Paris : Porte Saint Denis, ouvrage à la gloire de Louis XIV, ancienne entrée emblématique de la ville - Xème

 

La Porte Saint Denis, édifiée en 1672, sur les plans de l'architecte François Blondel (1618-1686), s'inspire de l'arc de Titus à Rome. Premier arc de triomphe parisien destiné à durer, sa conception ainsi que ses décors font directement référence à la Rome antique. Louis XIV, roi Soleil, monarque absolu, revendique l'héritage des empereurs romains conquérants. Rive droite, du boulevard de Bonne Nouvelle jusqu'à la Bastille, la portion de l'enceinte Charles V, construite ente 1356 et 1383, persiste jusqu'en 1633 tandis que l'enceinte Louis XIII, dite des Fossés jaunes, voit le jour sous le règne du souverain éponyme (1610-1643), de la place de la Madeleine au boulevard Poissonnière. La démolition de cette muraille défensive composite est planifiée au cours des années 1640. Abattre les remparts permet d'agrandir la ville. Les terrains libérés tracent un arc de cercle libre de toute construction propice à la percée de nouvelles voies, les Grands Boulevards. Des portes monumentales à la gloire du roi doivent ponctuer "le Nouveau Cours". La Porte Saint Denis est le premier arc de triomphe construit au niveau d'une entrée emblématique de la ville, traditionnel accès royal depuis la route qui mène à la Basilique Saint Denis, nécropole des rois de France. La reine Victoria, en visite à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1855, est le dernier souverain à avoir emprunté ce chemin pour entrer dans Paris.

La Porte Saint Denis devient le modèle des différentes entrées de la ville de Paris qui, à cette époque, perdent leur fonction défensive au profit d'une vocation fiscale, péages pour les marchandises. Établie à proximité des entrées fortifiées successives, ouvertes à travers la muraille défensive qui enserre Paris et évolue au gré de l'urbanisation, la Porte Saint Denis se trouve à cinquante mètres au nord de la dernière poterne médiévale disparue. La Porte Saint Denis est classée au titre des monuments historiques par liste de 1862. 








L'architecte François Blondel inscrit l'arche de la Porte Saint Denis dans un carré parfait. La rigueur des proportions, calculées sur des multiples de trois et quatre, s'inspire des conceptions esthétiques antiques. Les dimensions de l'ouvrage, 24,65 mètres de large, 25 mètres de haut, 5 mètres d'épaisseur affirment sa monumentalité. Trois parties égales divisent la façade. Lors de la construction, le Prévot de Paris, Armand du Cambout (1635-1702) exige l'aménagement de passages à la base de l'arc afin de faciliter la circulation des piétons. A la fin des années 1980, début des 1990, à l'occasion de la restauration de la Porte Saint Denis et du réaménagement de la place, la circulation des voitures sous l'arc est définitivement interrompue.

Sur l'architrave de l'attique, des inscriptions en latin composées par François Blondel, dédicacent le monument à Louis le Grand, Ludovico Magno. Le programme décoratif prend exemple sur les monuments triomphaux romains, pyramides et obélisques sur des piédestaux, à l'instar de la colonne de Trajan. Le décor sculpté par Michel Anguier (1612-1686) célèbre la victoire du Royaume de France lors de la guerre de Hollande (1672-1678). Lors de ce conflit européen, la France et ses alliés, l'Angleterre, le Münster, Liège, la Bavière, la Suède s'opposent à la Quadruple alliance, les Provinces unies - les sept provinces des Pays-Bas - le Saint Empire romain germanique, le Brandebourg et l'Espagne. 









Malgré des défaites maritimes compensées par les victoires de l'infanterie, la Porte Saint Denis affiche des trophées de mer et de terre. Les bas-reliefs allégoriques des massifs latéraux, représentent la Hollande vaincue sous les traits d'une femme, et un Dieu-fleuve pour évoquer les cours d'eau traversés lors de l'avancée des troupes, le Rhin, la Meuse, le Waal, l'Isèle, l'Elbe. Les bas-reliefs rappellent les grandes étapes de la victoire. Côté Sud ou ville, le Passage du Rhin à Tolhuis, le 12 juin 1672, par l'armée de Louis XIV. Côté Nord ou faubourg, la Prise de Maastricht en juin 1673. Aux écoinçons de l'arc, une renommée souffle dans une trompe, une victoire couronne un lion de lauriers.

Porte Saint Denis
Croisement rue du Faubourg-Saint-Denis, boulevard de Bonne-Nouvelle et boulevard Saint-Denis - Paris 10
Métro Strasbourg-Saint-Denis lignes 4, 8, 9



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 


Bibliographie
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages 
Le guide du promeneur 10ème arrondissement - Ariane Duclert - Parigramme
Le guide du patrimoine Paris - sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette