L'installation "Réflexions", oeuvre du maître-verrier Emmanuel Barrois, traduit l'alchimie subtile entre l’architecture, le design et les arts. L'impressionnante structure de verre s'invite en résidence au sein des jardins patrimoniaux du Palais Royal jusqu'au 15 novembre 2023. Implantée sur l'un des bassins iconiques, elle emprunte sa rigueur géométrique aux mathématiques et son esthétique poétique aux techniques ancestrales du verre.
En avril 2019, bouleversé par l'incendie de Notre-Dame, Emmanuel Barrois conçoit l'idée d'une oeuvre hommage aux bâtisseurs, ceux d'hier et d'aujourd'hui. À cette première inflexion créative, il couple un souvenir d'enfance, le Palais des glaces, une attraction de la Foire du Trône inspirée du principe du kaléidoscope. À la même période, animé par des préoccupations écologiques et la nécessité de s'engager sur la voir du développement durable, il mène une réflexion sur le réemploi du verre en architecture. Les fondations de l'oeuvre à venir s'appuient sur ces trois axes. Mais l'actualité bouscule le projet. Les mécènes se désistent à la suite de la pandémie mondiale puis de la guerre en Ukraine. Le prix des matériaux augmente. La pénurie guette. La réalisation est ralentie. Ténacité et passion vont permettre à Emmanuel Barrois de mener à bien son entreprise artistique.
Chaînon entre le monde de l'artisanat d'art, ses savoir-faire traditionnels et les processus industriels assistés par le numérique, la charpente de "Réflexions" se déploie dans un matériau inhabituel, plutôt réservé aux parements. Le "mikado monumental de verre", mille-quatre-cents baguettes, pour un poids de huit tonnes et six-mille mètres de prisme, "piège la lumière", matière de l'oeuvre à part entière selon son concepteur. La météo transforme radicalement la composition, jeux de diffraction, irisation d'arc-en-ciel, ombre furtive des nuages. Le projet, inédit par son envergure, hybride savoir-faire artisanal, technologie de pointe, procédés industriels afin de produire une oeuvre, véritable prouesse technique.
Combinaison heureuse de ressources scientifiques, mathématiques et physiques, "Réflexions" conjugue artisanat d'art et ingénierie. Emmanuel Barrois y souligne l'importance de la main de l'homme dans un monde dématérialisé, en proie à la tentation du tout virtuel. Fruit d'un intense programme de recherche et développement, la structure de verre a nécessité une étroite collaboration entre les douze artisans de l'atelier Barrois à Brioude en Auvergne et les intervenants scientifiques extérieurs, le bureau d'études Bollinger & Grohmann dans le cadre de l'ingénierie, Arte Factory Lab pour les images de synthèse. Aux trente mois d'études en ingénierie, pour calculer et tester la résistance mécanique du verre et des liants, torsion, flexion, compression, la résistance au vent, aux secousses sismiques, concevoir le déplacement et l'assemblage des pièces se sont ajoutées douze-mille heures de travail artisanal au sein de l'atelier Barrois, et enfin trois semaines de montage au Palais Royal.
Cynthia Fleury, philosophe et psychanalyste, professeur au Conservatoire des Arts et Métiers, propose, à travers ses textes de présentation rédigés à l'invitation d'Emmanuel Barrois, un regard singulier sur l'oeuvre que viendront compléter des conférences données dans le cadre de l'évènement.
Oeuvre nomade, destinée à voyager, "Réflexions" se rendra, en 2024, à Rome pour une première halte au Palais Farnèse, siège de l'ambassade de France en Italie et de l'École française de Rome. L'installation poursuivra son périple jusqu'au Japon en 2025, où elle prendra place au sein du château de Shuri à Nada, bâtiment patrimonial victime d'un incendie, à l'instar de Notre-Dame, en octobre 2019. À chaque étape, la structure itinérante et évolutive changera de configuration. Au Japon, elle empruntera une forme cubique déployée sur un miroir traversable par les visiteurs.
Réflexions installation - Atelier Emmanuel Barrois
Jusqu'au 15 novembre 2023
Jardin du Palais Royal - Paris 1
Emmanuel Barrois, né en 1964, a connu de multiples vies. Parcours atypique, il débute par une formation d'agronome avant de s'engager dans l'humanitaire entre 1986 et 1989, aux Caraïbes, en Afrique, en Asie. À la suite d'un voyage personnel en Afghanistan, il vend les images prises au cours de son périple et devient, un temps, photographe de presse. Lors d'un reportage pour Globe, sa rencontre déterminante avec un maître verrier lui ouvre de nouveaux horizons. En autodidacte, il explore le travail du verre. Le matériau le séduit pour ses qualités plastiques, "la lumière, la couleur, le corps à corps solitaire". Au début des années 1990, Emmanuel Barrois se spécialise dans la technique du vitrail. En Auvergne, il intervient au sein de nombreux édifices religieux patrimoniaux. Mais il expérimente rapidement les limites de cette pratique bornée par le cadre sévère des Monuments historiques. Influencé par le long dialogue artistique et amical qu'il entretient avec Claude Parent, Emmanuel Barrois se tourne vers l'art contemporain. Démarche alternative au croisement des savoir-faire, la proximité avec les architectes contemporains nourrit sa création d'audaces formelles et techniques.
En 2005, il réalise des études pour le revêtement de verre de l'Opéra de Biejing, en collaboration avec l’architecte Paul Andreu. Le Ministère de la Culture le nomme maître verrier d'architecture en 2010. Deux ans plus tard, Emmanuel Barrois travaille aux côtés de Patrick Berger sur le projet de la Canopée des Halles, puis en 2013 sur le bâtiment du Frac de Marseille avec Kengo Kuma. Cette année-là, il est promu au grade d'officier de l'ordre des Arts et des Lettres. En 2016, il réalise la façade de cristal du Carrousel du Louvre imaginée par Jean-Michel Wilmotte, en 2020 intervient sur les sols en pavés de verre du bâtiment art nouveau de la Samaritaine, restaurée par l'Agence Sanaa - Kazuyo Sejima, en 2023 la vêture de verre drapé en façade du musée de la Romanité à Nîmes réinventé par Elisabeth de Portzamparc. Son travail est exposé au Centre Pompidou, au Mobilier National, en Chine au Musée National de Beijing, au Japon.
Atelier Barrois
34 avenue de la Gare - 43100 Brioude
contact@atelierbarrois.com
Tél : +33 (0)4 71 76 46 11
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
CONCOURS PHOTO
À l'occasion de l'installation #REFLEXIONS au Jardin du Palais-Royal, l’Atelier Emmanuel Barrois et la Mairie de Paris Centre organisent un grand concours #Instagram des plus belles photos de l'œuvre par les visiteurs.
Vous avez du 24 SEPTEMBRE au 24 OCTOBRE 2023 pour participer.
Dotation :
- Impression des 10 meilleures photos au format 60 x 90 Fine Art sur Plexiglas
- Exposition dans le péristyle de la Mairie de Paris Centre
- Un prisme original de la structure gravé en cadeau
Comment participer ?
- Postez votre photo de l’installation sur votre compte Instagram en taguant la page @reflexions.paris
- Utilisez le #ReflexionsConcours
- Conservez le fichier d'origine (qui doit être obligatoirement en haute définition pour l'impression).
Les résultats seront annoncés le 6 novembre dans le cadre d’une conférence. Les 10 photos lauréates choisies par Emmanuel #Barrois seront exposées à la Mairie de Paris Centre, du 6 au 15 novembre.
Bonne chance à tous !
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