Paris : Cariatides au 48 rue des Petites Écuries, mémoire du Paris industriel, souvenir de la manufacture Ch. Prevet et des Laboratoires du Goménol - Xème

 


La façade du 48 rue des Petites Écuries présente de remarquables bustes de fonte, une cariatide et un atlante, en gaine de pierre achevée sur socle de bronze. De part et d'autre du porche, Déméter déesse de la fertilité et des moissons, symbole d'abondance, Hermès dieu du Commerce, symbole de prospérité, annoncent la prospérité de l'entreprise nichée au coeur de cet immeuble. La signature de l'artiste Antoine Durenne (1822-1895), l'un des fondateurs de l'École nationale des arts décoratifs, vient souligner l'importance de cette société en mesure de faire appel à un prestigieux sculpteur et fondeur d'art. Depuis 1857, Durenne, propriétaire de la fonderie de Sommevoire en Haute Marne, collabore avec de nombreux artistes et architectes, Emmanuel Frémiet, Mathurin Moreau, Auguste Bartholdi, et Hector Guimard pour la façade du Castel Béranger. Associé au maître de forges Ernest Bradfer à Bar-le-Duc en 1876, Antoine Durenne, par sa maîtrise technique et esthétique, occupe une place prépondérante dans la fonderie d'art de la fin du XIXème siècle.

Au 48 rue des Petites Écuries, le bandeau au premier étage, quasiment illisible, " Ch. Prevet et Cie" apporte une explication à la présence d'oeuvres d'une telle qualité. L'ensemble de bâtiments, immeuble de rapport sur rue et hôtel particulier sur cour, était le siège d'un groupe industriel, fondé au cours de la seconde moitié du XIXème par la famille Prevet. 







Industriels dans le domaine de l'alimentation, Jules et Charles Prevet dirigent la Compagnie Française d’alimentation, spécialiste des conserves de légumes et de viandes. Le siège du groupe se trouve dans un hôtel particulier de style Louis XVI au 48 rue des Petites Écuries. En 1887, Jules et Charles Prevet implantent une conserverie en Nouvelle-Calédonie, conquise récemment, sur le territoire de Gomen. Jules Prevet se rend sur place et découvre les vertus de l'essence purifiée de la Niaouli, largement utilisée comme antiseptique par les populations locales. De retour en France, il dépose, en 1893, le brevet de l'huile goménolée. 

En 1927, François Prevet (1901-1974), son fils, prend la succession comme pharmacien responsable du Laboratoire du Goménol, rue des Petites Écuries. Les spécialités pharmaceutiques de l'entreprise rencontrent un grand succès. Il devient nécessaire d'agrandir les structures de production. Une nouvelle manufacture pharmaceutique est édifiée dans les jardins de l'hôtel particulier du 48 rue des Petites Écuries tandis que le bâtiment lui-même fait l'objet d'une réhabilitation d'envergure. 

Durant la Seconde Guerre Mondiale, brancardier, François Prevet rencontre Jean Reusse, également pharmacien. L'homme devient au lendemain du conflit, son bras droit et directeur de la manufacture. Tandis que François Prevet s'investit à la tête de la Chambre Syndicale Nationale de Fabricants de Produits Pharmaceutiques, Jean Reusse dirige le site de production, le Laboratoire du Goménol. François Prevet décède en 1974. Jean Reusse lui succède jusqu'en 1997, date à laquelle sa veuve reprend le flambeau sous un statut de Société Anonyme. 






De nos jours, les spécialités des Laboratoires du Goménol sont toujours prisées des sportifs. Néanmoins, le 48 rue des Petites Écuries a été réaffecté à de nouvelles fonctions. En 2019, l'ancien hôtel particulier entièrement réaménagé par l'agence Arnold spécialisée en architecture d'intérieur devient espace de co-working.

Cariatides 
48 rue des Petites Écuries - Paris 10
Métro Poissonnière ligne 7, Bonne Nouvelle lignes 8, 9



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie