Ailleurs : Le Lavoir de Mouans-Sartoux, petit patrimoine du quotidien, souvenir des lavandières du XVIIIème siècle

 


Le Lavoir de Mouans-Sartoux, site pittoresque, témoigne de l'évolution de l'hygiène au XVIIIème siècle. À cette époque, les lavandières utilisent le bassin à l'occasion des grandes lessives deux fois par an. Dans toute la région Provence-Alpes-Côte-d'Azur, les édicules aux styles architecturaux contrastés évoquent une pratique éprouvante, réservée aux femmes, mais également un rendez-vous de socialisation important. Les communes de Mouans, dans la plaine, et de Sartoux, sur la colline de Castellanas, sont réunies par décret le 28 mars 1858. Les archives communales de Sartoux font mention en 1730 d'un charretier rémunéré quinze sous pour le transport de pierres destinées à "faire le lavandour à la fontaine pour la lessive", date retenue pour la création du lavoir de Mouans-Sartoux. En 1861, la place attenante où se trouvaient les anciens fours à chaux abandonnés, est malonnée, c'est à dire pavée de tomettes carrées. L'aménagement permet d'y établir une aire de séchage et de battage des grains. Des petits bassins sont ajoutés à la tête du lavoir afin d'y laver le blé. La place transformée, dotée d'une pierre centrale où hisser le mât, accueille les festivités du village. Couvert vers 1910, le lavoir de Mouans-Sartoux, peu à peu délaissé au cours du XXème siècle, fait l'objet d'une importante restauration dans les années 1990. Aujourd'hui, il est alimenté en eau par une dérivation de la fontaine de la place Jaurès, reliée au réseau du canal de la Siagne.



Avant le XVIIIème siècle, les blanchisseuses exercent leur activité sur les rives des cours d'eau, au bord des mares dans des conditions précaires et souvent dangereuses. Les structures spécifiques se généralisent à la fin du XVIIIème siècle, sous l'influence des nouvelles théories hygiénistes. Il s'agit de contrer les effets de la pollution engendrée par la révolution industrielle, d'éviter les épidémies transmises par les eaux souillées choléra, typhoïde. Les communes s'équipent de lavoirs publics à proximité des sources et des réseaux d'alimentation. En 1851, l'État accorde une subvention spéciale pour la construction de lavoirs couverts.

Le passage au lavoir n'est que la troisième étape d'un long processus de nettoyage. Le lavage débute au sein même des habitations et s'achève au lavoir pour une phase de rinçage qui nécessite de grande quantité d'eau, dernier jalon avant le séchage. Au XVIIIème siècle, les buées ou grandes lessives ont lieu deux fois par an durant trois jours. Le premier est consacré au trempage dans des baquets de bois, le deuxième au lessivage dans des cuves, la phase finale de rinçage et essorage se déroule au lavoir. Les lavandières utilisent un savon composé d'eau, de cendre et de graisse animal et pour assouplissant des racines de saponaires.  



Le lavoir perdure jusqu’au milieu du XXème siècle. Les lessives bisannuelles deviennent mensuelles dans les années 1900, puis hebdomadaires dans les années 1930. Les lavoirs sont abandonnés, rendus obsolètes par le progrès technologique, lessiveuses, lavoirs mécaniques, machines à laver dans les années 1950 et laveries automatiques.

Lavoir de Mouans-Sartoux 
Place du Général Leclerc - 06370 Mouans-Sartoux 




Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.