone sont achevés en 1490. Si l'église Saint Georges atteint des dimensions considérables, elle ne deviendra jamais cathédrale, c'est à dire siège de l'évêché
Le chœur d'origine est transformé pour faire place à un sanctuaire, distribué sur trois travées, plus important. À l'occasion de ces travaux, le nouveau chœur est surélevé afin d'éviter la division du cimetière entourant l'édifice. Maître Matthis créé à cette occasion un passage voûté sous l'église, ouvert sur trois côtés, nord, sud, est. Des remplages de pierre le closent au XIXème siècle, époque à laquelle il devient une crypte. Les verrières sont livrées en 1452, cinquante-cinq panneaux d'origine nous sont parvenus aujourd'hui. La tour de croisée Sainte Anne est inaugurée en 1654.
La toute première restauration d'envergure sous la direction d'Antoine Ringeiser (1811-1889) architecte de l'arrondissement de Sélestat de 1840 à 1888, intervient entre 1847 et 1865. L'église Saint Georges de Sélestat est inscrite sur la liste des Monuments historiques le 16 mars 1848.
Au cours du XXème siècle, le lieu de culte connait de nouvelles transformations. Entre 1922 et 1924, le choeur et la tour de croisée sont réaménagés. Les bombardements à l'automne-hiver 1944 endommagent considérablement l'église. Elle est partiellement reconstruite au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, entre 1949 et 1956. Depuis janvier 2022, l'église Saint Georges de Sélestat fait l'objet d'une nouvelle restauration étendue.
Église Saint Georges de Sélestat
Place Saint-Georges - 67600 Sélestat
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
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