Ailleurs : Entasis Dance V, une oeuvre signée Eve Laroche-Joubert au Parc Simone Veil - Sète

 


Acquise par la ville de Sète en 2022, "Entasis Dance V", oeuvre de la plasticienne Eve Laroche-Joubert a trouvé place au coeur du parc Simone Veil. A l'ombre des arbres centenaires, la sculpture tout en courbes de résine blanche appelle à la caresse dans sa sensualité d'artefact biomorphique. Elle appartient à la série des totems, cycle à travers lequel Eve Laroche-Joubert entend "faire danser le corps et l'esprit". L'artiste explore la relation vitale entre le corps et la matière, nouant des relations entre l'objet sculpté et le mouvement dansé. Sa pratique se positionne à l'intersection des disciplines, sculpture, performance, danse, design, sciences, dans la lignée des artistes-ingénieurs. Les oeuvres expériences, expressions d'une symbiose entre intelligence du corps et vivacité de l'esprit, traduisent l'idée du mouvement ancré dans la matière ou bien pure abstraction, suggestion virtuelle.

Eve Laroche-Joubert déconstruit les hiérarchies entre corps et esprit pour embrasser pleinement la nature organique de ses recherches. Elle imagine des installations praticables qui interpellent les visiteurs, les invitent à participer telles que les séries "Bodyscapes", les bancs "Here", les totems "Entasis Dance" exposées au MRAC en 2021. L'oeuvre "Entasis Dance V" a été présentée dans ce cadre en corrélation avec une performance chorégraphique portée par Julia Laporte. Le costume blanc signé Catherine Sardi accentue le trouble de perception, modifie la capacité de discerner le corps de la danseuse et l'objet, fusionnés dans l'illusion artistique. Le corps en mouvement ne fait plus qu'un avec la plasticité de la sculpture, architecture vivante.








Née à Nancy en 1975, Eve Laroche-Joubert suit enfant une formation de danse classique et de musique au Conservatoire de Lorraine qui marquera durablement sa réflexion plastique. En 1996, à l'Ecole des métiers d'art Olivier de Serres à Paris, elle rejoint l'atelier métal de Serge Mouille, designer et dinandier, artisan d'art spécialiste. Aux Beaux-Arts de Paris dont elle sort diplômée en 2001, elle intègre rejoint l'atelier de l'artiste canadien Tony Brown. Au cours de son cursus, elle reçoit les bourses Colin-Lefranc et du San Francisco Art Institute ce qui lui permet d'étudier durant une année au sein de cette école dans le cadre d'un programme d'échange. 

Dans le département New Genres & Sculpture, elle initie un cycle lié au corps, à la notion de la proprioception qui désigne la perception, consciente ou non, de la position des différentes parties du corps. Son travail s'oriente vers les concepts de la prise de risque positif, l'équilibre des corps, le rapport à la gravité terrestre. Eve Laroche-Joubert livre des improvisations dans des lieux publics, rues, toits, durant lesquelles elle constitue des accumulations à partir d'objets usuels. Placée sur ces structures cinétiques, elle cherche l'équilibre par des effets de balancier, fusion du corps et de l'esprit. 

Installée à New York en 2001, elle travaille sous le nom d'Eve Bailey de 2005 à 2015. En janvier 2018, elle installe un atelier à Sète où elle explore de nouvelles ressources, de nouvelles rencontres inspirantes. Sa démarche plastique se nourrit d'une ouverture aux sciences, à la technologie. Elle collabore avec le laboratoire 3D de l'Université des sciences de Montpellier pour la création du cycle "Bodyscapes", grandes coquilles de résine, agrandissement d'éléments de l'anatomie humaine. 







Coordination des sens, spatialité, équilibre, Eve Laroche Joubert considère la conscience physique comme un vecteur de créativité. L'engagement du corps en mouvement, l'amplitude du geste plastique cherchent à impliquer le spectateur dans des compositions spatiales qui d'individuelles deviennent collectives. La palette de postures, d'actes associe des pensées pour les inscrire dans la matière. La nature du mouvement et donc la forme finale de l'oeuvre varie en fonction du rythme, de l'intensité. Expérience physique et mentale, intuitive et concrète, l'expérience menée par Eve Laroche-Joubert tend à ouvrir de nouveaux champs expérimentaux, à façonner des espaces poétiques.

Entasis Dance V - Eve Laroche Joubert 
7 Rue Député Salis - 34200 Sète



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.