Ailleurs : Salle François Pompon au Musée des Beaux-Arts de Dijon, espace privilégié dédié au sculpteur bourguignon

 

Au Musée des Beaux-Arts de Dijon, la salle dédiée au sculpteur François Pompon (1855-1933) offre un vaste panorama de l’oeuvre et la pratique d’un artiste révélé sur le tard. Chantre du monde animalier, ses sculptures iconiques « l’Ours blanc » (1922), « le Pélican » (1924), « le Lièvre assis » (1927), « le Lapin courant » (1929), « le Grand Cerf » (1929) sont représentées dans des versions successives plâtre, marbre, pierre, bronze. Les prototypes interrogent la recherche plastique, donnent à voir la réflexion au sujet des proportions, permettent de mieux décrypter le choix du matériau mais aussi du socle, du piédestal.  Les modèles réduits du « Grand Ours Blanc » évoquent l’exemplaire à taille réelle qui se trouve dans le jardin Darcy de Dijon. Les maquettes éclairent la démarche artistique de François Pompon et la singulière modernité de son travail. L’ensemble présenté au Musée des Beaux-Arts de Dijon souligne les influences plastiques éclectiques, l’art celte avec « le Coq », « le Sanglier », l’art antique égyptien avec un « Canard en bas-relief », le japonisme de « la Perruche ». Poésie sereine, vision synthétique, François Pompon cherche à traduire les harmonies naturelles plutôt que l’exactitude naturaliste. La simplicité de la ligne, l’épure formelle, valorise les volumes et gomme les détails au profit de surfaces lisses. Ces variations autour de la courbe, souplesse vivante, ondulation ployante, évoquent puissamment le mouvement. François Pompon apparaît comme le chaînon évolutif entre les préceptes esthétiques du XIXème siècle de Rodin et l’abstraction figurative des avant-gardes à l’instar de Brancusi. Sa pratique ouvre la voie de la modernité.










François Pompon naît le 9 mai 1855, à Saulieu, dans une famille d’origine modeste. Il entre très tôt en apprentissage dans l’atelier de son père menuisier-ébéniste. Dès 1870, il travaille comme tailleur de pierre chez un marbrier funéraire et suit en parallèle les cours aux Beaux-Arts de Dijon. En 1875, il intègre, à Paris, l’Ecole des Arts Décoratifs. Le jeune homme est marqué par l’enseignement suivi auprès de Pierre Louis Rouillard (1820-1881), sculpteur animalier, professeur de sculpture et d'anatomie comparée à l'École de dessin et de mathématiques de 1840 à 1881, après avoir été sculpteur pour le Muséum d'histoire naturelle. François Pompon expose pour la première fois au Salon des artistes français en 1879. Bustes, portraits de ses proches, sujets religieux, la figure humaine se place au centre de son travail personnel.

Reconnu pour ses qualités de praticien, il rejoitn l’atelier d’Antonin Mercié (1845-1916) vers 1880. De 1890 à 1895, il intègre celui d’Auguste Rodin (1840-1917). François Pompon devient rapidement chef d’atelier et oeuvre notamment aux petites figures de « la Porte de l’Enfer ». En 1896, il est embauché à l’atelier de René de Saint Marceaux (1845-1915) pour lequel il travaille comme praticien jusqu’en 1914. Durant cette période, il fait de nombreux séjours à Cuy-Saint-Fiacre en Normandie et s’inspire de plus en plus du monde animal. A partir de 1905, François Pompon se consacre à la représentation animalière. Il conçoit un établi portatif afin de pouvoir travailler la glaise sur le motif et capturer les attitudes sur le vif en pleine nature. Son bestiaire s’inspire tout d’abord des animaux domestiques, la basse-cour à la campagne puis les créatures de la forêt mais aussi de retour à Paris celles du bout du monde au Jardin des Plantes, la ménagerie, les hyènes, les orangs-outangs, les panthères. En 1906, il présente une « Poule Cayenne » très remarquée au Salon. 









Avec le soutien de Robert Rey (1888-1964) historien de l’art et critique et Antoine Bourdelle (1861-1929), il présente au Salon d'automne de 1922 le « Grand Ours Blanc » qui remporte un succès public retentissant. A soixante-sept ans, la soudaine renommée fait affluer des commandes privées et publiques. Pourtant il ne quitte pas son petit atelier de la rue Campagne-Première où il fréquente en voisin de nombreux pairs. Jusqu’en 1922, les œuvres de François Pompon sont éditées par la fonderie Hébrard. Il suit son ancien chef d'atelier Claude Valsuani repend la fonderie familiale au 74 rue des Plantes à Paris. Notamment le « Grand Taureau », l’une des dernières commandes de la Ville de Paris. François Pompon meurt le 6 mai 1933, à la suite d’une opération chirurgicale, veuf, sans enfant. Il repose au cimetière de Saulieu. Un Condor de bronze veille sur sa tombe.

Sans postérité, son fonds d’atelier, composé de près de trois-cents œuvres, est légué à l’Etat. Elles sont réparties tout d’abord entre le Muséum d’histoire naturelle de Paris, le Musée d’Orsay qui conserve cent-trente-et-une pièces parmi lesquelles l’original en plâtre de l’Ours Blanc. A Saulieu, sa ville natale, le musée François-Pompon est inauguré le 22 juillet 1934. L’institution reçoit en dépôt un certain nombre de sculptures afin de faire vivre l’héritage de l’artiste. 







Dès 1936, le peintre René Demeurisse (1895-1961), exécuteur testamentaire de François Pompon, se pose en faveur d’un maintien des œuvres de l’atelier de la rue Campagne Première à Paris. Malgré la divergence de vue, en 1948, le chanoine Kir, alors maire de Dijon obtient le transfert du fonds au Musée des Beaux-Arts de Dijon où la salle consacrée célèbre l’oeuvre de François Pompon. 

Salle François Pompon

Musée des Beaux-Arts de Dijon
Palais des ducs et des États de Bourgogne 
1 rue Rameau - 21033 Dijon Cedex
Tél : 03 80 74 52 09
Horaires : Ouvert tous les jours sauf le mardi - Du 1er octobre au 31 mai, de 9h30 à 18h -
Du 1er juin au 30 septembre, de 10h à 18h30 - Fermé les mardis, ainsi que les 1er janvier, 1er mai et 8 mai, 14 juillet, 1er et 11 novembre, 25 décembre



Caroline Hauer, journaliste depuis le début des années 2000, a vécu à Londres, Berlin et Rome. De retour à Paris, son port d’attache, sa ville de prédilection, elle crée en 2011 un site culturel, prémices d’une nouvelle expérience en ligne. Cette première aventure s'achève en 2015. Elle fonde en 2016 le magazine Paris la douce, webzine dédié à la culture. Directrice de la publication, rédactrice en chef et ponctuellement photographe de la revue, elle signe des articles au sujet de l’art, du patrimoine, de la littérature, du théâtre, de la gastronomie.