Ailleurs : Phare du Mont Saint-Clair, "oeil mobile" de Sète selon le mot du poète Paul Valéry



Le Phare du Mont Saint Clair à Sète, "oeil mobile" selon le mot de Paul Valéry, est établi sur le flanc méridional de la colline, en surplomb du cimetière marin, à l'ouest de la citadelle Richelieu. Il signale l'entrée du port de l'Île singulière par un feu blanc, diffusé par une lampe halogène de 1000 watt, lancé toutes les cinq secondes. Aligné sur le phare du môle Saint Louis, afin de faciliter l'accès à l'étang de Thau, l'ouvrage se situe à 92,70 mètres au-dessus du niveau de la mer. La tour octogonale en maçonnerie de pierre, rythmée par des chaînes d'angle, s'élève à 23 mètres de haut depuis un soubassement en pierre de taille. L'encorbellement soutient une plateforme ouvragée, balustrade à dès ajourés. Le vitrage cylindrique à trois niveaux ceint une lanterne d'un diamètre de 4 mètres, surmontée d'une coupole à boule, en cuivre, décorée de feuilles d'acanthe et gueules de lion. L'optique avec lentille de Fresnel à quatre faces, haute de 2 mètres, développe une portée lumineuse de 29 milles (environ 53 km).

Propriété de l'État, Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie, Direction Interrégionale de la Mer Méditerranée, le phare du Mont Saint-Clair est inscrit à l'inventaire des Monuments historiques par arrêté du 12 octobre 2011. Malgré son accessibilité, du fait de sa fonction, il ne se visite pas, même durant les journées du patrimoine.








En 1832, deux réverbères implantés sur le Mont Saint Clair signalent le port de Sète en appoint du phare primitif du môle Saint-Louis. En 1838, deux fanaux viennent compléter le dispositif du fort Richelieu voisin. Le transport maritime s'accroît. La création d'un phare d'atterrissage d'envergure pour guider les navires vers le port et signaler le littoral lagunaire est envisagée. Deux décrets locaux successifs en 1853 et 1878 valident le nouvel équipement dans l'alignement du môle Saint-Louis et du feu de l'épi oriental du brise-lames, sans que le projet aboutisse.

A la fin du XIXème, deux phares, celui du môle Saint-Louis, reconstruit en 1855, et celui du Mont Saint-Loup à Agde, achevé en 1836, éclairent le secteur. Entre 1860 et 1905, la construction d'une dizaine de phares témoigne de l'évolution de la signalisation sur les côtes méditerranéennes. L'essor du port de Sète, le développement du commerce grâce à la transformation des chenaux de navigation, rendent nécessaire l'établissement d'un phare plus puissant, susceptible de remplacer celui du Mont Saint-Loup. L'entreprise en suspens est relancée en 1898. En août 1899, les édiles déterminent le Mont Saint Clair comme lieu d'implantation. La décision ministérielle du 3 janvier 1900 entérine le projet.

Le chantier débute en 1900 et s'achève en 1903 sous la direction de l'ingénieur ordinaire Abel Hermann, supervisé par Pierre Marie Elie Guiche, ingénieur en chef. L'entreprise Massol réalise les fondations mais à la suite du décès du patron, le chantier est attribué à Paul Troglia qui finalise le fût et les bâtiments annexes, logements des gardiens, salles techniques, garages, puits.








Le phare du Mont Saint-Clair est doté d'une optique de dimension importante, véritable prouesse technique, l'une des plus grandes réalisées jusqu'alors pour un phare à terre. La société Henry Lepaute conçoit à Paris la lentille de Fresnel à quatre panneaux en plan convexe, type de lentille à échelons inventé par Augustin Fresnel en 1822. Le fondateur de l'entreprise Augustin Henry Lepaute (1800-1885), horloger et ingénieur-mécanicien spécialiste dans les phares et son associé Augustin Fresnel (1788-1827), directeur des Phares et balises sont à l'origine de nombreux brevets innovants. 

Destinée aux phares de signalisation marine, la lentille Fresnel moins lourde, moins volumineuse, plus efficace, remplace les traditionnels miroirs. Sa conception optimise la réflexion du flux lumineux et permet d'obtenir une courte distance focale pour un large diamètre. 

La lentille et son optique sont présentées lors de l'Exposition universelle de 1900. Elles prennent place à Sète en avril 1902. Le phare du Mont Saint Loup à Agde est éteint en février 1903. Le phare du Mont Saint-Clair entre officiellement en service le 23 avril 1903. Il se signale par un éclat blanc toutes les cinq secondes. La focale est établie à 18,90 mètres de hauteur. Le phare du môle Saint Louis est modifié en fonction de son nouveau binôme. 








Au phare du Mont Saint-Clair, un vitrage cylindrique sur trois niveaux enserre la structure métallique. La lanterne dans sa cage de verre abrite le dispositif d'éclairage. La première optique à quatre faces tourne sur un bain de mercure, animée par des moteurs à vapeur de pétrole. Le phare électrifié en 1938, deux moteurs électriques animent désormais l'optique tournante. 

En 2011, le phare du Mont Saint-Clair est inscrit à l'inventaire des Monuments historiques. En 2015, par mesure de sécurité, la cuve à mercure est remplacée par un système de roulement à billes. A partir de 20° C, le mercure se vaporise accroit le danger pour les gardiens. 

Phare du Mont Saint Clair 
197 Chemin du Phare - 34200 Sète



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.


Sources bibliographiques :