L'Hôtel Gouthière, élégant hôtel particulier du XVIIIème siècle au fond d'une cour pavée, accueille, depuis 1981, le Conservatoire municipal Hector Berlioz. L'élégante demeure a été édifiée entre 1772 et 1880 pour Pierre Gouthière (1732-1813), ciseleur-doreur virtuose, fournisseur officiel de la cour, artisan majeur des arts décoratifs du règne de Louis XVI. L'hôtel particulier néo-classique construit entre cour et jardin, se trouvait au cœur d'un domaine libéré sur des terrains marécageux. L'entrée se situait alors au niveau du 74 rue du Faubourg Saint-Martin, là où se dresse désormais la Mairie du Xème arrondissement inaugurée en 1896.
Ultime vestige, le pavillon qui abrite le conservatoire, oeuvre de l'architecte François-Victor Perrard de Montreuil (vers 1742-1821), a été remanié au cours du Premier Empire pour son nouveau propriétaire, Nicolas Hercule Arnoult. Sa façade néo-classique aux allures de temple grec présente un perron encadré de deux sphinx dans le style "retour d'Égypte". L'avant-corps saillant à bossage en tables percé d'une porte en plein cintre. Au tympan se trouve un groupe sculpté. Deux nymphes couronnent de laurier un buste d'Apollon. Un bas-relief représentant "le Triomphe de Bacchus" attribué à Clodion (1738-1814) orne le bandeau d'entablement.
L'Hôtel Gouthière, partiellement classé à l'inventaire des monuments historiques par arrêté du 26 octobre 1927, a trouvé aujourd'hui une nouvelle vocation artistique. La protection concerne les éléments datés du Premier Empire, façade sur cour, décor de l'antichambre et du salon au rez-de-chaussée, décor du petit-salon au premier étage.
Sous le règne de Louis XV, Pierre Gouthière (1732-1813), orfèvre bronzier, inventeur de la dorure mat, tient boutique à l'enseigne de la Boule d'or, quai Pelletier. Spécialiste des objets en bronze, appliques, vases, il marque par son talent la création ornementale du dernier tiers du XVIIIe siècle. Son protecteur, le duc d'Aumont (1709-1782) qui gère l'administration des Menus et Plaisirs du roi, l'introduit auprès de la cour et notamment Madame du Barry, (1743-1793) favorite de Louis XV (1710-1774). Pierre Gouthière devient officiellement fournisseur de la cour. Il réalise une boîte à bijoux offerte à Marie-Antoinette lors de son mariage avec Louis XVI et de nombreux des chefs-d’œuvre pour les plus fameux collectionneurs d'objets d'art, le comte d'Artois, la duchesse de Mazarin, le financier Baudard de Saint-James.
En 1772, Pierre Gouthière se porte acquéreur d'un domaine qui s'étend alors jusqu'à la rue du Faubourg Saint Martin. Il confie l'édification d'un hôtel particulier à l'architecte François-Victor Perrard de Montreuil (vers 1742-1821). Joseph Métivier, spécialiste des lambris ouvragés, rencontré par Gouthière lors de la réalisation de décors, signe de beaux panneaux sculptés. Au premier étage, de remarquables cheminées ciselées, espagnolettes en bronze dorées, ont probablement été exécutées par Gouthière lui-même. À la mort de Louis XV en 1774, Madame du Barry se retrouve dans l'incapacité de régler ses dettes. Pierre Gouthière connait ses premières difficultés financières. En 1783, ruiné, il abandonne sa résidence inachevée aux créanciers.
L'Hôtel Gouthière est racheté en 1788 par Nicolas Hercule Arnoult, notaire au Parlement de Paris. Il achève le chantier, mène de nouveaux travaux d'embellissement, finalise le décor intérieur, peintures murales du grand salon, marqueterie de l’antichambre, bibliothèques à colonnes. Ces éléments remarquables datés après 1788 ont été conservés. Gypseries raffinées, bas-reliefs en stuc sculpté, candélabres néo-pompéiens complètent l'ensemble ornemental. La salle Directoire. Nicolas Arnoult meurt en 1821 et lègue l'hôtel à sa fille Adélaïde Louise Rose, épouse Petit.
Au XIXème siècle, une expropriation partielle fait disparaître dépendances et jardin à l'occasion de la construction de la Mairie du Xème arrondissement entre 1892 et 1896. Une fabrique de passementeries investit l'Hôtel Gouthière au cours du XXème siècle. Les ateliers de confection sont construits dans l'arrière-cour.
En 1967, la Mairie lance une demande d'expropriation afin d'y établir le Conservatoire municipal du Xème arrondissement, institution fondée en 1950 par André Allard, maire d'arrondissement de 1946 à 1967. Le Conservatoire Hector Berlioz est inauguré en 1981, institution à la réputation d'excellence, où étudient de nos jours 1200 élèves.
Hôtel Gouthière Conservatoire Hector Berlioz
6 rue Pierre Bullet - Paris 10
Métro Jacques Bonsergent ligne 5, Château d'eau ligne 4
Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.
Bibliographie
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Paris secret et insolite - Rodolphe Trouilleux - Parigramme
Le guide du promeneur 10ème arrondissement - Ariane Duclert - Parigramme
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