Paris : 14 rue Vaneau, Hôtel Genaille, une maison néo-renaissance, manifeste troubadour de l'architecte Pierre-Charles Dussillion - VIIème

 


L'Hôtel Genaille au 14 rue Vaneau, aux confins du Faubourg Saint Germain, se démarque par son style néo-renaissance joyeusement décalé. La maison est édifiée en 1835 sur les plans de l'architecte Pierre-Charles Dussillion (1804-1878) pour Jean Pierre François Genaille ou son fils Louis Genaille. Cette famille de maîtres maçons s'est enrichie grâce aux nombreux contrats conclus avec l'administration royale sous la Monarchie de Juillet (1830-1848). Le siège de leur entreprise se trouvait au 102 rue de Grenelle. La structure symétrique de l'édifice du 14 rue Vaneau emprunte à l'esthétique classique. La composition géométrique, marquée par un panneautage systématique, trouve sa fantaisie dans les incrustations de marbre de Sienne qui introduisent la polychromie et un programme décoratif pléthorique. Dominique Molknecht (1793-1876) sculpteur français d'origine autrichienne, auteur de statues pour l'église de la Madeleine, l'Hôtel du Ministre des Affaires étrangères (le Quai d'Orsay), l'Hôtel des Invalides, signe un décor foisonnant aux détails piquants. 










Pierre-Charles Dussillion et Dominique Molknecht multiplient les références esthétiques au XVIème siècle. Le profil Philibert Delorme (1514-1570) architecte d'Henri II et de Catherine de Médicis, château d'Anet, de Meudon, Palais des Tuileries, apparaît dans un médaillon, apparait en clin d'oeil dans un médaillon réalisé et adapté d'après le moulage d'un portrait de Jean Bullant (1515-1578).

L'hôtel particulier du 14 rue Vaneau suscite intérêt, curiosité et commentaires dès son achèvement. Il figure alors dans les guides touristiques. Au rez-de-chaussée, le chiffre 8 gravé dans la pierre au-dessus de la porte en bois à double vantail s'explique par une évolution de la numérotation en 1850. A cette date, le numéro 8 devient le 14.

Des pilastres doriques flanquent les quatre baies cintrées baies, ponctués d'éléments cynégétiques, évocation de la chasse, têtes d'animaux posées sur des médaillons de marbre de couleur, chien, sanglier, ours, cervidé, loup. Des bustes de personnages d'inspiration troubadour ornent l'arc en plein cintre des fenêtres.









Cinq baies rectangulaires scandent l'étage noble, ici le premier. Les pilastres sont décorés de nymphes, putti joufflus, dauphins ouvragés, masques grimaçants, guirlandes de fruits et de fleurs. Un fronton triangulaire au centre duquel se trouve le médaillon représentant Philibert Delorme couronne la fenêtre centrale.

Une frise frappée d'un aphorisme en latin, inspiré de Vitruve, court le long de la façade et proclame : "Bona aedificatio tres habet conditiones commoditatem, firmitatem et delectationem / Une bonne architecture requiert trois conditions, la commodité, la solidité et l’agrément." À la base de la toiture sous le rang de lucarnes, six têtes renaissance aux expressions variées rythment la corniche. Une crête de zinc coiffe les combles à couverture d'ardoise.

Hôtel Genaille
14 rue Vaneau - Paris 7



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie. 

Bibliographie
Le guide du patrimoine Paris - Sous la direction de Jean-Marie Pérouse de Montclos - Hachette
Le guide du promeneur du 7è arrondissement - Françoise Colin-Bertin - Parigramme
Saint-Germain des Prés et son faubourg, évolution d’un paysage urbain - Dominique Leborgne - Parigramme
Connaissance du Vieux Paris - Jacques Hillairet - Rivages